Barbetorte a écrit :
Pierma a écrit :
Vous rigolez ? Si l'Allemagne déclenche une deuxième guerre mondiale en 25 ans, les Alliés voudront en finir définitivement avec ce pays. Peut-être un éclatement en zones d'occupation et le plan Morgenthau ?
En 1939, les Alliés étaient la France et le Royaume-Uni. Je ne sais pas quelles étaient les intentions des deux gouvernements à la suite de la victoire espérée. La décision d'en finir avec le régime nazi a été prise formellement par Churchill et Roosevelt lors de la conférence de Casablanca en janvier 1943. Le contexte avait changé.
Là on est dans un gros what-if : la victoire des Anglo-français. (Malgré l'accord germano-soviétique, qui réduit encore leurs chances.)
Vous dites le contexte avait changé. Certes. Mais ce qui n'avait pas changé c'est que pour la seconde fois en 25 ans ces deux alliés devaient se fader une guerre à mort voulue par l'Allemagne. Si le traité de Versailles, mal ficelé, a laissé la place à l'arrivée d'Hitler, il me parait évident que ces deux alliés, comme plus tard les Américains et les Russes, avaient en tête de tout faire pour en finir une bonne fois avec cette menace récurrente.
Maurice Chevalier ("d'excellents Français") traduit un sentiment général :"Qu'on nous foute une bonne fois la paix !" Sentiment très prégnant et très vif chez les anciens de la Grande Guerre, exaspérés que tous les efforts et toutes les souffrances passées n'aient rien apporté que d'en revenir au même point.
Evidemment la défaite de la France en 6 semaines allait convaincre les protagonistes les plus puissants (les USA et l'URSS) que cette menace était à prendre
très au sérieux (pire que ce qu'ils imaginaient jusque-là) mais ce sentiment d'exaspération envers l'Allemagne préexistait chez les deux. Quant à Churchill, à ce tournant de l'histoire il a conscience, et il le dit à son peuple, qu'il incarne seul la liberté du monde.
Négocier une paix avec une vague modification de frontière ? Pour se taper un troisième round à nouveau 20 ans après ?
Au 8 mai 45, le SHAEF envoie un colonel dans une "fact-finding mission" à travers l'Allemagne dévastée dont l'objectif est de déterminer combien il faudra de temps à l'Allemagne pour être à nouveau en mesure de troubler la paix mondiale. Rétrospectivement ça nous parait un peu déroutant, mais à l'époque ça semblait être une vraie question. - Ce colonel revint avec la conclusion rassurante :"The ability to wage war has been destroyed for a generation". (La capacité [de l'Allemagne] à faire la guerre a été annihilée pour une génération.) Il y ajoutait des observations - qui nous semblent évidentes avec le recul de l'histoire - tendant à se demander plutôt combien d'années il faudrait à l'Allemagne pour rebâtir quelque chose d'acceptable pour la vie de sa population.
Je propose qu'on arrête là ce HS.
(A moins d'ouvrir un sujet sur "L'Allemagne, ennemi héréditaire". Marc Ferro fait en effet remarquer que deux siècles auparavant, c'est la France qui jouait le rôle de l'ennemi héréditaire. Dans l'Allemagne du Saint Empire, le traité de Nimègue était surnommé "Nimweg" - "impasse", je crois - et celui d'Utrecht "weg zu unrecht" - "chemin de l'injustice".)