*** merci PaulRyckier!
Niveau "mémoire" pour cette période, il ne m'en revient que des bribes, vu le contexte familial qui estimait que nous (enfants) n'en étions pas concernées.
Grand-mère "Aix la Chapelle" n'a pas été très bien accueillie dans la famille de son mari luxembourgeois, aîné d'une famille nombreuse (7 enfants en 2 mariages) (: restes de 14-18 où tout allemand(e) était "sale boche envahisseur". Cela a créé quelques tensions familiales.
Lors de l’arrestation du Grand-père résistant, Grand-mère s'est cassé la cheville, a été hospitalisée chez des soeurs qui l'ont cachées. Grand-mère en a gardé des séquelles à cette cheville, du reste. Elles ont été "planquées" dans une maison très modeste à la frontière belgo-luxembourgeoise. Ma tante travaillait chez des fermiers qui étaient assez peu "sympas" (souvenirs de ma tante) et qui l'ont exploitées. En échange, son "salaire" consistait en fruits/légumes/ouefs, etc. denrées précieuses en ces temps.
Elle a échappé de peu à la mort: un jour, elle est partie après son boulot et derrière ses pas, la ferme a été bombardée (ou un avion s'est écrasé dessus), pulvérisant bâtiments et occupants.
Il faut reconnaître que la "planque" dans une bicoque d'une dame avec jeunes filles issues de la grosse bourgeoisie était une idée géniale, mais elles ont très mal vécu cet épisode.
Un des frères du grand-père venait régulièrement les aider (en prenant pas mal de risques): oncle Gusty? (pas certaine). Les autres de cette fratrie: Joséphine avant fuit (comme beaucoup au début de la guerre) avec mari et enfants (en France?), Emile (+ femme et 3 filles): dans la région de Gand. Les 2 plus jeunes 1/2 frères: trop jeunes et aux études en Allemagne (je n'en sais pas plus non plus).
Il semblerait que l'arrière-grand-père luxembourgeois "n'aurait rien fait" pour aider Grand-mère et ses filles (?).
Début de la guerre: étant donné son patronyme, Grand-mère a été obligée, par les nazis, à faire la preuve, par recherche généalogique, qu'elle n'était pas issue d'une famille à l'origine juive (remonter 4 ou 5 générations?). J'ignore où sont passés ces papiers actuellement. Il existe un arbre généalogique de la famille "mélangée", mais je n'y ai pas droit.
A relever: Grand-mère et ses filles étaient à la fois TRES fière d'être famille de résistant, les filles d'être "pupilles de la nation" (et de devoir aller à Luxembourg chaque année, pendant combien de temps, je sais pas, participer aux cérémonies au fameux cimetière aux 12 croix blanches: j'ignore totalement si ce type de cérémonie existe encore et qui, des descendants des résistants y est convié).
En même temps, elles en voulaient à cet homme d'avoir préféré faire de la résistance, donc de les mettre en danger en ne protégeant pas sa famille...
Cantons rédimés: Une partie de la famille de Grand-mère serait dans ces fameux cantons rédimés. Qui? Comment? Quid pendant la guerre? mystère et boule de gomme.
Avant guerre, les meilleures amies de Grand-mère était des juives, vivant en Poméranie. Avec la guerre, elle n'en a plus eu de nouvelles. Je ne connais pas leur nom (toujours chasse-gardée des aînés de la famille): très possible que ces dames se soient retrouvées en camp de concentration. Cela nous vaut d'avoir une "culture juive" (pâtisseries, certaines recettes, manger années 50/60 du pain azyme ce que ne connaissaient pas mes camarades de classe)
Autre détail: fenêtres soigneusement fermées, Grand-mère (issue méga grosse bourgeoisie) nous passaient des disques, pour l'époque et le contexte, assez révolutionnaires..."chant du partisan" (logique) mais aussi... "le temps des cerises" de la commune de Paris!
Grand-père résistant avait déposé un ensemble de brevets destinés à améliorer l'exploitation et la sécurité des mines de charbon: à son décès, les anglais ne se sont pas privé d'exploiter ses idées (et de se faire des sous avec), sans en verser un kopeck à ma grand-mère.