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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 16:09 
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Bof, un procès commencé à 13 heures pour se terminer 6 heures plus tard par une condamnation à mort, il n'y a pas eu d'instruction, peu de témoins , bref, un procès bâclé comme celui de Laval.

J'ai trové ce livre en cherchant un peu. Si ça intéresse quelqu'un:

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 16:19 
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Jean Mabillon
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Bof, un procès commencé à 13 heures pour se terminer 6 heures plus tard par une condamnation à mort, il n'y a pas eu d'instruction, peu de témoins , bref, un procès bâclé comme celui de Laval.


Oui, faut-il pour autant ne pas chercher à approfondir?
Quand il s'agit d'examiner des faits historiques, on n'est jamais assez curieux, ni assez exigeant.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 16:51 
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Plutarque
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Tonnerre a écrit :
Sur le point soulevé plus haut, que Brasillach savait à propos de la shoah, position soutenue par Narduccio.
Kaplan, peu susceptible de chercher à blanchir RB, dit que, au moins au moment où les déportations ont lieu, il ne savait pas.i

Il semble incroyable que , Brasillach qui , par sa qualité , avait accés aux renseignements fournis par les services d'information de Vichy et par ses accointances allemandes , ignorait le sort tragique des juifs à l' Est , que relatait avec details les media alliés et neutres et ce , depuis septembre 41
http://www.deathcamps.org/reinhard/allies.html



Abetz ,interrogé par Laval , en septembre 42, sur ce qu' il convenait de repondre aux questions des diplomates etrangers sur le sort des deportés juifs , lui repondra laconiquement " Dites leur qu'ils ont été dirigés vers les territoires de l' Est pour y etablir des colonies agricoles " ... Laval et Vichy , tout au long de l'occupation ne chercheront jamais à en savoir plus
A la même époque , le pasteur Boegner , s'etant inquiété auprés de Laval , du sort des juifs déportés , aprés les rafles de juillet aout 42 , eut droit à la même reponse .....et comme le notera Boegner " Je lui parlais massacres , et il me repondait jardinage !"


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 16:54 
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Plutarque
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Jean-Marc Labat a écrit :
Bof, un procès commencé à 13 heures pour se terminer 6 heures plus tard par une condamnation à mort, il n'y a pas eu d'instruction, peu de témoins , bref, un procès bâclé comme celui de Laval.

J'ai trové ce livre en cherchant un peu. Si ça intéresse quelqu'un:

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Livre interessant , c'est le dernier paru , à mon sens , sur le cas Brasillach


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 18:08 
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Eginhard
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Lebel a écrit :
Il semble incroyable que , Brasillach qui , par sa qualité , avait accés aux renseignements fournis par les services d'information de Vichy et par ses accointances allemandes , ignorait le sort tragique des juifs à l' Est , que relatait avec details les media alliés et neutres et ce , depuis septembre 41
http://www.deathcamps.org/reinhard/allies.html


Comme je l'ai dit plus haut, le rapport Vrba-Wetzler a été publié en 1944 en Occident, décrivant avec moult détails les conditions d'existence des juifs déportés à Auschwitz-Birkenau. On en parla même à la BBC, le public hésitant entre incrédulité et horreur. J'ai peine à imaginer que les autorités de Vichy, et leurs alliés, qui fréquentaient les mêmes salons (dont Brasillach), ne savaient pas un an plus tard (le rapport Vrba-Wetzler a été publié en juin 44).

Mais Brasillach n'écoutait sans doute pas radio-Londres :mrgreen:

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 18:36 
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Jean Mabillon
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Citer :
Livre interessant , c'est le dernier paru , à mon sens , sur le cas Brasillach


Tout ce que j'ai cité est extrait de ce livre.

