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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 11:14 
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Jefferson a écrit :


Les poèmes de Fresnes ne sont plus disponibles à la Table Ronde. Mais vous les trouverez chez Godefroy de Bouillon :mrgreen:


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 11:41 
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Jean Froissart
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Décidément je ne suis pas d'accord avec vous, Tonnerre : c'est sans aucun doute un fait que la plupart des lecteurs actuels de Brasillach sont marqués à droite, c'est autre chose que de dire qu'on le lit d'abord parce qu'on est marqué à droite. Je n'ai pas à m'exprimer sur ce sujet mais je ne me sens aucunement marqué à droite et j'apprécie la lecture des Poèmes de Fresnes - dont la préface en sonnets qu'il a faite pour l'oeuvre de Chênier.

Après je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que la plupart - pour ne pas dire la quasi totalité - de ses oeuvres sont d'un style ampoulé, voire dépassé, et très petit salon bourgeois - n'y voyez cependant pas là de jugement de valeur de ma part. Céline aurait très bien pu dire, tout comme pour Mauriac, que "ses personnages sentent le foutre rance et l'eau bénite" (Céline a quand même un sens de la formule absolument prodigieux :mrgreen: ). Mais tout n'est pas à jeter par-dessus bord : je trouve que certains écrits restent de qualité et, de ce fait, attrayants.

Encore une fois, je ne suis pas un amateur particulièrement assidu de Brasillach et je préfère mille fois Drieu ou Céline, mais je ne serais pas aussi catégorique que vous sur les motivations des lecteurs : je suis un lecteur de Brasillach et il n'y a aucune motivation politique dans mon appréhension de son oeuvre.

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 11:43 
Les Editions Godefroy de Bouillon sont sérieuses, ne donnent pas dans le frivole ; titres qui ont du succès : "L'islamisation de l'Occident" ; "vérités sur la franc-maçonnerie" ; "histoire de France" de Bainville ; "vérité sur le colonialisme" ; "L'islam est-il une religion vraie ?" "la droite parlementaire est-elle encore de droite ? " On aura compris qu'on n'est pas dans une sensibilité cosmopolite, droits-de-l'hommiste ni gauchisante ; voilà enfin une maison qui "hait les mensonges qui nous ont fait tant de mal" !!


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 12:10 
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Jean Mabillon
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Un autre aspect intéressant du procès Brasillach, c'est ce qui a suivi et mis fin à l'affaire: la demande de grâce et la pétition qui a été circulée dans ce but.
Brasillach a fait une demande de grâce individuelle au général de Gaulle, justifiée sur la base du fait que son père était un officier de l'armée française (dans la coloniale) mort en service.

La pétition a été lancée à l'initiative de Jean Anouilh, Marcel Aymé et François Mauriac.
Anouilh et Aymé sont des écrivains de droite, sans ambiguité. Aymé a publié assez régulièrement dans JSP.
Mauriac est plus complexe, il est un ancien de l'Action française, mais il a été anti-franquiste pendant la guerre d'Espagne. Il a d'abord soutenu Pétain, puis a viré du côté Résistance et a publié aux éditions de Minuit, marquées côté Résistance. Il était aussi membre fondateur du CNE.
Ce qui est étonnant et sans doute admirable de charité chrétienne--ou de masochisme--chez lui, c'est qu'il a été une des têtes de Turc de Brasillach avant guerre, qui l'a brocardé cruellement: "vicaire prépubère", "Tartuffe maigrelet" sont quelques unes des épithètes employées par RB à son égard. Brasillach s'est aussi moqué de la voix éraillée de Mauriac, consécutive à un cancer de la gorge en 32.
Mauriac commence à s'interroger sur le bien-fondé des mesures d'épuration après la condamnation à mort de l'écrivain Béraud--un auteur très lu à l'époque et qui--c'est mon avis personnel--a mieux vieilli que RB.

