Bonsoir,
Roy-Henry à propos de l'armistice:
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A quoi rimait cette comédie ? Pétain était-il en contact avec Hitler via Laval
Comme déjà mentionné, Laval, bouc émissaire commode, ne faisait pas partie du premier gouvernement de Pétain.
Mais procédons par ordre chronologique (de manière brève tout de même):
+ 16 juin au soir :
Pétain et son gouvernement estiment qu'il n'y a plus d'autre issue que de demander à l'Allemagne ses conditions d'armistice. Peu avant minuit, après tergiversations sur le choix du médiateur (Suisse, Vatican...) le Conseil approuve, sur l'insistance de Pétain, le choix de l'Espagne comme médiateur.
+ 17 juin, 1heure du matin :
- Pétain fait appeler de Lequerica, ambassadeur d'Espagne qui réside au Consulat d'Espagne à Bordeaux.
- L'ambassadeur se rend aussitôt au siège du gouvernement où il est reçu par Paul Baudouin (ministre des Affaires étrangères). Ce dernier remet à l'ambassadeur une note par laquelle le gouvernement espagnol est prié d'intervenir auprès du gouvernement allemand pour lui demander la cessation des hostilités et les conditions de paix.
- de Lequerica transmet aussitôt le message à Serrano Suner, ministre des Affaires étrangères à Madrid.
- le message est transmis à Berlin (Wilhelmstrasse) qui en accuse réception à 3 heures du matin.
- Il est transmis, par fil spécial, à Hitler qui en prend connaissance à son Quartier Général de Brûly-de-Pèche, au petit matin.
Avant d'y donner suite, Hitler décide d'en conférer préalablement avec Mussolini.
Roy-Henry à propos de la calamiteuse allocution de Pétain :
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Ceci étant, on a du mal à comprendre comment un maréchal de France a pu déclarer à la radio: "c'est le coeur serré que je vous dis qu'il faut cesser le combat !"
Nouvelle chronologie, toujours le 17 juin :
- Le Conseil des Ministres, réunis à la Préfecture de Bordeaux depuis 10 heures, discutaille toujours à propos de l'armistice (exemple : dans la confusion, on a oublié d'adresser une demande d'armistice à l'Italie)
- La séance est levée à 11 h. 45. Pétain se retire alors dans un bureau de la Préfecture, pour rédiger son appel. Il le rédige sans l'aide de quiconque.
- Vers 12 h.15, les techniciens de la radio installent les microphones.
- A 12h. 30 , Pétain lit le message dont la phrase ... "c'est le coeur serré que je vous dis qu'
il faut cesser le combat ! "... qui sème la consternation. Interprétée comme un cessez-le-feu, de nombreuses unités déposent les armes.
- Dans l'après-midi, sur la suggestion de Paul Baudouin, la phrase fut rectifiée de la manière suivante :
" C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'
il faut tenter de cesser le combat."
Ce dernier texte, tout aussi maladroit, sera publié dans les journaux du soir. Trop tard ! Le mal est fait !
Enfin, pour qu'aucune équivoque ne puisse subsister, Paul Baudouin, prononce, à 21h.20, l'allocution suivante à la radio :
Le gouvernement français a décidé de demander ses conditions à l'Allemagne. Il va sans dire qu'elle n'acceptera aucune condition contraire à son honneur ou à sa dignité. La France ne saurait consentir à des clauses qui signifieraient la fin de toute liberté spirituelle pour son peuple...
Nos troupes épuisées n'ont pas pu remplacer les chars, les canons, les avions qui nous manquaient. Nous n'étions que 40 millions contre 80, sans la menace de l'invasion italienne.
Sans doute, dans le monde entier où le nom de la France et de la civilisation qu'elle incarne évoquent un écho dans les coeurs, d'innombrables sympathies se sont levées. Sans doute, nous avons reçu l'aide de nos alliés, de la Grande-Bretagne dont la flotte unie à la nôtre n'a jamais perdu la maîtrise des mers, dont les troupes et la magnifique aviation ont partagé nos combats, de la Pologne, de la Norvège, de la Hollande, de la Belgique. Mais, insuffisamment préparés à l'épreuve terrible de la guerre moderne qui ne s'improvise pas et pour laquelle notre ennemi n'avait cessé d'accroître sa puissance, nos alliés et nos amis n'ont pas pu apporter en temps utile le concours nécessaire à l'avant-garde que constituait l'armée française.
Voilà pourquoi le gouvernement présidé par le Maréchal Pétain a dû demander à l'ennemi quelles seraient ses conditions de paix. Mais il n'a pas pour autant abandonné la lutte, ni déposé les armes. Comme l'a dit ce matin le Maréchal Pétain, le pays est prêt à rechercher dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Il n'est pas prêt, et ne sera jamais prêt à accepter des conditions déshonorantes, à abandonner la liberté spirituelle de notre peuple, à trahir l'âme de la France.
Si les Français peuvent sauver ces valeurs spirituelles auxquelles ils sont plus attachés qu'à la vie, ils consentiront, pour cela, tous les renoncements individuels. Mais s'ils sont contraints de choisir entre l'existence et l'honneur, leur choix est fait et, par leur sacrifice total, c'est l'âme de la France et tout ce qu'elle représente pour le monde, qu'ils auront sauvé.
Bref, la dictature à Pétain démarrait sous les meilleurs auspices (hospices conviendraient également).
Cordialement,
Francis Deleu