Nous sommes actuellement le 17 Avr 2024 0:48

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 16 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 22 Nov 2020 19:13 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4452
Localisation : Versailles
Morte dimanche à l’âge de 100 ans, l’ancienne institutrice a mené bien des combats. Résistante, cette fervente catholique, hostile à la peine capitale, a contribué à sauver de la mort l’ancien employé français de la Gestapo qui avait précipité sa déportation à Ravensbrück.


https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 22 Nov 2020 20:13 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Jerôme a écrit :
Morte dimanche à l’âge de 100 ans, l’ancienne institutrice a mené bien des combats. Résistante, cette fervente catholique, hostile à la peine capitale, a contribué à sauver de la mort l’ancien employé français de la Gestapo qui avait précipité sa déportation à Ravensbrück.


https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html

l'individu en question, dont j'ai heureusement oublié le nom, s'était signalé dans la région d'Angers par sa férocité et son sadisme dans les interrogatoires.
A la Libération il s'est caché 15 ans dans le grenier de sa mère, où une cachette était aménagée en cas de visite inattendue. Débusqué finalement aux alentours de 1960, il doit effectivement à l'intercession de Noella Rouget, entre autres, d'avoir été condamné à une peine à temps, 20 ans je crois. (A la Libération on l'aurait collé au poteau sans délai.)

Cet individu a fini ses jours en Allemagne - il avait trop d'ennemis en France - marié à une Allemande rencontrée par lettre.

Gilles Perrault a attendu son décès pour révéler qu'il parlait bien de lui lorsqu'il le décrivait comme l'individu le plus visqueux qu'il ait jamais croisé (à Fresnes, où il venait visiter un autre interné) et l'homme qui avait dénoncé ses parents à la Gestapo.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 9:12 
Hors-ligne
Salluste
Salluste

Inscription : 12 Mars 2015 19:10
Message(s) : 243
Localisation : Bretaine et Lorragne
Effectivement celui qui n'était pas encore condamné est passé dans le massif vosgien fin 1944 où il s'est moyennement "illustré" à la solde de HD ERNST ... Il ne m'appartient pas de savoir s'il faut pardonner, mais ce qui est important, c'est d'écrire l'histoire.
JD


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 9:43 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
On peut donner son nom, qui appartient à l'histoire.

il s'agit de Jacques Vasseur.

Son procès a eu lieu en 65. Et tout de même :
Citer :
Il est accusé de 430 arrestations, 310 déportations et 230 morts.

De fait il est condamné à mort, et gracié par De Gaulle. Sachant que celui-ci ne faisait pas de cadeaux à ce genre d'individus - traitre à la France, très efficace contre la Résistance et bourreau sadique - on peut effectivement penser que l'intervention de Noëlla Rouget et d'autres a été décisive.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 16:09 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
Message(s) : 1140
Il y a un certain nombre de cas comme celui de Noëlla Rouget.
Je vous propose celui de Maïti Girtanner
à la différence du sieur Vasseur, le tortionnaire de Mme Girtanner s'est repenti => ce fut un pardon "réussi",
Pour Mme Rouget, voir que son bourreau ne se laissa jamais toucher fut un grand regret.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 16:23 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15825
Localisation : Alsace, Zillisheim
Le titre de ce fil me gène. Noëlla Rouget n'a jamais demandé qu'on "pardonne" au bourreau, et elle-même n'a pas accordé son pardon. Opposée à la peine de mort, elle a simplement demandé que celle-ci ne soit pas appliquée. Elle a demandé qu'on ne sois pas aussi abjects que lui. Je suis choqué de ces raccourcis qui déforment l'histoire et les intentions.

D'ailleurs un certain nombre d'opposants à la peine de mort y sont opposés car ils pensent que c'est un châtiment trop gentil. Radical, mais ils pensent que laisser quelqu'un macérer face à sa conscience pendant de longues périodes est une punition bien plus terrible.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 23 Nov 2020 16:44 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
Message(s) : 2196
Jérome ou un modo pourrait il alors éditer le titre de cette discussion ?