La pétition disait en substance que, malgré les crimes commis par le condamné, celui-ci ne méritait pas la peine de mort. Et que le père de l'écrivain, le lieutenant Brasillach , était mort pour la France en service commandé le 13 novembre 14.
Il y avait 57 signatures au bas de la pétition.
Sartre et Beauvoir ont refusé de signer. Sartre ne s'en est pas expliqué, Beauvoir si, alain a mentionné la justification qu'elle a donnée. Picasso refusa aussi, de même que l'actrice Sylvia Bataille, femme de Lacan le psychanalyste. Gide, une des cibles favorites de RB avant guerre, a refusé idem car RB était selon lui "un des pires empoisonneurs d'hier--et de demain si on le gracie".
Les collègues de RB à JSP n'ont pas signé, car ils étaient trop compromis.
Parmi les signataires, des écrivains: Camus--par principe, car contre la peine de mort--, Paul Claudel, Colette, Paul Valéry, les frères Jérome et Jean Tharaud, Georges Duhamel.
Et les peintres Valminck et Derain, les hommes de théâtre JL Barrault, Copeau et Dullin .
Et Cocteau , qui déclare: " je trouve Brasillach absurde et néfaste mais je signerai parce que j'en ai assez qu'on condamne les écrivains à mort et qu'on laisse les fournisseurs de l'armée allemande tranquilles" (cité par AK).
Seulement deux Résistants ont signé, Camus et Jean Paulhan.
Deux intellectuels d'origine juive aussi, un universitaire, Gustave Cohen, "déchu de son poste et de sa citoyenneté française par les lois de Vichy'' (AK) et le fils de Tristan Bernard, Jean-Jacques Bernard.

Le 5 février, de Gaulle refusa la grâce.
Dans le dossier de grâce figure une note de Reboul, où celui-ci revient sur les raisons justifiant la condamnation de RB:
- propagande pro-allemande dans JSP et
- dénonciation de personnalités politiques et de Résistants, "très suffisante pour que les services de la Gestapo y trouvent leur profit"; RB coupable de trahison selon lui
- voyages de RB en Allemagne, ses liens avec l'Institut allemand et la librairie frano-allemande; RB coupable d'espionnage selon lui
et il rappelle que RB a régulièrement insulté de Gaulle et les Français libres dans JSP.

Une autre question que l'on peut se poser est: pourquoi de Gaulle a t'il gracié l'écrivain Henri Béraud, et pas Brasillach?


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 12:58 
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Eginhard
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Tonnerre a écrit :

Une autre question que l'on peut se poser est: pourquoi de Gaulle a t'il gracié l'écrivain Henri Béraud, et pas Brasillach?


Béraud était radicalement anglophobe, antisémite, mais s'il supportait Vichy, il n'était pas pro-nazi. Il n'a jamais affiché son soutien au Reich, il n'a jamais rencontré les officiels allemands, il n'a jamais voyagé outre-Rhin comme d'autres journalistes ou écrivains. A son procès, il se défend : "J’ai toujours été anti-collaborationniste, anti-allemand et anti-hitlérien". Lorsque Mauriac plaide sa grâce, il met justement en avant le fait que Béraud n'a jamais fait commerce avec l'occupant. Comment alors l'exécuter pour trahison ? De Gaulle s'est rendu aux arguments de Mauriac et a commué sa peine (Simon Epstein, Henri Béraud (1885-1958), un poids lourd de l’antisémitisme, in Archives juives, p39-53, 2010/1).

Brasillach, quand à lui, était mouillé jusqu'aux oreilles.

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 13:13 
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Jean Froissart
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mike92 a écrit :
Les Editions Godefroy de Bouillon sont sérieuses, ne donnent pas dans le frivole ; titres qui ont du succès : "L'islamisation de l'Occident" ; "vérités sur la franc-maçonnerie" ; "histoire de France" de Bainville ; "vérité sur le colonialisme" ; "L'islam est-il une religion vraie ?" "la droite parlementaire est-elle encore de droite ? " On aura compris qu'on n'est pas dans une sensibilité cosmopolite, droits-de-l'hommiste ni gauchisante ; voilà enfin une maison qui "hait les mensonges qui nous ont fait tant de mal" !!


