Barbetorte a écrit :
Qu’avaient en tête les dirigeants français et britanniques ?
« On occupe l’Allemagne et on éradique le nazisme » ?
« On fait au mieux, on verra plus tard »?
« Mais dans quelle galère nous sommes-nous embarqués ? »
Barbetorte, je pense que vous avez "oublié" le point soulevé par Narduccio (qui apparaît en filigrane dans vos deux dernières propositions) : "On attend les Américains".
Je me permets donc de compléter votre liste :
Citer :
Qu’avaient en tête les dirigeants français et britanniques ?
« On occupe l’Allemagne et on éradique le nazisme » ?
« On fait au mieux, on verra plus tard »?
« Mais dans quelle galère nous sommes-nous embarqués ? »
" On se renforce militairement à l'abri de la ligne Maginot et on attend les Américains"
D'ailleurs, avant même les Américains, on attend une armée anglaise digne de ce nom - disons 40 divisions supplémentaires - parce que Chamberlain n'a rétabli le service militaire que début 39, et pour l'instant la "so-called" armée anglaise en France ne compte guère plus de dix divisions, une misère.
(Comme l'a déjà souligné Jean-Marc Labat, avec 50 divisions anglaises les Allemands ne passaient pas, ni dans les Ardennes ni ailleurs.)
Cela dit, il y a une part non négligeable du personnel politique français qui se demande dans quelle galère la France s'est mise, face à une Allemagne deux fois plus peuplée, et qui souhaite "ne pas provoquer Hitler". Ceux-là accusent les autres de "bellicisme". En pleine guerre, ce qui est fou !
Churchill, qui veut faire dériver des mines dans le Rhin (L'idée en vaut une autre) s'entend répondre - il en fait l'écho stupéfait dans ses mémoires - qu'il ne faut pas prématurément provoquer Hitler !
Mais beaucoup d'autres ont (enfin) compris le danger hitlérien et savent qu'on ne s'en débarrassera pas par un vague traité. (Paul Reynaud le comparait à Gengis Khan, ce qui est situer le problème à son juste niveau. Mais en même temps il s'entourait de "bellicistes" déterminés, comme Mandel, mais aussi de pacifistes sponsorisés par sa maîtresse, ce qui le perdra !)
GustavedeBeaumont a écrit :
Il devaient aussi tabler sur le fait que la population allemande ne serait pas fâchée d'être débarrassée d'un dictateur arrivé au pouvoir par machination.
Là Beaumont vous rêvez. Hitler qui a mis fin au chômage, qui a déjà ramassé l'Autriche, la Bohème (république tchèque) et va avaler la Pologne en 3 semaines, suscite un enthousiasme débordant, amplifié par une propagande et un embrigadement de la population omniprésents. (Regardez seulement l'accueil que lui font les Viennois !)
Il a sans doute des opposants qui n'en pensent pas moins (les ouvriers anciens communistes - ça leur passera - et pas mal de militaires) mais en gros le seul sentiment négatif très répandu en Allemagne est la crainte diffuse d'une réédition, face à la France, de l'épouvantable boucherie de la grande Guerre.
@Karolus : oh mais si, la défaite de la Pologne est prévue. Les militaires français ne se faisaient aucune illusion sur les capacités de résistance de la malheureuse armée polonaise. Déjà qu'ils souhaitaient s'en tenir à une stratégie défensive pour eux-mêmes, en attendant des jours meilleurs, alors l'armée polonaise ! (Sans parler du fait, imprévu - je vais le mettre dans le fil sur les surprises de la SGM - qu'elle va affronter également l'Armée Rouge) L'offensive de la Sarre est une "stratégie de théâtre" pour qu'il soit dit qu'on fait quelque chose, mais il n'a jamais été prévu de la pousser jusqu'en Allemagne.
LCL_511 a déjà exposé longuement le temps que nécessitait la mobilisation française - elle sera à peine terminée au retour de l'armée allemande au complet - et l'impossibilité de pousser en Sarre avec les moyens disponibles.
Une remarque générale pour finir : même si Hitler prend son temps, peaufine et entraîne son armée à la lumière des enseignements acquis en Pologne, et renonce plusieurs fois à lancer l'offensive en plein hiver, globalement il sait que le temps joue en faveur de la France : l'armée anglaise est en train de se constituer, et l'effort de réarmement lancé en gros par le Front Populaire en 38 va payer de plus en plus, en particulier pour les blindés et l'aviation.
La France joue donc une stratégie d'attente et se félicite de la Drôle de Guerre. Cette stratégie sera brutalement contrariée le 10 mai 40, et sans rémission.