Edit : c'est fait. Pierma

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 22:52 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
Narduccio a écrit :
Noëlla Rouget ... n'a pas accordé son pardon.

A ceci nous n'en savons rien à moins que cette personne l'ait exprimé. Le pardon est une démarche intérieure, un cheminement personnel.
Cette personne est passée dans plusieurs émissions et a toujours évoqué sa foi présente aux pires moments.

*-*

_________________
"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 23 Nov 2020 23:08 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15825
Localisation : Alsace, Zillisheim
Rebecca West a écrit :
.
Narduccio a écrit :
Noëlla Rouget ... n'a pas accordé son pardon.

A ceci nous n'en savons rien à moins que cette personne l'ait exprimé. Le pardon est une démarche intérieure, un cheminement personnel.
Cette personne est passée dans plusieurs émissions et a toujours évoqué sa foi présente aux pires moments.

*-*


Si vous le voulez ... Disons que si elle a pardonné, elle n'en a pas parlé publiquement (du moins, pas à ma connaissance) ... Ce qui peut être une bonne preuve du fait qu'elle ne l'aurait pas fait. Quel serait l'effet d'un pardon non exprimé publiquement ?

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Pardonner au bourreau ?
Message Publié : 24 Nov 2020 9:58 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
Message(s) : 1140
Narduccio a écrit :
Le titre de ce fil me gène. Noëlla Rouget n'a jamais demandé qu'on "pardonne" au bourreau, et elle-même n'a pas accordé son pardon. [...] Je suis choqué de ces raccourcis qui déforment l'histoire et les intentions.
Mmmm

Disons en ce cas que d'autres ont fait le raccourci, et pas des moindres:
Le Monde en date d'hier a écrit :
Pendant des années, espérant sa rédemption, elle se lance dans un échange épistolaire avec Jacques Vasseur. Correspondance asymétrique où l’une cherche l’étincelle de l’âme et l’autre ne fait que se plaindre de son sort
Le Figaro, en titre, a écrit :
Une grande dame au pardon généreux
Emmanuel Macron, dans son communiqué, a écrit :
une partisane (sic) de la liberté qui donna aux valeurs de fraternité et de pardon leur incarnation la plus haute. [...] Cet acte de pardon, d'autant plus impressionnant qu'il se heurta à l'incompréhension hostile de ses contemporains et à l'impénitence du coupable, était la marque d'une immense générosité d'âme
l'historien Frédéric Sallée a écrit :
Une exemplarité du pardon pour l’Histoire.
dans la quatrième de couverture de sa biographie qui est sur ma liste d'achats, son biographe a écrit :
La rescapée des camps veut croire à la rédemption de son bourreau


Quelqu'un a-t-il la biographie de cette grande dame, pour que nous en ayons le cœur net sur son sentiment personnel?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Nov 2020 10:51 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 21 Nov 2008 17:01
Message(s) : 782
Localisation : Nevers
Les titres sont effectivement faux. Il n'est pas question de pardon, mais de demande de grâce.

Voici un article paru dans une revue catho, tendance tradi. Bien que l'emploi du mot pardon (à la toute fin de l'article) ne soit pas tout à fait en phase avec le reste de l'article, celui-ci ne sombre pas dans l'hagiographie facile et est suffisamment factuel pour trouver sa place dans ce forum :

Citer :
Noëlla Rouget, rescapée du camp de Ravensbrück, est décédée le 22 novembre. Résistante, puis déportée au cours de la Seconde Guerre mondiale, sa vie a été traversée par de grands bouleversements. Pourtant, lorsque son tortionnaire est condamné à mort plus de vingt ans après la fin du conflit, elle demande sa grâce, à la surprise générale.

Le choix de son prénom n’était pas fortuit. Noëlla Rouget, qui est décédée ce dimanche 22 novembre dans sa maison de retraite à Genève, fêtait ses 100 ans l’hiver dernier. Elle est née un 25 décembre. Une drôle de coïncidence pour cette femme qui s’est laissé guider toute sa vie par une foi qu’elle a chevillée au corps. Son incroyable histoire, rapportée par Le Monde, est un précieux témoignage et nous livre de puissants enseignements.