Citer :
Comme je l'ai dit plus haut, le rapport Vrba-Wetzler a été publié en 1944 en Occident,


Kaplan dit (sur la base de ce qu'il écrivait à JSP) , et comme je l'ai rapporté clairement, qu'au moment des grandes actions antisémites de Vichy, vers 42, Brasillach ne savait pas.
Je pense que c'est plausible.
Et à cette époque, les grands medias FRANCAIS n'en parlaient pas--et pour cause.
Elle ajoute que vers la fin de la guerre, c'est à dire vers 44, Brasillach avait certainement entendu des informations à ce sujet.
C'est plausible aussi , sauf qu'il n'est pas sûr que celui-ci les ait crues.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 18:47 
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Donc, le rédacteur en chef d'un grand hebdomadaire parlant de politique internationale en sait moins que les jeunes étudiants de la Rose Blanche ? Étudiants qui dénoncent les massacres dans un de leurs tracs.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 19:48 
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Jean Mabillon
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Citer :
Donc, le rédacteur en chef d'un grand hebdomadaire parlant de politique internationale en sait moins que les jeunes étudiants de la Rose Blanche ? Étudiants qui dénoncent les massacres dans un de leurs tracs.


Etudiants allemands. Nous parlons de ce qui circulait en France.
Et en Allemagne, la population ordinaire dans son ensemble ne savait pas ce que savaient ces étudiants.
Pourquoi l'aurait on su davantage en France, dans les années 42?
On refuse de croire ce qui remet en cause nos croyances fondamentales.

Quant au fait qu'un rédac chef d'un journal de politique internationale ne se planterait jamais pour ce qui est des événements mondiaux, il n'y a qu'à voir l'aveuglement de la presse française lors de Munich.
Or celui des medias français, plus récemment , sur le printemps arabe, aube de la démocratie.

De nouveau, vous déchiffrez la période de la guerre, et l'antisémitisme, avec un point de vue d'omniscience rétrospective.
TOUS les gens, de gauche comme de droite, que j'ai connus et qui ont vécu cette période dans l'incertitude et la confusion, (et avec qui j'ai discuté de cette question) m'ont dit qu'ils ne se doutaient pas de l'existence des camps de la la mort.
Je recommande vivement la lecture du livre de Kaplan, pour commencer.
il est excellent, les détails de cette affaire sont plus complexes qu'il n'y parait, mieux vaut en avoir une idée si l'on veut sortir des impressions subjectives.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 21:00 
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Plutarque
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Tonnerre a écrit :
Citer :
Donc, le rédacteur en chef d'un grand hebdomadaire parlant de politique internationale en sait moins que les jeunes étudiants de la Rose Blanche ? Étudiants qui dénoncent les massacres dans un de leurs tracs.


Etudiants allemands. Nous parlons de ce qui circulait en France.
Et en Allemagne, la population ordinaire dans son ensemble ne savait pas ce que savaient ces étudiants.
Pourquoi l'aurait on su davantage en France, dans les années 42?
On refuse de croire ce qui remet en cause nos croyances fondamentales.

Quant au fait qu'un rédac chef d'un journal de politique internationale ne se planterait jamais pour ce qui est des événements mondiaux, il n'y a qu'à voir l'aveuglement de la presse française lors de Munich.
Or celui des medias français, plus récemment , sur le printemps arabe, aube de la démocratie.

De nouveau, vous déchiffrez la période de la guerre, et l'antisémitisme, avec un point de vue d'omniscience rétrospective.
TOUS les gens, de gauche comme de droite, que j'ai connus et qui ont vécu cette période dans l'incertitude et la confusion, (et avec qui j'ai discuté de cette question) m'ont dit qu'ils ne se doutaient pas de l'existence des camps de la la mort.
Je recommande vivement la lecture du livre de Kaplan, pour commencer.
il est excellent, les détails de cette affaire sont plus complexes qu'il n'y parait, mieux vaut en avoir une idée si l'on veut sortir des impressions subjectives.

