Bonjour l'ouvrage de Dominique Lormier a eu le mérite de toucher à un mythe, celui d'un Rommel créé de toutes pièces et qui ne correspondait pas à la réalité. Un ouvrage plus complet est celui d'un jeune historien canadien Benoît Lemay, intitulé "Erwin Rommel" qui montre en particulier à la fin le rôle tenu dans l'Allemagne par cet homme. Les historiens ne s'appuient en fait que sur les témoignages de Manfred Rommel, le fils et de Spiedel. Nous savons les fonctions qu'ont occupées ces hommes dans l'Allemagne d'après-guerre. Il était bien en 45 d'apparaître comme un ennemi du nazisme ou le fils d'un adversaire d'Hitler. Le témoignage de Clostermann que nul ne peut accuser de complaisance vis à vis de la dictature hitlérienne s'appuie sur les dires du capitaine Lang qui était dans la voiture attaquée par les deux spritefire dont nous connaissons bien aujourd'hui les pilotes. Le texte de Clostermann dans son ouvrage "L'histoire vécue" est corroborée par le témoignage contemporain du Felfwebel Hulker installé à l'avant de la voiture à côté de l'Oberfeldwebel Karl Daniel, le chauffeur de Rommel. Cependant Clostermann lui-même, reprenant les souvenirs de Lang, omet quelques éléments et fait quelques erreurs : ainsi l'automobile de Rommel est une horch (et non une horsch), Hulker (et non Holker) était à genoux sur le siège avant afin de regarder vers l'arrière pour observer le ciel ; d'ailleurs Clostermann signale que c'est Hulker qui le premier a vu les avions attaquer par l'arrière ; s'il avait été assis, comment aurait-il pu voir ? Les secours sont longs à venir - toutes les sources concordent - Rommel et les deux autres blessés sont emmenés à Livarot, (Clostermann se mêle un peu dans les soins apportés au blessé) puis à Bernay où la Luftwaffe possède un hôpital et de là, Rommel, très vraisemblablement dans le coma est transporté à l'hôpital allemand du Vésinet mieux équipé. Du Vésinet un avion vient chercher le maréchal pour le ramener chez lui à Herrlingen où il meurt le 14 octobre, selon Clostermann sans être sorti du coma, et pour beaucoup d'autres après avoir été suicidé selon les affirmations de Manfred et Speidel. Curieux moyens de transport pour un maréchal convalescent si l'on se rappelle qu'Hitler interdit alors à ses généraux d'utiliser l'avion en raison du danger ! Le 5 juin Rommel rentre chez lui en voiture, en respectant les consignes, en juillet il serait autorisé à prendre l'avion ! Rommel après le mitraillage était dans un triste état et le Feldwebel Hulker, un Autrichien âgé, a déclaré très récemment qu'il avait été alors bien surpris quand il avait lu ensuite le récit "officiel" de la fin de Rommel ! Rommel a été utilisé également après la guerre comme héros tutélaire de la nouvelle armée allemande de la RFA, alors qu'en RDA l'armée populaire est allée chercher ses héros dans la Prusse de 1812, quand ce pays était sous la tutelle de Napoléon. Il est curieux de constater les réactions parfois violentes de personnes sincères lorsque l'on veut toucher au mythe Rommel ! Il est vrai que si la vérité s'approche de ce que je décris, toute une vision précisément mythique de cettte période s'écroule, l'armée allemande étant la force armée d'une dictature sanguinaire et barbare, les chefs de cette armée étant des soutiens sans faille de ce système terroriste. Après guerre, par nécessité politique et militaire, les occidentaux, lancés dans la Guerre Froide, se sont appuyés sur ces gens là, sans vergogne, alors que de pauvres filles amoureuses de l'occupant, étaient tondues, voire fusillées, pour collaboration horizontale. Soixante-dix ans plus tard, il ne faut pas avoir peur de dénoncer cela ! Les Allemands d'aujourd'hui ne sont pas responsables des horreurs commises alors ; la dénonciation de la Shoa, en fait récente, n'a pas alteré les sentiments d'amitié et de respect qui se sont développés entre nos deux peuples. Cela dit en Normandie, ni la Wehrmatch, ni les SS que commandait Rommel n'ont commis d'horreurs contre les civils par exemple comme cela s'est produit en URSS, mais après le départ de Rommel le 17 juillet 44, la même attitude continua. Une autre petite question pour finir concernant l'époque où Rommel commandait la VIIe Panzerdivison, la division fantôme : que sont devenues les troupes coloniales faites prisonnières ? Quand les Stalags furent libérés à la fin de la guerre, nul ne les a vus ! -Cordialement
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