Narduccio a écrit :
Leur vision de la société fait qu'ils structurent l'armée en 3 composante : un fer de lance formé et entrainé : les régiments d'active; les troupes de forteresse qui vont devoir tenir derrière la ligne Maginot, des troupes de troisième ordre qui occupent des tâches annexes de support. Et ils considèrent que dès qu'ils ont perdu les troupes d'active, la guerre est perdue.
Ce n'est pas aussi simple que cela : l'armée est divisée en trois, sensiblement de la même manière qu'en 1914 où existaient à côté de l'armée d'active sa réserve et la territoriale (elle-même subdivisée en territoriale et réserve de la territoriale mais passons). Il y a l'armée d'active (la série A), la réserve (série A de formation) et la "territoriale" (la série B ).
Les troupes de forteresse appartiennent pour partie à l'active, pour partie à la réserve. Elles sont considérées comme des troupes de tout premier ordre, qui ont bénéficié de la priorité d'équipement et de recrutement. Elles ne constituent donc pas une seconde catégorie inférieure à l'active : elles sont partiellement d'active et de niveau équivalent, partiellement de réserve et équivalentes à la réserve de série A de formation.
Enfin, les troupes "de troisième ordre" (la série B ) ne s'occupent pas de tâches annexes et de support : elles sont pleinement insérées dans la ligne de bataille, même si c'est supposément dans des secteurs calmes. Ainsi, à l'ouest de Sedan, la ligne de la Meuse est tenue par trois de ces divisions !
En revanche, une fois le GA n°1 disparu en Belgique, le sort de la campagne ne peut être inversé. Même si des mesures drastiques (abandon de la couverture de la ligne fortifiée frontalière) avaient été prises dès le 15 ou le 20 mai (au lieu d'attendre le 13 juin !), la disproportion des forces était devenue trop importante. Les Allemands n'ont engagé effectivement que 93 divisions sur 135 appartenant au dispositif "Gelb" le 10 mai 1940, et ils avaient largement de quoi achever victorieusement la campagne une fois les contingents néerlandais, belges, britanniques et in fine parmi les meilleures grandes unités françaises (la totalité de nos divisions légères mécaniques, six des sept divisions d'infanterie motorisée, la division marocaine et quatre divisions d'infanterie nord-africaine, douze divisions d'infanterie, deux divisions d'infanterie de forteresse, deux divisions légères de cavalerie et une brigade de spahis, une division cuirassée et neuf bataillons de chars de combat - ce qui représente un total de 33 grandes unités qui égale le nombre de grandes unités d'active préexistant à la mobilisation !) détruits ou mis hors-jeu.
Pour les causes, l'"esprit de Munich" ne saurait être négligé, mais comme toute analyse d'un phénomène complexe qui ne prendrait en compte qu'une seule cause, cela ne suffit pas à embrasser la totalité des réponses.
CNE EMB