Pierma a écrit :
Dans le rapport de ce général, il y a un point qui me surprend :
Citer :
10. De nombreux hommes révèlent leur posture neutre par le fait qu'ils veulent bien être employés comme travailleurs, mais pas comme soldats combattants.
Je suis très surpris que des Malgré-Nous aient osé exprimer un tel point de vue dans une discussion avec des officiers Waffen-SS. Une telle liberté de ton me semble impossible.
A moins que cet état d'esprit lui soit revenu par la bande, par des soldats allemands rapportant des propos entendus de la part de Malgré-Nous ?
A voir...
Ce rapport n'a pas été écrit par un général mais par un "SS Obersturmführer" (équivalent de Lieutenant dans la Wehrmacht), dont la fonction était précisément :
Führer für Weltanschauliche Führung (il l’indique avant sa signature). Traduction : Chef (
Führer) chargé de l’action qui consiste à diriger (
Führung) les soldats dans la façon dont ils doivent comprendre le monde (
Weltanschaung).
C’est l’officier politique de la division.
Concernant le point 10 qui vous étonne : par cette phrase, l’officier politique ne dit pas que les Malgré-Nous lui ont dit cela explicitement ; il se borne à énoncer ainsi une des 10 causes de désertion possibles que lui, le nazi, a identifiées grâce à l’échange avec ces soldats, dont il vient de souligner la méfiance et le mutisme. Il suffit de lire comment l'officier décrit l'entretien, pour voir combien ces Alsaciens et Lorrains étaient méfiants, apeurés... et combien lui, le nazi, les tenait pour non fiables et possiblement déloyaux.
Pierma a écrit :
Jean-Marc Labat a écrit :
Je ne connaissais pas le concept du testament de Richelieu, qui mériterait d'être développé dans un sujet à part.
Je suis un peu étonné par la façon dont il est présenté en bas de page :
Citer :
Le « Testament de Richelieu » était une des lubies des nazis développée par Friedrich Grimm, collaborateur de Goebbels, dans son livre « Das Testament Richelieus ». C'est un des éléments idéologiques de la thèse nazie de « l'ennemi héréditaire » : les hommes politiques français appliquent le testament politique de Richelieu, qui aurait indiqué à ses successeurs que pour assurer l'unité et l'hégémonie de la France, il faut empêcher l'unité allemande ou, si un jour cette unité devait se réaliser, la détruire.
Qu’est-ce qui vous étonne dans cette présentation ?
Pierma a écrit :
Il serait en effet très intéressant de voir quelle exploitation les nazis ont menée autour du testament de Richelieu - "Détruire l'Allemagne si elle était unifiée un jour", ça c'est une invention pure de leur part, je pense.
Je ne connais pas le contenu du « Testament politique de Richelieu » (est-il seulement authentique ?), mais je crois savoir que les nazis "instruits" en cela par le juriste Grimm qui avait écrit avant guerre un livre sur ce sujet (version française préfacée par Ferdinand de Brinon…), considéraient comme une vérité, comme un « dogmes », que ce testament rapportait la preuve que la politique millénaire de la France, ennemie héréditaire et mortelle de l’Allemagne, était de fixer la frontière sur le Rhin afin de dominer l’Europe (c’est-à-dire empêcher l’émergence d’une Allemagne unie).
Le fait que ce "Testament "soit au programme de la séance d'endoctrinement des Alsaciens-Lorrains se justifie -en logique nazie- par le souci de diaboliser la France, d'expliquer à ces ex-Français que c'est leur ancien pays qui veut de tous temps la guerre à l'Allemagne, et non l'inverse.
Pierma a écrit :
Cela dit il me semble que le testament de Richelieu disait précisément que l'unité de l'Allemagne était à éviter par tous les moyens.
Oui.
C’est ce qui est écrit dans la notule en bas de page qui vous étonne.
Pierma a écrit :
Tous les politiques français de l'époque le connaissaient, et encore aujourd'hui ça fait partie de la culture générale : je me souviens avoir entendu il y a quelques années, à propos de l'Union Européenne : "Notre politique face à l'Allemagne (fédérale) ne pourra pas éternellement se résumer au testament de Richelieu."
Intéressant. C’était une proclamation d’amour à l’Allemagne : on l’aimait tellement, qu’on préférait qu’il y en ait deux...