Les rares qui s'interessaient au problème , et ceux qui ecoutaient la BBC , notamment les emissions en français à partir de 1942 , et avec plus de précisions les mois qui suivirent ( sur les gazages et les camps d'extermination ) , savaient à quoi s'en tenir sur le sort des deportés ( A. Labarthe fait , le 8 aout 1942 , un recit dramatique de la rafle du Vel d'Hiv ) ; Il y a aussi la lettre émouvante et premonitoire adressée par le Consistoire de France à Pétain et Laval , le 25 aout 1942) .....restée sans réponse
Les informations de la presse anglo americaine ( voir mon lien ci dessus ) de plus en plus nombreuses et detaillées , que Vichy pouvait lire , etaient plus que des rumeurs incontrolables !


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 22:09 
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Jean Mabillon
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Autre point important qui contre l'hypothèse: "Brasillach était au courant de la shoah".
Dans le réquisitoire très dur que prononce Reboul contre Brasillach, il aborde les écrits antisémites de l'auteur (ce n'est pas un des chefs d'accusation, comme je l'ai mentionné, mais c'est abordé).
Reboul cherche évidemment à maximiser la culpabilité de l'accusé, il l'accable avec tout ce qu'il peut trouver: dénonciateur, appels au meurtre, fréquentation des hautes autorités allemandes, a mené la belle vie pendant que les Français jeunaient et souffraient, il fait des allusions répétées à l'homosexualité de Brasillach et à son amour des soldats allemands, etc.
Or s'il avait su ou pensé que Brasillach avait consciemment et délibérément envoyé des juifs dans les camps de la mort, il n'aurait pas manqué de porter cette accusation dévastatrice contre lui.
Or non seulement il ne le fait pas mais lui-même ne semble pas être informé de l'existence de ces camps.
Voilà ce qu'il dit dans sa plaidoirie:
Il commence par rappeler les deux phrases antisémites qui ont le plus scandalisé chez RB:
"il faut traiter le problème juif sans aucun sentimentalisme" et "il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas garder de petits" (c'était exactement la position officielle de Laval qui ne voulait pas , "pour des raisons d'humanité", qu'on déporte les parents sans leurs enfants).
Et Brasillach avait déclaré juste avant le réquisitoire qu'il s'était toujours opposé à toute forme de violence collective, qu'il ne voulait que faire sortir paisiblement les juifs étrangers de France.

Et Reboul ajoute alors: "Et même lorsque tout de même, à la vue des excès, vous croyez opportun et politique de jeter un pleur sur ces séparations effroyables qui sont imposées aux mères israélites, arrachées de leurs enfants, lorsque vous sentez ce qu'il y a d'atroce dans ce martyre qui commence à Paris pour les juifs et qui finira pour eux dans
les camps exceptionnels de sévérité en Pologne, vous dites "je réprouve ces séparations"..."

Reboul parle de séparations, pas d'exécutions. Il parle de "camps exceptionnels de sévérité", pas de camps de la mort. L'expression "camps de la mort" ou "camps d'extermination" n'existait pas en 45, précise Kaplan, qui ajoute: "l'étendue de la solution finale n'est pas encore connue, on connaissait l'étoile jaune, les rafles et les disparitions".

Reboul, magistrat de premier plan , procureur à la Cour de justice de la Seine, commissaire du gouvernement, qui a exercé depuis la IIIème République, impliqué dans la Résistance à la fin de la guerre (d'où son rôle dans les procès d'épuration) , ne connaît pas l'existence de ces camps.
Pourquoi Brasillach devrait il nécessairement la connaître?


