Cuchlainn a écrit :
Est-ce qu'on a une idée de ce qui avait pu amener Hitler à penser à la Normandie ? Un raisonnement ? Une idée fixe avérée juste par le plus grand des hasards ? Car à ma connaissance, aucun espion allemand n'avait réussi à découvrir cette information, pas même le fameux Cicéron.
C'est une question intéressante, quoi que ardue faute de sources fiables.
Tout d'abord, la logique.
Un principe de base commandait que les alliés captureraient un port immédiatement après leur débarquement ou à court terme en tout cas.
Le second principe était qu'il fallait un espace suffisant aux Alliés, notamment pour permettre la construction d'aérodromes.
A cette fin, les presqu'îles comme le Cotentin et la Bretagne étaient jugées bonnes candidates, puisqu'elles cumulaient les deux objectifs.
Aussi, sur cette base, Hitler a-t-il préféré la Normandie, car en effet, la Bretagne présentait un inconvénient rédhibitoire pour le commandement allemand : la très grande distance des voies de communication avec l'Angleterre.
Et évidemment, le commandement de la Wehrmacht ne soupçonnaient pas l'existence des ports artificiels.
Mais pourquoi Hitler n'a-t-il pas cru à l'option Pas de Calais ?
Comme vous le signalez, le Débarquement de Normandie marque l'échec complet des services de l'amiral Canaris. Au point qu'on s'est demandé si le contre-espionnage allemand n'avait pas été totalement infiltré par les Alliés. L'hypothèse est aujourd'hui abandonnée. Mais l'échec d el'espionnage militaire allemand est patent.
La réponse est l'intuition.
Hitler prenait beaucoup de décisions en se basant simplement sur son intuition "géniale" d'homme infaillible qu'il prétendait être. Une part de sa personnalité reposait en effet sur une super confiance en lui et en ses jugements, lesquels l'amenaient parfois au succès, souvent à commettre des erreurs considérables d'appréciation.
Reste qu'en l'occurrence, Hitler prétendait avoir jaugé les principaux responsables alliés et décidé que par conséquent, ils cherchaient à faire croire que leur objectif visait le Pas de Calais, alors qu'en réalité ce serait la Normandie.
En spécialiste du bluff, il ne s'est pas trompé, contre l'avis de son état-major.
Et ainsi donc, les défenses normandes paraissent avoir été renforcées sous sa seule impulsion, contre l'avis de son état-major.
Mais heureusement pour les Alliés, Fortitude a parfaitement fonctionné notamment sur Rommel, qui en juillet 44 allait encore inspecter les positions de la XVe Armée en Baie de Somme en prévision du "vrai" débarquement de Patton dans le Pas de Calais !