Duc de Raguse a écrit :
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Eisenhower vomissait le personnage
Quid des anglo-américains ? Giraud est bien moins sali par la politique de collaboration de Vichy qu'un Darlan.
Vu l'accueil fait par la presse anglo-saxonne à Darlan, Roosevelt a été forcé de concéder que ce n'était qu'un "expédient provisoire". Il a dû bénir le "destin" qui lui permettait de jouer la carte Giraud, que les alliés avaient amené dans leurs bagages en débarquant en AFN.
Mais Giraud c'est Vichy en plus présentable. Il va conserver les lois de Vichy (législation antisémite, en particulier) garder en détention les résistants et les communistes qui s'y trouvent, et maintenir à leur poste les hiérarques vichystes. (et pour mémoire, sur la demande de Laval, il a signé en métropole une lettre à Pétain où il s'engageait sur l'honneur à toujours suivre sa politique...)
Quand on lui demande quel régime il souhaite établir en France libérée, il répond qu'il ne fait pas de politique ! "Un seul but, la victoire", rien d'autre. Bref, c'est le képi vide idéal pour Roosevelt, qui entend décider du régime français sans intervention de De Gaulle, ce général qui ne rêve qu'à la dictature.
Pour s'opposer à cette orientation dangereuse, De Gaulle va jouer deux cartes :
- Insister de toutes les façons possibles pour que la direction des Français qui se battent soit unifiée. Qu'une partie soit dirigée par la France Libre et l'autre par le "Commandant civil et militaire" est absurde et intenable à terme. Evidemment, la direction qu'il accepte de partager avec Giraud devra défendre et s'appuyer sur les principes et les libertés démocratiques, ça va mieux en le disant, et sur ce terrain il est solide face aux opinions publiques et aux gouvernements alliés.
- Travailler l'opinion métropolitaine, et d'abord unifier la Résistance sous une direction commune qui soit rattachée à la France Libre et clairement opposée au néo-vichysme qui règne en AFN. (A Churchill : "faites attention, si vous allez en France sans moi vous y serez reçu à coups de fusil")
Cela va lui prendre du temps - et des efforts sans nom, Roosevelt ne lâchant rien - mais il finira par éliminer Giraud et par établir à Alger l'ébauche d'une représentation française démocratique, sous sa direction.