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 29 Août 2012 22:47 
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Vichy connaissait depuis 1942 , l'existence de camps de la mort , lente ou rapide , mais il se souciait comme d'une guigne du sort de deportés ( des dechets , dixit Laval ) dont il souhaitait se debarrasser au plus vite ............en 1945 , les dirigeants alliés ne meconnaissaient pas la Shoah , mais c'est son ampleur qu'ils sous estimaient
Avec tout ce qu'il aurait du savoir en 1945* , , et qui n'etait pas un secret depuis 1942 , Reboul , comme Vichy et Brasillach , etait decidemment bien mal informé !
Il faut dire que l'extermination des juifs n'etait pas un problème essentiel et prioritaire , dans la conduite de la guerre , pour les Alliés qui souhaitaient en finir au plus vite avec Hitler

*Dés avant 45 , le monde libre connaissait l'existence de camps d'extermination et des chambres à gaz


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 30 Août 2012 1:25 
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Tonnerre a écrit :
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Donc, le rédacteur en chef d'un grand hebdomadaire parlant de politique internationale en sait moins que les jeunes étudiants de la Rose Blanche ? Étudiants qui dénoncent les massacres dans un de leurs tracs.


Etudiants allemands. Nous parlons de ce qui circulait en France.
Et en Allemagne, la population ordinaire dans son ensemble ne savait pas ce que savaient ces étudiants.
Pourquoi l'aurait on su davantage en France, dans les années 42?
On refuse de croire ce qui remet en cause nos croyances fondamentales.


Je l'ai déjà évoqué par ailleurs. L'ancienne secrétaire d'Hitler, celle qui a écrit le récit qui est à la base du film "La chute" a déclaré avoir éclaté en sanglot dans les années 80 à Munich lorsqu'elle a découvert un monument qui relatait l'histoire de Sophie Scholl. Pourquoi ? Au moment des faits, Traudl Junge et Sophie Scholl avaient sensiblement le même âge. Or, Traudl a déclaré a de nombreuses reprises que côtoyant Hitler et tous ces sbires, elle n'avait jamais eu connaissance de la réalité de la Shoah. Ce jour-là, elle a compris qu'elle aurait du savoir. Elle avait tous les éléments sous ses yeux et elle n'a jamais fait le rapprochement. Sophie l'avait fait et Sophie s'était révoltée. Donc, Traudl a compris ce jour-là qu'elle n'avait pas d'excuses à son obstination à ne pas voir les faits qui se déroulaient sous ses yeux, d'où les larmes.

Ce qui est important de savoir, c'est comment Sophie Scholl savait. Par des témoignages d'amis et de son frère qui avaient servi sur le front de l'Est. Je sais ce qu'on va me dire : mais c'est normal que dans la population allemande de telles nouvelles ont transfusé et que des bruits aient couru.

Mais, il faut tenir compte des méthodes de l'armée allemande. Pour éviter que les civils ne s’alarment de la situation militaire réelle sur le front de l'Est, une unité qui avait été au combat n'était pas envoyée en permission en Allemagne : pas tout de suite. Quand une unité était retirée du front, on les envoyait en garnison dans l'un des pays soumis. Le pays le plus couru était la France. C'était aussi le cas pour de nombreux blessés qui étaient envoyés en France pour se remettre et terminer leur convalescence. Une fois que l'unité était regroupée et réorganisée en France, on laissait les permissionnaires revenir au compte-goutte en Allemagne. Donc, la plupart des soldats allemands qui gravitaient dans les cercles culturels français étaient passé sur le front de l'Est et avaient participé ou vu des massacres de la Shoah par balle.

Après, il est difficile de savoir s'ils s'épanchaient sur ce qu'ils avaient vu au fait dans l'enfer de l'est et s'ils l'auraient fait devant un de leur zélateur tel Brasillach. Les témoignages sont assez divergents. Les français après guerre ayant éprouvé le besoin de nier une éventuelle entente d'avec les allemands (ils risquaient des condamnations comme celles de Brasillach). Les allemands avaient aussi intérêt à minimiser leur rôle : ils n'avaient rien vu et n'avaient participé à rien !
Il est toutefois possible qu'autour d'un verre de cognac millésimé et dans une ambiance détendue, certains se soient laissés à évoquer quelques souvenirs. Ce qu'on sait, c'est qu'à Paris, dans certains milieux l'information du sort faits au juifs a circulé. Officiellement, personne n'a rien entendu, mais des rapports officiels montrent que des bruits circulaient.