Vous tenez vraiment à faire dériver la discussion en polémique ? Personne n'a défendu ou incriminé ces éditions pour leurs publications. Qu'apporte une telle remarque ? D'autant plus que ce n'est absolument pas le sujet : cosmopolitisme ? droits de l'homme ? gauchisme ? je n'en vois, personnellement, pas dans cette discussion. Vous rebondissez sur un fait pour évoluer vers une polémique qui n'intéresse pas ce forum d'histoire.

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 13:38 
Pourquoi vous enflammer ? je répondais seulement à ma façon à :
Citer :
Jefferson a écrit:
Les poèmes de Fresnes ne sont plus disponibles à la Table Ronde. Mais vous les trouverez chez Godefroy de Bouillon :mrgreen:

Tout un programme :wink:

Il semble que vous ayez lu mon post au 1er degré... Par ailleurs, avoir la lucidité de voir et dire qui essaie de manipuler l'Histoire par des publications douteuses (celles indiquées), c'est aussi faire de l'Histoire.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 13:39 
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Jean Mabillon
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Citer :
Béraud était radicalement anglophobe, antisémite, mais s'il supportait Vichy, il n'était pas pro-nazi. Il n'a jamais affiché son soutien au Reich, il n'a jamais rencontré les officiels allemands, il n'a jamais voyagé outre-Rhin comme d'autres journalistes ou écrivains. A son procès, il se défend : "J’ai toujours été anti-collaborationniste, anti-allemand et anti-hitlérien". Lorsque Mauriac plaide sa grâce, il met justement en avant le fait que Béraud n'a jamais fait commerce avec l'occupant. Comment alors l'exécuter pour trahison ? De Gaulle s'est rendu aux arguments de Mauriac et a commué sa peine (Simon Epstein, Henri Béraud (1885-1958), un poids lourd de l’antisémitisme, in Archives juives, p39-53, 2010/1).

Brasillach, quand à lui, était mouillé jusqu'aux oreilles.


Exactement, tout est dit.
Même Céline est moins mouillé que RB; il a fréquenté les autorités allemandes et publié des textes antisémites et pro-collaborationnistes, mais il n'a pas dénoncé (voir plus haut au sujet de Desnos).


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 14:30 
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Jean Froissart
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Soit, mais en quoi le fait de publier relèverait de la manipulation ? De l'orientation, je suis totalement d'accord avec vous, mais là n'est pas le problème tant que l'éditeur ne se permet pas de faire de l'histoire... Après les préfaces et autres éléments de la publication sont à prendre avec soin, mais le texte en lui-même ne relève pas du même problème.

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 15:20 
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Grégoire de Tours
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Tonnerre a écrit :
"La lecture de Céline ou d'Aragon transcende les clivages politiques; les gens qui lisent Céline ne le font pas d'abord en fonction de leurs choix politiques. Le talent littéraire de RB n'est pas tel qu'il puisse transcender ces clivages."

Je ne connais pas suffisamment le "Brasillach littéraire" pour en parler, mais je trouve qu'il y a un domaine où il a excellé et qui est indépendant des choix politiques du lecteur et où il ne m'a jamais semblé académique (bien au contraire il y est très original) c'est quand il parle de cinéma. Cet aspect du personnage mérite d'être souligné.