L’enfant Noëlla grandit dans une famille angevine où elle reçoit « une foi chrétienne profonde » ainsi que « des principes de comportement », ainsi qu’elle le formule elle-même. Elle a un frère, Georges, qui sera ordonné prêtre dans les années 1930. Au printemps 1940, lorsque résonnent les chants sordides des premières heures de la Seconde Guerre mondiale, Noëlla a 20 ans. Très vite, la jeune institutrice rejoint les bancs de la Résistance, d’abord en faisant passer quelques tracts, puis en devenant agent de liaison. Non contente de transmettre des messages, elle transporte également des valises et des armes sur sa bicyclette.

C’est à ce moment-là qu’elle fait la connaissance d’Adrien Tigeot, qui lui aussi a rejoint la Résistance. Communiste, il s’interroge sur la foi, en proie au doute. Les jeunes gens se plaisent et se fiancent. Le 7 juin 1943, Adrien est arrêté. Deux semaines plus tard, c’est au tour de Noëlla. Emprisonnée, elle est confiée à Jacques Vasseur. Fasciné par l’idéologie nazie, ce jeune homme de bonne famille a décidé de la servir corps et âme. Intelligent et parfaitement germanophone, il met son savoir au service de l’ennemi, devenant peu à peu un élément important de la Gestapo d’Angers.

Torturé au point d’être défiguré, Adrien ne survivra pas à son arrestation. Noëlle ne le reverra qu’une seule fois avant sa mort. Il lui laisse d’ailleurs une lettre qu’elle ne découvrira qu’à son retour de camp, dans laquelle il la somme d’être heureuse en souvenir de lui. « Puisque je ne suis plus, il faut que tu m’oublies, ma chérie, que tu vives. Notre grand amour est fini, il faut que tu guérisses ta plaie, que tu aimes encore. Ne fais pas un mariage de raison, ma Noëlla adorée, aime ton mari, sois heureuse, très heureuse, fais-le pour moi ». Une sorte de testament témoin de la grandeur qui peut habiter l’homme dans des circonstances exceptionnelles. Le 31 janvier 1944, la jeune femme part pour le camp de Ravensbrück qu’elle quittera le 5 avril 1945, pesant alors seulement 32 kilos. Fidèle au souhait d’Adrien, Noëlla profite de la vie. Elle épouse André Rouget et le couple s’installe à Genève. Deux enfants naîtront de leur union.

Si l’histoire de Noëlla est déjà peu ordinaire, la suite réserve quelques surprises. Alors qu’il avait fui à la fin de la guerre, Jacques Vasseur, qui se cachait chez sa mère, est arrêté le 21 novembre 1962. Coupable de plusieurs centaines d’arrestations, de déportations et d’assassinats, son procès défraie la chronique et ses victimes défilent à la barre. Mais alors que le public s’indigne et demande sa mort, Noëlla se dresse et livre un tout autre discours. « Le droit de mort, seul Dieu le possède, ce n’est pas aux hommes de décider », affirme-t-elle avec conviction, elle qui a pourtant perdu son fiancé à cause de cet homme. Elle va jusqu’à écrire au président du tribunal en plein procès. Peine perdue car Jacques Vasseur est condamné à être guillotiné.

Qu’à cela ne tienne, Noëlla, audacieuse et déterminée, s’adresse cette fois au général de Gaulle en personne pour lui demander de gracier son tortionnaire. « J’ai rejoint les rangs de ceux qui pensent que, s’il faut combattre l’erreur, nous n’en avons pas, pour autant, le droit de disposer de celui qui a erré », lui écrit-elle, justifiant sa requête par les mots suivants : « Parce que je crois en Dieu, en qui je reconnais le seul maître absolu de la vie et de la mort ».