Durant une grande partie de l'Occupation, les services officiels français ont continué à faire des rapports à l'administration de Vichy. Or, dans les couloirs du pouvoir à Vichy, il y avait des bruits qui courraient. Pour que ces bruits circulent à Vichy, c'est qu'ils provenaient des milieux collaborationnistes parisiens. Alors, de nombreuses personnes se retrouvent dans le cas de Traudl Junge, ils entendent des brides de la vérité, mais ils ne recollent pas les morceaux. Soit parce qu'ils ne veulent pas croire, soit parce qu'ils ne peuvent pas croire l'infâme vérité. Pour moi, la question n'est pas de savoir si Brassilach savait, mais à quel des 3 groupes il appartenait : ceux qui savaient de première main par les confidences des allemands rencontrés, ceux qui ne voulaient pas croire, ceux qui pensaient que tout cela étaient des rumeurs sans fondement. Surtout quand on sait que les nazis appliquaient souvent une politique de l'implication : vous êtes au courant, vous avez participé à cela à votre niveau, vous devez nous aider parce que vous êtes impliqué et que vous n'arriverez pas à faire croire aux autres que vous ne saviez pas ce qu'on faisait réellement. Mais, puisqu'il a été écarté de JSP partout vers 1943, il est possible qu'il n'ai entendu que les rumeurs.

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 30 Août 2012 9:04 
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Jean Mabillon
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Il y avait en France des gens qui savaient, des gens qui ne savaient pas (la majorité) et des gens qui ne voulaient pas savoir(on devine de quel côté ils étaient principalement--mais pas exclusivement).

Du fait que certaines personnes (en Allemagne, GB ou US) savaient , on ne peut pas déduire logiquement que telle ou telle autre personne et (a fortiori) tout le monde savait en France.
Les contextes sont différents, les sources d'information différentes.
Vouloir généraliser à Brasillach à partir de quelques exemples, sans base matérielle pour étayer les hypothèses, c'est de la spéculation.
Chaque individu est un cas particulier qui doit être examiné comme tel.
Ce que dit Reboul par contre, cité dans mon post ci-dessus, n'est pas de la spéculation mais un fait attesté par les documents du procès.
Reboul prononce le réquisitoire, il veut obtenir la condamnation à mort, et cherche à accabler Brasillach avec tous les arguments qu'il a à sa disposition.
Accuser Brasillach d'avoir dénoncé des juifs alors qu'il connaissait l'existence des camps de la mort serait lui porter un coup terrible, définitif, le pire des arguments contre lui.
Or non seulement il n'accuse pas Brasillach de connaître l'existence de ces camps mais il n'en est pas lui-même informé.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 30 Août 2012 15:57 
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Un autre aspect intéressant de ce procès, c'est l'importance donnée à l'homosexualité de Brasillach dans le réquisitoire.
Je savais que Brasillach était homosexuel, je ne savais pas que cela avait été exploité à ce point dans le procès.
Je résume ce qu'en dit Kaplan:


Le chef d'accusation porté contre Brasillach était comme on l'a rappelé "intelligence avec l'ennemi'; article 75 du Code pénal (celui de la IIIème République, modifié par le nouveau gouvernement, pas celui de Vichy évidemment).
Le réquisitoire de Reboul, avec la plaidoierie de l'avocat de la défense, Me Isorni, fut avec l'interrogatoire de Brasillach, le clou du procès.
Durant l'interrogatoire, mené par le président Vidal, celui-ci attaqua Brasillach sur les points suivants:
- Brasillach a été libéré de son oflag sur demande écrite du gouvernement de Vichy aux Allemands (de juillet 40)
- il a fait plusieurs voyages de propagande en Allemagne nazie
- iL a fréquenté régulièrement les principaux organismes de la propagande nazie en France, comme l'Institut allemand, et la librairie Rive-Gauche, au conseil d'administration duquel il siégeait.
(La principale réponse de RB à ces accusations fut: "je ne faisais rien d'autre que ce que beaucoup d'autres faisaient, je n'étais qu'un patriote vychissois, pas un traître nazi".)
- il a exprimé publiquement son amour pour l'Allemagne et les soldats allemands (première allusion voilée à l'homosexualité de RB)
Vidal fait des erreurs factuelles et laisse Brasillach prendre le contrôle du débat et se lancer dans des tirades, ce dont les Lettres françaises se plaignent le lendemain--en qualifiant sa prestation de "lamentable".