A vrai dire, je ne connais pas la part que représentait dans son œuvre (et aux yeux de ses contemporains) ses activités de "chroniqueur de cinéma" dans divers journaux (je n'en ai rien lue), mais j'ai cru comprendre qu'elle était importante. Par contre, je possède depuis longtemps et j'ai lu et potassé souvent son "Histoire du cinéma" en deux gros pavés (le cinéma muet et le cinéma parlant) écrite avec Bardèche puis reprise et continuée par Bardèche seul bien sûr). Cette oeuvre constitue un monument, un incontournable du genre. Il y a beaucoup d'autres auteurs qui ont écrit par la suite des histoires du cinéma (j'en ai lu je ne sais combien), mais le "Brasillach et Bardèche" reste une référence concernant le cinéma des époques décrites. L'analyse (qui sonne juste le plus souvent) frappe par sa clarté et son intelligence. Et la vision de synthèse que procure le livre en comparant (pour des genres différents et des périodes données) les cinémas des différents pays est tout à fait remarquable.

Il faut reconnaître que son analyse échappe le plus souvent à tout aspect polémique. Il comprend (et admire sincèrement) l'importance du cinéma soviétique et va parler avec autant d'enthousiasme de "Cuirassé Potemkine" et de "La Mère" que des "Dieux du stade" ou de "Naissance d'une nation". Je trouve personellement très juste ce qui est dit à ce sujet dans Wikipédia: "Contrairement aux critiques de l'époque, Brasillach adopte sur le cinéma un point de vue politiquement neutre, si l'on excepte quelques rajouts antisémites en 1943" concernant l'aspect "cinéma" de Brasillach (les autres aspect je ne peux pas en juger).

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 02 Sep 2012 16:09 
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Jean Mabillon
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Citer :
du lecteur et où il ne m'a jamais semblé académique (bien au contraire il y est très original) c'est quand il parle de cinéma. Cet aspect du personnage mérite d'être souligné.


D'accord avec ça; je n'ai lu que des extraits de son travail ("Histoire du cinéma", de 35)avec son ami et beau frère Bardèche sur la question mais s'il y a une partie de son oeuvre qui restera, et qui se situe hors de toute controverse politique, il me semble que c'est celle là.
Il a contribué de façon majeure à faire connaître certains artistes (notamment étrangers, il est le premier à avoir parlé du cinéma japonais), ou à les faire reconnaître comme tels, et à faire reconnaître le cinéma pleinement comme un art.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 13 Sep 2012 21:23 
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Jean Mabillon
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Lisant l'ouvrage de Pascal Louvrier "Brasillach, l'illusion fasciste" que j'ai commandé ainsi que d'autres sur RB suite à l'ouverture de ce fil, je lis les détails suivants sur les convictions antisémites de l'écrivain:

Brasillach considère d'une part qu'il "est nécessaire de considérer les juifs ressortissants de nations étrangères comme des étrangers" mais que d'autre part, il faut "considérer l'ensemble des juifs établis depuis longtemps comme une minorité à statut, qui les protège en même temps qu'il nous protège", car "il ne faut jamais oublier les services rendus" (faisant allusion à la participation des juifs à la PGM dans l'armée française).
Cette distinction entre juifs étrangers d'installation récente et juifs anciennement installés, bien intégrés, auxquels il fallait garantir un statut de protection justifié par leur participation, particulièrement militaire, à la collectivité nationale, coincide assez bien avec la politique suivie par Vichy: sacrifier les juifs étrangers, être moins expéditif avec les juifs intégrés.
Cette position semble exprimer un anti-sémitisme d'Etat "à la française" qui, de mémoire, était aussi celui d'autres mouvements de droite en France avant guerre, en particulier celui d'une majorité des cadres et militants du parti de La Roque.
Antisémitisme qui distinguait entre "bons juifs" et "mauvais juifs", ce que ne faisaient pas, ou très marginalement les antisémites allemands, ou même russes (?) qui, au niveau de leur approche théorique de l'antisémitisme, mettaient à peu près tous les juifs dans le même panier.
Cette distinction ayant évidemment montré ses limites pratiques et morales durant l'occupation bien sûr.
Néanmoins, je m'interroge sur les raisons de son existence en France, et de sa relative inexistence ailleurs.
Après tout, il y a eu aussi des juifs qui ont combattu dans l'armée allemande en 14.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 16 Sep 2012 11:37 
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Jean Mabillon
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L'ouvrage ci-dessus affirme que Brasillach, lors de son procès , avait perdu une grande partie de ses illusions politiques, ainsi qu'une grande partie de son crédit auprès des collaborationnistes parisiens.
A partir de 42, selon l'auteur, il s'éloigne peu à peu des collaborationnistes radicaux de l'équipe de JSP: le bailleur de fonds et directeur Lesca, Rebatet (dont Louvrier affirme que l'antisémitisme était plus virulent que celui de RB), Pierre-Antoine Cousteau, Laubreaux.
Ces journalistes veulent un alignement total de la politique française sur les objectifs allemands.
A partir d'août 43, la mention "rédacteur en chef" n'apparait plus à côté de son nom; selon l'auteur, ce serait parce que RB a pris la décision de ne plus écrire en faveur de la collaboration d'Etat.
Il désapprouve la ligne éditoriale du journal qui serait devenue : "le fascisme seul", alors que lui au contraire, face au chaos de la guerre, ne voit plus qu'un seul repère, un seul point fixe auquel s'ancrer, la Nation, la "Nation d'abord, car elle seule ne trompe point".
Maxime qui est une transposition abstraite du "la terre ne ment pas" de Pétain.
La chute de Mussolini en juillet 43 déclenche un clash à l'intérieur de la rédaction de JSP: Brasillach demande les pleins pouvoirs pour ce qui est de la ligne rédactionnelle du journal, ils lui sont refusés et sa ligne est mise en minorité.
Les ultras l'accusent alors de "se dégonfler"; Rebatet écrira plus tard que, face à la déconfiture militaire de l'Allemagne en cours , "les censeurs refusaient de l'imprimer mais Robert refusait de mentir à nos lecteurs..."
RB démissionne donc de JSP, et Cousteau lui adresse une lettre lui reprochant son attitude: "que tu le veuilles ou non, Robert, tu as flanché, et ce n'est pas la première fois..."
RB soupçonne aussi son directeur Lesca de l'avoir dénoncé comme agent gaulliste aux autorités allemandes.
Une complicité politique et amicale d'une dizaine d'années se termine ainsi dans les injures, les soupçons et l'acrimonie.
Cousteau devient le directeur politique de JSP, et 3 mois plus tard, le journal organise à la salle Wagram un grand meeting politique dont le mot d'ordre, visant directement RB et les tenants du collaborationnisme vychissois, est: "nous ne sommes pas des dégonflés"; même Laval est hué durant ce meeting.
PAC déclarera encore plus clairement: "les fascistes en peau de lapin se sont éliminés d'eux-mêmes".
Brasillach continue à écrire ailleurs, à la "Chronique de Paris", à "Révolution nationale", etc.
Et en été 44, alors que les alliés avancent en Europe, les élites de la collaboration parisienne, dont les journalistes de JSP, commencent à quitter la France, au point qu'un journaliste rebaptise finement JSP en "Je Suis Parti". Darnand, Brinon, Déat, Doriot, Laubreaux, tous quittent la France en août.
Ses amis, et même l'écrivain Résistant (et plus tard communiste) Roger Vailland conseillent à RB de quitter la France, mais il ne le fait pas.
On peut s'interroger sur les raisons de ce refus de partir, qui équivaut à un suicide.


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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 18 Nov 2020 15:13 
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Pierre de L'Estoile
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J'ignore si cela a été posté déjà
Alain Decaux
La mort en face
dispo sur YouTube et le site de l'INA
émission de 1987

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 Sujet du message : Re: Brasillach, la pétition ?
Message Publié : 18 Nov 2020 17:18 
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bourbilly21 a écrit :
J'ignore si cela a été posté déjà
Alain Decaux
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je l'ai regardé (posté sur le forum brun) c'est intéressant et ça permet de revoir Alain Decaux et son style personnel.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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