Jacques Vasseur est finalement gracié par le général mais la position de sa sauveuse lui attire de nombreuses inimitiés, à commencer par celles des autres victimes. Dans une lettre à l’intention d’anciennes déportées, elle s’exprime ainsi : « Ne pensez-vous pas qu’il serait temps de nous affranchir de l’esprit de vengeance qui nous retient prisonnières de ce cercle de haine dont nous avons tant souffert et nous empêche d’être disponibles pour des attitudes autrement constructives ? […] Après avoir été des témoins de la haine portée à son paroxysme, devenons les promoteurs de la compréhension entre les hommes et du respect foncier de la vie ». Ses paroles puissantes interpellent encore aujourd’hui. À la manière des Justes parmi les Nations, Noëlla Rouget a osé élever la voix et s’essayer sans faillir à l’exercice délicat du pardon.

_________________
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Nov 2020 11:00 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
C'est un sujet très intéressant et très complexe parce-que chacun se "retrouve" un peu dans la démarche qui est celle du "pardon".

Vézère a écrit :
... Ce qui peut être une bonne preuve du fait qu'elle ne l'aurait pas fait. Quel serait l'effet d'un pardon non exprimé publiquement ?

Je ne vois pas le silence comme une preuve de ce qui n'est que des supputations (pour l'instant). Au nom du silence, des gens furent condamnés, le silence étant pris comme un aveu. Pendant longtemps, le silence des déportés leur fut préjudiciable.
Attend-t-on qu'en accordant son "pardon", ceci soit relayé publiquement, fasse les gros titre parce-que sinon où serait le plaisir ?
Au moins, là on fait la Une...
Voici ce qu'est -entre autres choses- l'effet d'un "pardon" exprimé publiquement. Le pardon vous rend soudain célèbre, c'est génial ! Enfin un retour sur exposition. J'ai du mal à voir les choses ainsi mais ceci n'engage que moi.

Un intervenant évoquait sa gêne au choix du mot : je puis comprendre comme je puis aussi comprendre le choix fait du titre initial puisque c'est ainsi que d'autres -vous les citez- se sont emparés de la démarche et ont souhaités y mettre un nom.

Peut-être que Noëlla Rouget a évoqué, employé le mot en question. C'est bien dommage car lorsque l'on lit les extraits (merci de les avoir recherchés) de journaux ou autre(s), on ne peut s'empêcher de songer combien tout ceci est réducteur et théâtralisé.
Que le moteur soit l'engagement dans quelque chose qui nous dépasse (foi, Résistance...), ceci est d'intérêt dans la mesure où la personne elle-même s'en exprime. Pour la foi, elle l'a fait. Non pas dans ses rapports avec son bourreau mais en évoquant une "aide" supérieure durant sa déportation. Cette "aide" l'aurait amenée à tenir.

Pour le reste (les journaux) ceci fait un peu déballage et tout comme certains sont ennuyés/gênés par un choix de mots, ceci me gêne tout autant. Il est certain qu'en s'inscrivant dans une démarche de partage avec les jeunes générations, cette femme ne pouvait qu'à un moment ou un autre attirer l'attention.
De là à évoquer les échanges avec Vasseur dans une recherche de quoi ? En tout cas, si l'effet attendu était une réflexion, ce fut vain.
Si l'effet attendu -je n'ose le croire- était que tout un chacun soit au courant : c'est réussi au-delà de tout espoir. C'est ceci qui me gêne un peu. On ne peut que se sentir "voyeur" et "preneur" : ceci fait un peu "Gala" ou autre mais là, il faut y voir du "sérieux" alors que nous sommes dans un cheminement qui fut loin d'être unique mais qui a pris une dimension personnelle.

Je viens de lire Jean-Mic : merci pour ces précisions qui remettent un peu les choses à leur place.

*-*

_________________
"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 24 Nov 2020 13:30 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15825
Localisation : Alsace, Zillisheim
Rebecca West a écrit :
De là à évoquer les échanges avec Vasseur dans une recherche de quoi ? En tout cas, si l'effet attendu était une réflexion, ce fut vain.


Il y a plusieurs cas de déportés qui sont allés à l'encontre de leurs bourreaux. La démarche générale semble être : "contrairement à ce que TOI tu pensais de nous, donc que nous n'appartenions pas à la même humanité que toi, NOUS nous pensons que tu es un humain, et à se titre, nous aimerions infléchir ta réflexion pour que tu te remette en cause."

