Iturraspe a écrit :
Citer :
il devait forcément tomber juste au moins une fois. (Bien sûr qu'il ne renforce pas cette zone : entretemps il a changé d'avis.)
J'aimerais savoir à quel moment il a changé d'avis.
Votre question, ainsi posée, présuppose que Hitler avait désigné la Normandie et se tenait à cette hypothèse. Hors ce n'est pas cela qui s'est passé.
En moyenne, Hitler avait tendance à se focaliser sur le Pas de Calais, comme tout le monde, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir des inspirations subites sur d'autres options. Et dans le lot, effectivement, il lui est arrivé de désigner la Normandie. (Ce qui ne signifiait pas forcément le Cotentin, ou uniquement le Cotentin, mais il faudrait avoir le détail de sa prophétie. Un point essentiel à prendre en compte, c'est que dans l'esprit des Allemands les Alliés doivent prendre un port, sinon le premier jour, au moins rapidement.)
J'ignore à quel moment il s'est fixé sur le Pas de Calais pour n'en plus bouger. Mais il est certain que cela s'est produit assez tôt pour qu'il s'imprègne de l'idée et de ses conséquences. Toute ses décisions après le 6 juin comprennent l'idée que "c'est une diversion, leur véritable objectif est le Pas de Calais".
(A noter que c'était aussi l'opinion de Rundstedt, qui lui n'a jamais varié, et de Rommel tout aussi bien. Il y a chez les Allemands une de ces focalisations intellectuelles comme on en a vu plusieurs dans cette guerre : par exemple, en 40, la quasi-totalité des décideurs français qui écartent les Ardennes comme techniquement impossibles, en 41 les Américains qui écartent un raid sur Pearl Harbor parce que "trop éloigné", et je pourrais en citer d'autres. A noter que dans ces deux cas il y a eu de bons professionnels pour tirer le signal d'alarme, mais à ma connaissance il n'y en a pas eu chez les Allemands à propos du débarquement. - Là-dessus je peux me tromper, il serait tout de même étonnant que dans les officiers de l'OKW aucun n'y ait songé - ça fait partie du métier - mais je n'ai pas d'info en ce sens.)
Le dernier mot est ce qu'a écrit Eisenhower à propos de l'efficacité de Fortitude : "L'ennemi fut complètement trompé. La 15ème armée, qui sans doute nous aurait battus par le simple jeu de ses effectifs, resta stationnée face au Pas de Calais au delà du mois de juillet." - citation de mémoire, mais l'idée est claire.
Vous êtes admirables, Milton et vous : vous affirmez mordicus que Hitler n'a jamais songé à autre chose que la Normandie, alors que tout son comportement après le 6 juin prouve le contraire ! Je me demande d'ailleurs où vous avez trouvé ça ? (Je n'ai pas connaissance d'un historien dont ce serait la thèse ?)
A propos de Fortitude, on peut souligner que si les Allemands en sont réduits à déduire le lieu du débarquement au doigt mouillé, ou en se basant sur le raisonnement, c'est déjà que leurs services de renseignement sont déficients. (Et non seulement dans la recherche du renseignement, mais aussi dans le contre-espionnage, ce qui leur vaut de gober tout ce qu'on leur dicte, et la Normandie n'est pas une première : la plaisanterie avait commencé avec le débarquement en AFN en 42.)