Nebuchadnezar a écrit :
En repensant à l'histoire de Vichy, je me pose la question de son pouvoir réel après l'occupation de la zone libre en décembre 1942.
Tout d'abord, toute la métropole étant occupée, le gouvernement de Vichy n'a plus de réelle autonomie par rapport aux Allemands. Dans les faits Pétain chef d'état et Laval chef du gouvernement ne feront plus rien d'autre que ce que demandent les Allemands.
Les Allemands sont représentés sur le plan civil par
Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne à Paris - qui suit les directives précises d'Hitler - et se charge de cornaquer ce tandem.
Quel pouvoir réel ? Hé bien le gouvernement français a toujours autorité sur les fonctionnaires français, (ministères, préfets et administration générale, enseignants, justice, police, gendarmerie, etc...) et il doit même avoir un ministère des affaires étrangères et un reste d'activité diplomatique. (les ambassades restées à Vichy - au minimum : les pays alliés de l'Allemagne, la Suisse et le nonce apostolique, mais il doit y en avoir d'autres - et les ambassades de Vichy à l'étranger, en gros on doit retomber sur les mêmes...)
Et n'oublions pas le Commissariat aux Questions Juives, qui doit dépendre du ministre de l'intérieur, je pense.
Citer :
Ceci remet en cause les termes de l'armistice, et ne laisse plus de marges à Pétain et à son gouvernement. Dès lors, qu'ont-ils fait jusqu'au départ à Sigmaringen en décembre 1944 ?
J'ai lu qu'à ce moment, Pétain et Laval ont bien annoncé quitter leur fonction. Il s'est trouvé des collaborateurs assez fanatiques ou carriéristes pour former encore un nouveau gouvernement
Le départ vers Sigmaringen a lieu en août 44. (a peu près à la date de la libération de Paris, ou un peu avant. Pétain laisse fracturer sa porte, pour marquer qu'il est embarqué de force. Laval est déjà à Belfort. Tous deux se refuseront à toute activité politique en Allemagne.)
Citer :
Mais que se passe-t-il avant ? Que font Pétain et Laval de 1943 à 1944 ? Se contentent-ils d'entretenir l'illusion du pouvoir ?
Laval n'ayant fait que trahir jusque-là, il va continuer. En particulier il négocie le STO (Service du Travail Obligatoire) avec Sauckel, le responsable du Reich pour la main d'oeuvre, et il crée la milice en janvier 43.
D'autre part la police et la gendarmerie continuent d'exécuter les ordres d'arrestation, ce qui n'est pas nouveau mais s'étend logiquement à la zone "libre".
Début 44, il se voit imposer des ministres qui sont des ultras parisiens de la collaboration, ce qui marque un tournant totalitaire.
Par exemple, pour Darnand :
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Darnand reste pour l'histoire le secrétaire général et véritable chef opérationnel de la Milice française, organisation paramilitaire de type fasciste, supplétive de la Gestapo, chargée de la traque des résistants, des Juifs, des francs-maçons et des réfractaires au STO, créée par Pierre Laval, en accord avec Pétain, par la loi du 30 janvier 1943. Après avoir été nommé, à la demande des autorités allemandes, secrétaire général au maintien de l’ordre dans le gouvernement de Vichy le 1er janvier 1944, il devient secrétaire d’État à l’Intérieur le 14 juin 1944.
Si Pétain ne fait rien que contraint, mais finit toujours par signer lois et ordonnances (pour simplifier) Laval, lui, continue son activité d'avant l'occupation de la "zone libre". Il marquera certaines réticences à travailler avec les furieux qu'on lui impose début 44, mais cela demanderait à être détaillé.
(Je laisse le sujet se développer, il y a matière...)