grognard1 a écrit :
Ce que vous me dites sur les 2e et 116e est fort bien...Mais, ces pz étaient attribuées non à Rommel tout seul "Rommel, allez jouer, je vous donne troiss pz et f...moi la paix", mais attribuées à des armées ou groupes d'armées... Pas de réserve indépendantes; que les pz attribuées à l'armée qui défend le pas de calais soient;..dans le pas de calais, euh, ça devrait remettre en question quelque chose? Je ne vois pas quoi.
Je vous rappelle plusieurs points :
Rommel est nommé par Hitler commandant en chef opérationnel à l'Ouest.
Il est ainsi commandant du groupe d'armée B, sous Rundstedt.
Rommel a sous son commandement les VIIe et XVe armées.
Le 27 avril 1944, Hitler lui attribue trois Pz div, l'une est attachée à la VIIe armée, les deux autres à la XVe armée.
Expliquez moi pourquoi un commandant du GAB qui croit (selon votre historiographie de référence) que le Débarquement va avoir lieu entre le Havre et Cherbourg, pourquoi ne place-t-il pas deux Pz div en Normandie et une seule (au cas où) dans le Pas de Calais ?
Par ailleurs, pourquoi à partir du 6 juin, Rommel exige-t-il l'engagement des réserves de l'OKW (12e SS Pz et Pz Lehr), soumise à autorisation (donc négociations, pertes de temps énervements et j'en passe) alors qu'il a sous la main deux Pz Div qui ne dépendent que de lui et qu'il a l'autorisation d'engager à volonté de par la décision d'Hitler du 27 avril ?
Expliquez moi ce paradoxe : il serait persuadé que le débarquement a lieu en Normandie, il serait persuadé que ce n'est pas une opération de diversion, mais il conserve quand même ses réserves blindées dans le Pas de Calais !
Au point que le 8 juin, l'OKW ordonne le déplacement de la 2e Pz à Caen, et Rommel s'y oppose ! Il raccroche même au nez du CEM de l'OKW qui lui affirme qu'il n'y aura pas de second débarquement dans le Pas de Calais.
Et c'est Rundstedt qui doit ordonner le déplacement de cette Pz Div déclenchant la fureur de Rommel. Son engagement à pleine puissance n'a lieu que vers le 20 juin 1944.
Quant à la 116e Pz, elle n'est engagée qu'à la fin juillet 44, après l'accident de Rommel, engagement décidé par Kluge, son successeur.
Avouez que tout cela est assez contradictoire avec la légende d'un Rommel perspicace, qui avait deviné le lieu de du Débarquement, mais dont l'action n'a cessé d'être entravée par Rundstedt, l'OKW et Hitler himself.
Si Rommel avait été cet homme là, il aurait immédiatement engagé toutes ses forces disponibles contre la tête de pont en Normandie ! Cela me semble tout à fait évident.
grognard1 a écrit :
Par contre, que Rommel ait demandé que les pz (partout) soient au plus près des plages, parce que sinon, elles interviendraient de toute façon trop tard, c'est ça sa différence avec Schweppenburg.
De Gueyr, de Rundsted et de Guderian.
D'ailleurs après guerre, Rundstedt a eu des mots très durs pour Rommel et ses "gadgets" (les fortifications des plages) qui ont fait long feu.
grognard1 a écrit :
Et je rappelle ce qui est dans les Rommel' papaers, Rommel a demandé des renforts pour la normandie mais le positionnement au plus près des plages, c'est ça qui est intéressant, parce que cela est le résultat de son expérience de la guerre "mécanique" à l'américaine...
Pour le reste, je ne sais pas si Rommel voyait le débarquement en normandie, je crois que non en fait. Le positionnement de réserves au dernier moment est le fait de Hitler...sur une intuition géniale (comme Stalingrad, comme la prévision du schwerpunkt de l'attaque soviétique en Russie...dans l''uKraine...alors qu'elle a lieu au nord!)
Benoît Lemay raconte comment Rommel, après son accident, a laissé une réécriture des faits en contradiction avec ses propres actions sur le terrain. C'est pourquoi il faut relire toute cette historiographie avec un grand esprit critique, les papiers de Rommel, les témoignages de Speidel et de Ruge apparaissant désormais plus que suspects.
Je vous encourage donc bien à lire cet intéressant ouvrage qui a le mérite d'ouvrir un débat trop longtemps retardé.