Barbetorte a écrit :
... plutôt que l'agression de l'URSS - celle-ci étant bien entendu repoussée à 1942. Donc reportée mais non annulée. S'étendre à l'est était LE BUT du nazisme. Hitler aurait-il renoncé ?
Je n'ai jamais dit qu'il y renonçait. Uniquement qu'il était très possible, avec une France encore en guerre en AFN en juillet 1940, qu'il y renonce pour 1941. Ni plus, ni moins.
Barbetorte a écrit :
Sauf qu'à la base le travail présenté sous
https://1940lafrancecontinue.org/ est un travail d'
analyse et que
ce travail d'analyse démontre qu'il y avait possibilité de transférer en Afrique du nord de quoi poursuivre les combats : là on n'est pas encore dans l'uchronie mais dans l'analyse pure.
Cette analyse est très contestable. Il me semble que l'armée de Terre n'aurait rien pu transporter de conséquent en AFN dont l'évacuation n'ait pas été décidée avant le 5 juin 1940 (alors que la ligne "Weygand" n'est même pas attaquée). Et l'AFN n'avait absolument aucun moyen d'entretenir une force conséquente de toute manière. Il y aurait eu des hommes, des fusils, mais pas de matériel lourd ni moderne. De la chair à canon pour les Panzer.
Pour répondre à Duc de Raguse : le raisonnement est plus complexe que cela.
1) si la France continue la guerre, la Méditerranée est une vulnérabilité critique dans le dispositif européen de l'Allemagne. Elle ne l'est clairement pas, en juillet 1940, dans la réalité historique, Hitler espérant même que les Italiens ne feront qu'une bouchée des Britanniques en Egypte, la Tunisie étant neutralisée, Mers-el-Kébir ayant creusé un fossé en apparence infranchissable entre la flotte française et les Britanniques, cantonnés à Gibraltar, Malte et Alexandrie. En effet, dans notre cas uchronique, les forces coalisées franco-britanniques sont capables d'opérer en Méditerranée de manière à menacer a) l'Italie (soit la "botte" directement, soit sa colonie libyenne) ; b) les Balkans - d'innombrables indices soulignent que c'était intolérable pour Hitler ;
2) Conséquence de ce qui précède, Hitler ne se serait vraisemblablement pas retourné contre l'URSS en 1941 avec son flanc sud dans un tel état de menace, je l'affirme avec un degré de certitude élevé. Il aurait voulu trouver une solution à ce problème et à la menace britannique sur les Balkans avant d'envisager une guerre contre l'URSS ;
3) afin de peser sur le cours du conflit en Méditerranée, il peut envisager plusieurs options, cumulables : a) Gibraltar ; b) la Tunisie et l'AFN ; c) l’Égypte ; d) Malte. On notera qu'à part la b, en raison de la neutralisation historique de ce territoire sous domination française, toutes les autres options ont été envisagées voire visées par les Allemands à partir de l'été 1940 ;
4) l'Allemagne était capable de transporter la guerre en Afrique du Nord : elle l'a fait à compter de février 1941. Je ne vois pas ce qui l'aurait empêché de le faire à partir d'août 1940 si elle l'avait décidé, à la condition du concours italien (acquis a priori) et sous la protection de la Luftwaffe en Méditerranée centrale, depuis la Sicile (ce qu'elle a fait avec l'envoi du X. Fliegerkorps à Taormina en décembre 1940). Avec l'appui aérien d'une Luftwaffe et d'une Regia Aeronautica maîtresses du ciel, ni la Royale ni la Navy n'auraient pu se risquer à l'empêcher ;
5) avec un simple corps mécanisé en Libye, la Tunisie est prise, objectivement. La ligne "Mareth" peut facilement être débordée par le Sud-Est (fait par les Britanniques en janvier-février 1943), les unités françaises sont absolument incapables de s'opposer efficacement à une guerre de mouvement mécanisée conduite "à l'allemande" à ce moment du conflit (tout comme les Britanniques, les Américains ou les Soviétiques) ;
6) je suis bien certain que si Hitler en avait fait une priorité, Franco aurait été obligé d'accepter le passage du XXXXIX. Gebirgskorps et de ses appuis jusqu'à Gibraltar. Même rétif, il eut suffi qu'Hitler mette 100 divisions dans la balance - et il les avait sous la main. Je le vois mal ne pas accepter de plein gré ce qu'il n'aurait pu refuser de toute manière.
Je ne sais pas sur quoi cela aurait débouché. On s'en moque un peu à vrai dire. Mais le point essentiel est que si la France était restée dans la guerre, il y a fort à parier qu'Hitler n'aurait pas attaqué l'URSS en 1941 pour privilégier des opérations visant a) au mieux à faire sortir le Royaume-Uni du conflit en lui prenant ses forteresses méditerranéennes et en s'emparant de l'AFN et de l’Égypte ; b) au pire à sécuriser durablement le flanc méridional de l'Europe allemande, effort sur les Balkans.
Je répète qu'Hitler a démontré à de nombreuses reprises à quel point les Balkans et le pétrole roumain étaient cruciaux pour lui, au point que j'en viens à me dire qu'il n'a véritablement décidé de rompre avec les Soviétiques et de les attaquer en 1941 que parce que ceux-ci s'étaient emparés de la Bessarabie et de la Bucovine septentrionale sur la Roumanie entre le 28 juin et le 3 juillet 1940 (plus le problème de la Sudovie lituanienne à peu près simultanément). La concordance entre ces annexions soviétiques et sa décision d'attaquer l'URSS (prise entre le 13 et le 29 juillet 1940) est suffisamment avérée pour qu'on y distingue une causalité évidente.
CEN EMB