Le réquisitoire de Reboul est beaucoup plus maîtrisé et efficace. Il reproche à Brasillach:
- le gaspillage de son talent littéraire dans son oeuvre de polémiste et la méchanceté hystérique dont il fait preuve dans ces textes
- il revient sur l'amour de RB pour l'Allemagne et les soldats allemands, de nouveau avec des allusions transparentes à l'homosexualité de l'accusé: il évoque "cet amour qui n"ose pas dire son nom"; il l'accuse donc implicitement l'écrivain de "collaboration horizontale".
Il continue dans ce registre, multipliant les phrases à double sens: "toute résistance à l'idée de la pénétration de la première (France) par la seconde (Allemagne) vous paraît un acte monstrueux", et "votre amour quasi-charnel de la force brutale a pu vous tenter d'amener votre pays dans ce lit aux souvenirs si doux".
Kaplan souligne l'importance donnée par Reboul au motif homosexuel dans son réquisitoire: dans la France des années 40, l'homosexualité est encore réprouvée, elle dégoute et elle fait peur; il s'agit en l'évoquant, d'accentuer le caractère "honteux" du comportement de RB, et de susciter ainsi un rejet total chez les jurés.
Le message que Reboul fait passer, c'est: "nous avons été humiliés, forcés à nous soumettre et Brasillach aimait cela".
Curieusement, alors que le chef d'accusation est "intelligence avec l'ennemi", c'est sur le thème de la sexualité de RB qu'il insiste le plus longuement.

- il évoque aussi ses hautes fréquentations allemandes
- il évoque le talent de Brasillach, et l'influence intellectuelle que celui avait acquise en France, influence dont il a gravement mésusé pour subvertir et égarer les Français, dans un esprit de haine et de vindicte contre ses ennemis
- il cite des phrases antisémites de RB (voir plus haut);

Et il conclut: "fondamentalement, Brasillach avait l'âme d'un dénonciateur".
Il précise: il a dénoncé la Sorbonne parce qu'elle abritait des professeurs favorables à la Résistance, il a dénoncé des étudiants du lycée Lakanal qui avaient arraché un portrait de Pétain des murs de leur classe, il a dénoncé un jeune homme de l'Hérault qui s'était moqué de Pétain.
Et il ajoute qu'il est fort possible que les dénonciations de RB aient eu pour suite des visites de la Gestapo à la Sorbonne, à Lakanal, etc--et des arrestations.

