Commode-le-clément a écrit :
Encore une fois, c'est votre point de vue. Mais je ne souscris pas à cette vision. Pour moi le pacte germano-soviétique ne prouve qu'Hitler veut une guerre à l'Ouest. Qu'il craint certainement les puissances Occidentales (même si quand on lit beaucoup d'auteur sur le sujet, disons le franchement, il prend les Alliés pour des pleutres).
Quand à ce que j'ai souligné en gras, Chapoutot explique cette attitude, non pas par une attitude de confiance au potentiel de l'Allemagne, mais parce qu'il ne craint pas la défaite, au contraire, il préfère une véritable défaite plutôt qu'une défaite humiliante comme en 14-18 où l'armée allemande n'a pas été vaincue. Selon cet auteur, c'est bien quelque chose qu'il faut avoir en tête pour comprendre l'action du dictateur allemand (et pour affirmer cela, l'auteur fait appelle à divers sources, dont des témoignages de ses proches).
En outre, je pointe bien la situation en septembre 1939. Quelques mois après, Hitler commence à comprendre que les Alliés n'ont pas l'intention de passer à l'offensive (alors qu'il la craint totalement une offensive française lorsqu'il est en Pologne).
A vrai dire, le gros gâchis de cette guerre, c'est l'inaction des Alliés durant cette période. Mais l'assurance d'Hitler ne veut rien dire non plus, il a par exemple sous-estimé les Etats-Unis...
Alors, avant tout, je ne suis pas du tout un spécialiste de cette période et des détails des années 1939-1940. Toutefois, même comme "non spécialiste", mais deux points suscitent me semblent un peu "bizarre" :
1) [D’abord, je suppose qu’il manque un « pas » dans votre troisième phrase ; sinon, ce qui est suit est caduque] Le fait de faire un pacte avec l’URSS me semble signifier que Hitler ne pense pas que l’Allemagne est capable de faire face, simultanément, à un front occidental et un front oriental. Donc, en toute logique, si on « neutralise » un côté (ce qui est l’objectif du pacte), il me semble que c’est bien pour s’occuper de l’autre côté. Sinon, je ne vois pas trop l’intérêt du pacte.
2) Je ne suis pas convaincu par le fait qu’un armistice puis traité de paix, sans défaite militaire, soit plus humiliant qu’une vraie défaite militaire. Je comprends toutefois l’idée que vous exprimez, mais j’émets des réserves quant à sa formulation. Si on prenait une image plus terre à terre et contemporaine, vous exprimez l’idée qu’il est plus humiliant, pour un boxeur, de perdre au point que de perdre par KO ; vous me permettrez de ne pas être d’accord avec ce point de vue. En revanche, oui, perdre au point est toujours plus contestable que perdre par KO.
Par ailleurs, au vu de vos précédents messages et des auteurs que vous évoquez, je reste extrêmement méfiants envers les témoignages d'individus. On sait très bien (en tout cas, la justice le sait pertinemment) que, de tous les éléments de preuves ou de justifications, le témoignage individuel demeure le moins fiable. Je ne mets même pas en cause la sincérité des témoins mais nous savons très bien que, avec le temps, avec les événements, la perception des choses par un témoin change.