Je veux avec ce fil attirer votre attention sur un fait de la seconde guerre mondiale, dans le cadre de la Propagande et de l'action allemande en France selon les instructions diverses de Hitler : la création de centres de formation de prisonniers de guerre maghrébins.
Pour vous reconstituer le contexte je vous mets ce que dit pour présenter la chose, Rita Thalmann dans son ouvrage,
La mise au pas, Fayard, Pour une lecture du XXe siècle, p. 231 (je cite en détachant les idées) :
Rita Thalmann, idem, p.231 a écrit :
Dès mars 1941, le général Weygand, délégué général du gouvernement en Afrique française, avait, dans une missive confidentielle, attiré l'attention du chef de l'État sur la recrudescence des activités allemandes de propagande et de renseignements en AFN en les qualifiant de «danger mortel» à «combattre par tous les moyens». De cette lettre ainsi que des rapports du 2e bureau et de documents annexes, il ressort que ces activités se développent à trois niveaux :
en direction
des colons qu'intéresse la perspective de relations économiques avec le Reich ;
en direction
des formations politiques : les sections du PPF sont chargées de la recherche de renseignements militaires et d'informations sur l'état d'esprit des populations tandis que le PCF clandestin est encouragé à l'action subversive contre l'administration coloniale ;
en direction aussi
des milieux nationalistes arabes appelés à se joindre à l'Allemagne et à «faire payer à la France tout le mal qu'elle vous a fait en un siècle de colonisation et de tyrannie».
L'«action islamique allemande» ne s'arrête pas là.
Outre le recrutement d'agents français et indigènes sur place et à Paris où certains restaurants et bars nord-africains leur servent de relais,
les services allemands ouvrent à Berlin et à Munich des centres de formation de prisonniers de guerre maghrébins envoyés ensuite comme « évadés » ou «rapatriés» travailler pour eux avec un salaire mensuel de 10 000 à 30 000 francs en France ou dans leur pays d'origine. Des centres de sélection de ces prisonniers sont installés à Dijon et Orléans. Pour opérer un tri préalable, on a nommé à la direction de huit camps de prisonniers indigènes de zone occupée des officiers allemands arabophones dont le 2e bureau fournit la liste. En prévision de leur utilisation sur les théâtres d'opération outre-mer, Berlin a également créé une École de police coloniale destinée aux prisonniers de guerre originaires d'Afrique noire.
Certes ce recrutement n'a rien de surprenant en temps de guerre, mais cela m'a paru assez peu banal pour vous le partager, et surtout la création de camps de formation en zone occupée...
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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.