Liber censualis a écrit :
Pierma a écrit :
J'ai signalé aussi la centralisation, comme jamais, ni avant ni après, dans l'histoire allemande.
Chapoutot dit que les nazis détestent l'Etat et lui préfère des "agences" avec des missions bien précises...
Je corrige juste ce malentendu : je parle de centralisation administrative de l'Allemagne. Les nazis ont mis en place des Gauleiter (responsable de district, en gros) correspondant à peu près aux actuels Länder, tous membres du parti et avec des prérogatives très étendues.
Par exemple, c'est eux que Speer est allé voir un par un pour leur demander de ne pas appliquer la politique de la terre brûlée - de la dévastation totale de l'Allemagne serait plus juste - fin 44 début 45. Ils avaient donc des responsabilités conséquentes.
Les agences en concurrence, c'est un phénomène très réel, mais sur des thématiques plus spécialisées : armement dans différents domaines, mobilisations industrielle, loisirs ouvriers (KdF), embrigadement de la jeunesse (HJ pour les garçons et BdM pour les jeunes filles), etc...
Jerôme a écrit :
sans être un expert, j'ai lu par exemple que les gauleiters dont on parle souvent n'étaient pas des relais de l'administration d'Etat comme on le croit souvent mais des relais du parti - comme les secrétaires de comité local du PC en URSS !
de même le système concentrationnaire relevait des SS qui relevaient aussi du parti
je crois en revanche que la Gestapo était une structure d'Etat placée de facto sous l'autorité des SS
On va essayer de voir un peu clair dans des structures qui le sont peu.
Les Gauleiters sont à la fois des membres du parti et des relais de l'administration centrale, c'est à dire des ministres, qui sont également presque tous membres du Parti. la comparaison avec l'URSS est juste, le parti nazi a tendance à remplacer toute autre administration civile.
Les SS ne relèvent pas du parti. Absolument pas. la Gestapo non plus.
L'un et l'autre dépendent d'un organisme volcanique, qui va prendre de plus en plus de responsablités au fil du temps, le RSHA, dirigé par Himmler. ReichsSicherheitHauptAmt -je mets des majuscules pour la clarté - soit Office Central de Sécurité du Reich)
Il est peut-être rattaché organiquement à un ministère, mais c'est sans importance : il est le bras armé de Hitler, via son maître-fonctionnaire de la mort, Hitler, et son maître-assassin Heydrich, dans tout ce qui compte au point de vue : organisation des SS, contrôle et répression politique, service d'espionnage nazi, organisation des camps et extermination.
Heydrich dirige la Sipo (Police de sûreté) qui comprend la Kripo (police criminelle, classique, notre Police Judiciaire) et la Gestapo (Police Secrète d'Etat, donc police politique, l'équivalent du NKVD russe) Le regroupement des deux permet d'orienter l'effort de TOUS les policiers vers le contrôle de l'Allemagne d'abord, des territoires occupés ensuite. de bons inspecteurs rôdés au travail classique de police y feront merveille, si j'ose dire.
Heydrich dirige également le SD (Service de Sécurité, qui fait de l'espionnage interne à l'Allemagne - essentiellement la destruction du PC allemand et des organisations réfractaires, et du contre-espionnage) qui se diversifie peu avant la guerre en SD-Ausland (à l'étranger) soit l'organisme d'espionnage nazi, en concurrence mortelle avec l'Abwehr, service secret militaire.
pour les SS, ils sont également sous la coupe de Himmler. J'ai oublié si c'est dans le cadre du RSHA ou s'il les dirige séparément. Mettons de côté les Waffen-SS, combattants, mais Himmler dirige l'Allgemeine SS, c'est à dire tous les autres, dont une partie est intégrée au RSHA dans la section qui dirige les camps - Les SS Totenkopf, à tête de mort. Cette section comprend aussi la logistique des camps et les transports pour extermination, dirigés par le bureau d'Eichmann.
C'est à la fois bordélique dans la structure, avec des chevauchements qui créent de la concurrence interne - une constante nazie bien vue par Chapoutot - mais très efficace dans l'application : on n'y discute pas les ordres, faut-il le préciser.
C'est également bordélique parce que Himmler veut tout prendre sous sa coupe. Plus la guerre avance, plus il en prend. Speer racontera que Himmler a essayé de le discréditer - à l'aide d'un coup tordu- pour prendre sous sa coupe l'industrie de l'armement, qui devait, dans son esprit, devenir une industrie nazie et dirigée par des nazis. Même chose pour l'expansion explosive des Waffen-SS, qui sont sous la direction militaire de la Wehrmacht, mais sont des soldats nazis dans l'âme, et embrigadés comme tels.
Organisation si tentaculaire et omniprésente, qu'on n'en distingue plus les contours. C'est ainsi qu'en plein PENDANT le procès de Nuremberg les juges apprendront, de la bouche du chef d'Auschwitz, le nom de Eichmann. Les alliés ignoraient le nom du nazi en charge d'organiser la Shoah !
Un seul gros échec : le service secret nazi. En 37 ou 38, même si on a déjà avancé des pions dans les pays cibles, il est bien tard pour mettre en place des agents bien placés et insoupçonnables. Dans l'espionnage plus qu'ailleurs, dit Pierre Nord, "le temps se venge de ce qu'on ne construit pas avec lui". De fait la totalité, semble-t-il, de ceux qui sont envoyés en Angleterre sont chopés et retournés ou exécutés. Entre autres bévues...
Mon exposé est aussi confus que son objet, je vous laisse à Wiki pour distinguer les structures officielles, sachant donc qu'elles sont très théoriques :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Reichssicherheitshauptamt