Et il requiert la peine capitale: "votre oeuvre est mauvaise, Brasillach, et appelle une conclusion mathématique: c'est la peine capitale, et je la requiers contre vous".
RB se tasse dans le box, et semble enfin avoir compris qu'il joue sa tête--observent les journalistes présents.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 01 Sep 2012 16:41 
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Après le réquisitoire de Reboul (qui reçut des petits cercueils dans son courrier pendant des années après le procès), ce fut le tour de maître Isorni, avocat de la défense.
Qui fit une plaidoirie exceptionnellement brillante--si brillante qu'elle torpilla son client.
Les 4 jurés étaient tous issus de la Résistance, 3 d'entre eux étaient des prolétaires.
Isorni ne s'adressa presque pas à eux durant sa tirade, parlant à la foule très sélect (écrivains, journalistes, personnalités) rassemblée dans la salle d'audience, célébrant les mérites littéraires de Brasillach, son importance dans le monde littéraire parisien, l'exceptionnalité que lui conférait son "génie" qui le plaçait au-dessus des hommes ordinaires ("sa mort serait une perte pour les lettres françaises"), lisant des lettres favorables de relations littéraires de l'écrivain, adoptant un ton vaguement condescendant.
Tout ce qu'il fallait faire pour aliéner les jurés qui n'avaient jamais un livre de Brasillach, à qui les noms de célébrités littéraires citées par Isorni ne disaient rien, qui se sentaient mal à l'aise, parmi ce gratin parisien, et qui ne pouvaient guère être favorable à la thèse suggérée par l'avocat, que les écrivains de talent avaient des droits spéciaux refusés aux gens ordinaires comme eux.
Comble de maladresse, Isorni lut un des poèmes de prison de Brasillach, où celui ci évoque les Résistants emprisonnés dans sa cellule avant lui, et conclut en soulignant que, Résistants ou collaborateurs, ce sont tous des prisonniers qui souffrent, et que finalement, ils sont pareils.
Les Résistants du jury, qui avaient risqué leur vie pour imprimer des tracts et des faux-papiers, qui avaient vu leurs camarades exécutés, devaient penser qu'entre un délateur qui tue avec sa plume tranquillement assis derrière son bureau, et des Résistants qui risquaient leur vie à chaque minute, il y avait une différence.
Isorni insista, ce qui était un peu plus judicieux, sur le fait qu'il s'agissait d'un procès d'opinion. Mais il savait --et l'assistance savait--que Brasillach n'avait pas seulement exprimé des opinions, il avait appellé au meurtre de Résistants, politiciens de la IIIème République, juifs et communistes, les dénonçant en donnant même leur adresse.
C'était de la délation et cette délation avait conduit à des exécutions, même si l'on ne pouvait pas en apporter la preuve matérielle.
L'avocat frôla l'outrage à la Cour en insistant sur le fait que tous les magistrats français, sauf un, avaient prêté serment à Vichy, que tous avaient condamné des "terroristes" , des réfractaires au STO, des juifs. Selon lui, l'écrivain n'avait fait qu'agir comme eux.
Kaplan dit de cette défense contre-productive: "Isorni était résolu à élever son client, même si c'était l'élever au rang de martyr".

Ce qui m'amène à ma question: on sait que c'est bien ce que l'extrême-droite a fait de Brasillach, un martyr, un héros mort pour ses/leurs idées, que Jean-Marie Le Pen cite souvent.
C'est assez étrange car Brasillach était homosexuel, ce que l'extrême-droite, encore de nos jours, rejette et stigmatise.
C'était un journaliste assez doué, et un romancier et un poète ayant un certain talent.
Pas au point d'assurer la survie littéraire de ses romans et poèmes toutefois.
Ceux-ci ne sont réédités que par des maisons d'édition de droite (à ma connaissance).
Alors que Céline, qui avait les mêmes opinions, mais écrivait à un tout autre niveau, est toujours très lu, et publié par des éditeurs "normaux", apolitiques.
Et surtout, c'était un délateur, une sorte d'indicateur de police informant la Milice et la Gestapo des gens qu'ils devaient exécuter, et c'est la raison principale de sa condamnation.
Or dans nos civilisations, il n'est guère de personnage qui soit plus méprisé, plus considéré comme l'incarnation de la lâcheté et de l'abjection, qu'un délateur--sauf peut être un maquereau.
Ce qui fait penser à Horst Wessel, fortement suspect de proxénétisme, héros et martyr de l'Allemagne nazie.
Qu'est-ce qui dans sa vie et sa personnalité, et en dehors de son éxécution à un âge aussi jeune, peut expliquer le statut de héros de Brasillach depuis sa mort?


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