En effet, l'attitude de Huntzinger est plus qu'étrange !
Tout d'abord, on peut dire que les travaux défensifs dans son secteur n'ont pas été menés avec toute la célérité nécessaire.
Ensuite que ceux-ci étaient bien insuffisants: au total, sa position était moins bien solide qu'une position type 1917, hormis le fait qu'il semblait protégé par le fossé anti-char de la Meuse, et ceci malgré les quelques blockhaus et casemates de sa position.
Cela fut dénoncé en son temps par Pierre Taittinger, député de Paris, qui tenta d'alerter le commandement sur ces carences.
Huntzinger répondit vertement en niant les faiblesses de son front et en taxant le député d'incompétence. Pire, il ne prit aucune mesure pour se renforcer.
Pas de tranchées continues, celles qui existaient n'avaient même pas la profondeur suffisante. Un seul réseau de barbelés derrière la Meuse et un seul également pour entourer chaque ouvrage.
Si bien que les pionniers allemands n'auront que deux réseaux à cisailler pour aboutir à l'entrée des ouvrages.
Ceux-ci ne comprenaient pas de portes blindés la plupart du temps.
Aucun champ de mines...
Certains obstacles furent même retirés pour faciliter les travaux agricoles dans la zone des armées !!!
A partir du 10 mai, il avait encore 3 jours pour remédier autant que possible à ces défauts.
Il n'en fit rien, se contentant d'appeler en renfort la 71ème DI, composée uniquement de réservistes âgés et encore plus mal armée que la 55ème DI, alors qu'il avait sur sa droite d'excellentes unités.
Sa seule excuse, c'est que LE GQG, Gamelin en tête, professait que les Ardennes étaient infranchissables par des blindés. C'était même l'axiome sur lequel reposait le plan Dyle...