Jean R a écrit :
vous ne m'empêcherez pas de penser (et j'espère qu'on ne m'empêchera pas de dire) que le moment ou le point où une haine catégorielle (des Juifs ou de telle race ou supposée telle, des opposants, de telle classe...) atteint l'intensité émotionnelle qui en fait un délire (donc qui écrase le principe de réalité, ce qui est la définition basique de la folie) est un élément-clé, et qu'on peut dans une certaine mesure l'appréhender, donc en discuter.
Le moment ou le contexte (crise grave, préjugés déjà ancrés, etc.) qui fait qu'une majorité (ou une minorité assez forte et structurée pour s'emparer du pouvoir et le garder) marche dans ce délire (ce qui ne veut pas dire forcément qu'elle le partage au sens strict) est un autre problème, mais les deux se posent.
Je ne tiens absolument pas à vous empêcher ni de penser ni de dire. Je mets juste en garde contre la tendance à la personnalisation des questions historiques. Cet attrait pour les «grands hommes» est très simplificateur, réducteur et sans doute dangereux. Un sujet historique est un ensemble d'interactions complexes et malheureusement cela apparaît de moins en moins dans les vulgarisations grand public télévisuelles actuelles.
Le traité de Versailles et son application ont une importance majeure dans la montée du nazisme et pourtant cette mauvaise gestion d'une victoire militaire n'a apparemment pas servi de leçon lorsque l'on observe ce qu'il s'est passé en Irak. D'un point de vue toujours politique cela questionne également la faiblesse de certaines démocraties.
Pour en revenir à notre sujet, il y a des éléments historiques auxquels nous n'aurons jamais accès, comme la motivation réelle individuelle. C'est donc à leurs contextes et conséquences qu'il faut s'intéresser.
Ici, si l'on s'intéresse aux aspects psychologiques, les travaux de Hannah Arendt sont essentiels. En effet peu importe que la cause soit psychiatrique ou un calcul manipulateur, la conséquence est cette banalisation du mal qui concerne les populations "normales". L'aveuglement de ces populations "normales" pose également question.
On peut encore de nos jours légitimement s’interroger comment on arrive à cette banalisation, quel est le rôle de la propagande, des médias ...