François Delpla a écrit :
Au moins c'est nouveau, et pas consensuel, de prétendre que Hitler tenait au secret de Barbarossa, le partageait sûrement avec Hess et n'aurait pas toléré de l'exposer au sérum de vérité !
Ce n'est pas nouveau. C'est beaucoup plus consensuel qu'on ne voudrait nous le faire croire.
Le fait est que Hitler tenait au secret de Barbarossa. Les faits sont têtus. Je vous conseille de lire le "journal" de Goebbels qui évoque une "supercherie" de Hitler. En juin 1941 Hitler a donné l'ordre de masser des troupes dans le nord de la France pour faire croire qu'un débarquement sur les côtes anglaises est imminent. Hitler rivalise d'ingéniosité pour faire croire qu'il a les yeux tournés vers l'Ouest alors qu'il prépare une attaque à l'Est.
Hitler tenait au secret de Barbarossa. Quels sont les historiens qui auraient affirmé le contraire ?
Quels historiens ? Kershaw ? Glantz ?
Est-ce que Kershaw aurait insinué que Hitler voulait que les Britanniques et les Russes découvrent le pot aux roses ?
François Delpla a écrit :
Hitler n'avait pas le choix : cette existence d'un parti de la paix, prêt à renverser Churchill et à faire la paix si les Allemands présentaient des conditions "généreuses", ne manquait pas de vraisemblance et le jeu valait d'être tenté.
Je conteste cette analyse.
Hitler n’avait pas le choix ? C’est faux. Il a le choix d’attaquer la Russie et de faire la guerre sur deux fronts. Puisque la GB n’a pas voulu la paix, une action militaire à l’Est équivaut à faire la guerre sur deux fronts.
Comment Hitler a-t-il été assez stupide pour croire que lord Hamilton avait le bras assez long pour renverser Churchill ?
Lord Hamilton n’a pas besoin de Hess pour deviner que Hitler signera un traité de paix si les autorités britanniques acceptent des conditions similaires à celles qui ont été présentées par les autorités allemandes en juillet 1940.
Elgor a écrit :
Nouveau ? pas tant que ça ! et vous le savez bien !
Merci Elgor.
D'après François Kersaudy dans "Herman Goëring", Hitler prend connaissance de la lettre de Hess le dimanche 11 mai. Il convoque Goering sur lequel il passera sa première colère. Le 13 mai, il apprend la capture de Hess, ce qui, quelques semaines avant le déclenchement de Barbarossa, n'est pas sans lui poser quelques problèmes.
Je cite le texte:
« Londres annonce le 13 mai que Hess a été fait prisonnier, et Hitler est livide: c'est une énorme perte de prestige pour son gouvernement, et personne ne sait ce que le Parteiminister Hess a pu dire aux autorités britanniques au sujet de "Barbarossa", qui n'est éloigné que de 6 semaines. »Nous avons parlé de BARBAROSSA. Le moment est venu de parler de la lettre de Hess à Hitler.
Rochus Misch relate les préparatifs de l'envol et un détail frappant. Avant chacune des tentatives d'envol vers l'Angleterre, Hess remet à son aide de camp, un pli scellé à remettre à Hitler. Ce pli explique les motifs de la démarche de Hess et son intention de rencontrer lord Hamilton. Comment interpréter ce courrier si Hitler était au courant du projet de Hess ? Ce courrier n'est-il pas inutile ?
(Sources : Rochus Misch,
J'étais garde du corps d'Hitler : 1940-1945)
peche a écrit :
Le fait d'envoyer un haut-gradé du régime pour négocier une paix secrète n'est pas fou du tout. Avant barbarossa, réduire la guerre à un seul front n'était pas fou du tout.
C’est justement l’imminence d’une attaque contre l’Union soviétique qui nous fait douter que Rudolf Hess a agi sur ordre de Hitler. Hitler n'aurait pas pris le risque, en raison des faibles chances de succés et des inconvénients d'un échec. Les chances de succès sont infimes. Les inconvénients sont considérables.
Nous savons que des propositions de paix ont été faites en juillet 1940. Est-ce qu'un ministre allemand a été envoyé en avion pour faire la proposition ?
François Delpla a écrit :
Hess lui-même dit en arrivant que si on ne lui signe pas sa paix ça va barder. C'est bien pour cela d'ailleurs qu'il n'annonce pas Barbarossa autrement que comme une éventualité : il faut pouvoir faire craindre jusqu'au bout que Hitler, malgré l'évidence de ses préparatifs orientaux, puisse encore choisir, renoncer provisoirement à cette attaque et se déchaîner contre des possessions britanniques.
Je proteste. Il ne faut pas déformer les propos tenus par Hess lors des interrogatoires.
François Delpla a écrit :
(...) renoncer provisoirement à cette attaque (...)
Quelle attaque ?????
En aucun cas Hess ne doit affirmer qu’une "attaque" est imminente. Il ne faut pas que les Anglais sachent que Hitler prépare une grande offensive à l'Est.
Lorsque Hess est interrogé Kirkpatrick sur une éventuelle guerre germano-soviétique, il cherche à esquiver le sujet. Il reste évasif, il se garde bien de donner des indications précises.
peche a écrit :
En effet, ça se tient.
Non !!!!
Comment Hitler a-t-il était assez bête pour croire qu'un ministre allemand pouvait convaincre les Anglais de changer d'avis ?
Hitler se souvenait parfaitement que l’Angleterre avait rejeté les propositions de paix de l’Allemagne en juillet 1940. Pour quelle raison devraient-ils changer d'avis ?
François Delpla a écrit :
(...) renoncer provisoirement à cette attaque et se déchaîner contre des possessions britanniques.
Si Hess raconte ça, les Anglais seraient tentés de répondre : "Si Hitler voulait se déchaîner contre des possessions britanniques, il avait tout loisir de le faire entre juillet 1940 et mai 1941. En outre il peut le faire encore après mai 1941. Il n'est pas trop tard pour le faire. Qui empêchera Hitler d'intensifier la guerre contre la Grande-Bretagne ?"
peche a écrit :
Hess, qui est resté longtemps prisonnier, ne parlera-t-il jamais ?
Il a toujours dit qu'il a agi seul. Sa version des faits n'a pas changé entre le 10 mai 1941 et le jour de sa mort.
peche a écrit :
Il est étonnant que depuis le temps on n'ait pas trouvé de témoignages décisifs, ni de consensus.
Tous les témoignages confirment que Hitler était en colère lorsqu'il a apprit la fuite de Hess.
Quant on pense à la gravité de la situation, on comprend que Hitler n'a pas réussi à garder son calme. Hitler comprend immédiatement que cette affaire risque d'avoir des conséquences graves. Il ne faudrait pas que les Anglais découvrent le pot aux roses (Barbarossa).
peche a écrit :
Le 10 mai 41 est aussi le jour du plus gros bombardement subi par l'Angleterre depuis le début de la guerre cf.
http://la-guerre-au-jour-le-jour.over-b ... 80943.html. Est-ce cohérent avec une proposition de paix ? Ou est-ce un avertissement du genre on vous réduira en poussière si vous ne signez pas la paix ?
Un avertissement ???
Les bombardements du second semestre 40 se sont avérés inefficaces. Quelle est la situation à la fin de l'année 1940 ? Est-ce que la GB a montré des signes de faiblesse ?
On est en droit de supposer que Hitler a fait un bilan de la situation à la fin de l'année 1940. Il constate que Churchill n'a pas été renversé. Il en conclut que les bombardements ne permettent pas d'espérer la chute de Churchill.
Puisque les bombardements n'ont aucune chance de faire chuter Churchill, nous devons écarter l'hypothèse que leur reprise des 10 et 11 mai 1941 a été conçue pour faciliter des négociations menées par Hess.
Tous les historiens savent que les bombardements du 10 et 11 mai sont des raids de représailles. C'est Hitler lui même qui a exigé ces représailles après le terrible bombardement de Berlin le 9 avril.
peche a écrit :
Le voyage de Hess, le dernier coup de dés de Hitler ?
Pour quelle raison Hitler aurait-il accepté de lancer un "dernier coup de dés" ?
Si Hitler avait été dans une situation complètement désespérée, il aurait peut-être tenté un coup de poker ou un "dernier coup de dés". En avril 1941 Hitler n'est pas désespéré. Il prépare l'opération Barbarossa et il pense qu'une victoire de l'Allemagne est probable.