Les résultat sont très divers. Certains n'ont pas changé d'un iota et pensent que ce qu'ils ont fait, ils avaient à le faire. Donc, que si la situation s'y prêtait, ils le referaient. Il y a le groupe des "je n'ai fait qu'obéir aux ordres, si je ne l'aurait pas fait, j'aurais été à leur place", bref, je fait cela contraint et forcé et je ne m'en sens pas responsable. C'est complexe car parfois c'est bien le cas, mais, en général, ceux qui se retrouvaient gardien de camp avaient un parcours qui les prédestinait à le devenir.

Et puis, il y a le groupe de ceux qui ont effectivement changés. Alors, ce n'est pas non plus un groupe monolithique. Certains ont changé car ils ont trouvé ou retrouvé une foi religieuse. Pour d'autres c'est un cheminement moral où ils reconnaissent les vertus de la démocratie et du vivre ensemble, d'autres ... Chacun est différent, c'est la leçon que j'en retiens et pour moi, c'est bien la négation du nazisme et de tous les totalitarismes.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 25 Nov 2020 0:41 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
Vous avez raison, à chaque personne sa démarche afin de se reconstruire et les cas évoqués par vous sont souvent rencontrés.
Je suis moins optimiste pour les remises en question. Déjà parce-que -pour certains- il fallait comprendre/trouver où se situait l'anormalité puisqu'au final toute leur vie était construite et rythmée par l'idéologie NS ; au sein d'un régime totalitaire, où se situe la responsabilité individuelle ? Existe-t-elle ? L'esprit est entravé par un discours comment le délier ? Le corps est entravé par d'incessantes demandes, une dynamique épuisante qui va aller crescendo : comment se libérer ?
Très vite, avant même le conflit, on arrive à un point de non-retour pourquoi ne pas suivre un chemin si prometteur ?

Commenta-t-on pu étaler ainsi une lettre aussi personnelle que celle d'Adrien Tigeot ? Montrer qu'avant la déportation, cette femme a eu une vie ? Quelques mots suffisaient à donner l'ampleur de ce qui a été et s'est brisé. Je suis allée sur wiki et là aussi je reste perplexe. L'impression est celle de la sortie des wagons : on se dépouille de tout, on est nu(e) ; de la même manière, de retour à la normalité, on garde des réflexes acquis lors de la déportation et on ne sait plus trop où mettre le curseur.
Lors d'une émission où Madame Veil ainsi que Cyrulnik étaient présents, la réadaptation -dont le temps est inégal pour chacun- avait été évoquée avec des exemples assez similaires.

Maintenant, en lisant le tout de manière totalement neutre/éloignée : il existe tout de même des rapports étranges tissés entre cette femme et Vasseur.
Après tant d'échanges stériles, pourquoi continuer ? Etait-ce une aide pour se reconstruire ? Un besoin ? Une mission ?
Pourquoi ne pas s'être arrêtée à son implication dans la Résistance et sa déportation ? Bien expliciter sa prise de position très personnelle concernant la "grâce" ? Pourquoi fut-elle si seule dans cette démarche alors que d'autres femmes -croyantes pour certaines- furent déportées, revinrent et se virent confrontées à leurs tortionnaires ?
Ces questions ont elles été absentes de ses réflexions ? Si oui pourquoi et comment attendre de Vasseur une remise en cause lorsque l'on reste/souhaite rester une énigme pour soi-même ?

*-*

_________________
"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 25 Nov 2020 8:47 
Hors-ligne
Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
Message(s) : 1140
Rebecca West a écrit :
.
C'est un sujet très intéressant et très complexe parce-que chacun se "retrouve" un peu dans la démarche qui est celle du "pardon".

Vézère a écrit :
... Ce qui peut être une bonne preuve du fait qu'elle ne l'aurait pas fait. Quel serait l'effet d'un pardon non exprimé publiquement ?

Je ne vois pas le silence comme une preuve de ce qui n'est que des supputations (pour l'instant).
Juste une petite incise, pour dire que cette phrase n'était pas de moi mais de Narduccio. Et qu'en l'occurrence je ne pense pas ainsi.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 16 message(s) ]  Aller vers la page 1, 2  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 21 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB