https://www.parismatch.com/Culture/Cine ... -il-102653


La relation des événements par Collins et Lapierre est-elle un reflet fidèle de la vérité historique ?
Pourquoi Dietrich von Choltitz a-t-il renoncé à détruire Paris ? Est-ce son humanisme ou bien a-t-il manqué de moyens ?

L'une des raisons serait que le fait de ne pas détruire Paris a permit le repli des armées allemandes venant de Normandie et qui était nécessaire pour la défense du territoire national allemand. D'un coté la vision d'un nationaliste (Choltitz), de l'autre la vision nazie.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Une autre raison qui a pu peser : la résistance l'a informé, via le consul de Suède, sauf erreur, qu'il serait considéré comme criminel de guerre s'il détruisait Paris. (Menace française, mais comme il avait laissé pas mal de sang en Russie, se trouver inscrit sur la liste des criminels de guerre pouvait amener à sa livraison à la Russie. De quoi réfléchir...)

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Je ne suis pas sûr que von Choltitz fût un grand humaniste. Il était plus probablement simplement lucide. En août 1944, les carottes étaient cuites et, à moins d’être un nazi fanatique, il y avait lieu de se préoccuper de l’avenir. Les officiers provenant de l’aristocratie prussienne avaient dans l’ensemble peu d’estime pour Hitler et, s’ils se montraient disciplinés, il n’étaient pas disposés à le suivre aveuglément par fanatisme. Un bon exemple en est donné par Von Rundstedt qui avait conseillé à Hitler de mettre fin à la guerre dès juin 1944.

En ce qui concerne von Choltitz en août 1944, on peut donner plusieurs explications convergentes.

Détruire tout Paris nécessitait d’assez gros moyens tant en matériel qu’en personnel. L’ordre ne lui a été donné par Hitler que le 23 août. C’était probablement trop tard. Néanmoins les principaux ponts avaient été minés et ils auraient été détruits si von Choltitz l’avait ordonné.

La destruction ordonnée ne présentait aucun intérêt tactique. Au contraire, elle aurait contrarié le repli en bon ordre des forces allemandes qui était en cours.

Les Alliés avaient fait savoir que les responsables de crimes de guerre seraient jugés après la guerre. Von Choltitz ne voulait pas se compromettre inutilement. Il avait par ailleurs pris la précaution de faire mettre sa famille en sécurité en Suisse en prévention de représailles ordonnées par le gouvernement allemand.

Paris brûle-t-il? n'est certainement pas une œuvre fidèle à la réalité historique sur ce point sinon un film qui est diffusé sur fond de réconciliation avec l'Allemagne et tente d'améliorer l'image des teutons en France, ce n'était vraiment pas politiquement correct que de montrer qu'ils avaient voulu détruire Paris, d'ailleurs à plusieurs reprises
les unités du Génie allemand avaient commencé à miner la capitale mais le soulèvement de Paris et donc le manque de contrôle de la capitale qui aurait réclamé des troupes plus importants a compliqué leur tâche

je ne peux qu'enjoindre de suivre un documentaire rediffusé régulièrement sur LCP qui a fait justice de Choltitz, ce prussien francophobe artisan de la répression contre les Parisiens, présenté comme sauveur humaniste de Paris que son fils aurait voulu faire citoyen d'Honneur de la ville

« Détruire Paris, les plans secrets d’Hitler » : Paris fut bien à deux doigts de brûler
Un documentaire montre l’acharnement du Führer et écorne le mythe de von Choltitz sauveur de la Ville Lumière.
https://www.lemonde.fr/televisions-radi ... 55027.html

Choltitz à Paris ne fut l'artisan que l'une des tentatives allemandes de détruire la capitale :

Acte 1
Dans ses Mémoires publiés en 1950, celui-ci racontera comment il a sauvé la capitale en refusant d’obéir. Un récit qui sera célébré par la littérature et le cinéma, notamment dans Paris brûle-t-il ?, de René Clément (1966). Le film de Françoise Cros de Fabrique s’applique à déconstruire ce mythe : son enquête établit tout d’abord que von Choltitz était un officier discipliné qui détestait les Français. Il ordonne le minage des ponts et des monuments. Les archives de la Préfecture de police de Paris, retrouvées avec l’aide de Luc Rudolph, ancien contrôleur général de la police nationale, montrent que le service des explosifs est intervenu fin août 1944 pour déminer certains édifices.
Si von Choltitz échoue à appliquer les ordres d’Hitler, c’est parce qu’il manque de temps et de troupes. Celles-ci ne sont pas assez nombreuses pour mater l’insurrection parisienne. Comme l’explique l’historien Fabrice Virgili, von Choltitz accepte le cessez-le-feu négocié par le ­consul de Suède Raoul Nordling avec les gaullistes, non pour sauver Paris, mais sa peau.
De même, von Choltitz sera longtemps ­considéré comme un héros par les Parisiens. Dans le contexte de la guerre froide, il devient capital pour les Occidentaux de réintégrer l’Allemagne dans le jeu politique international. Au total, une enquête brillante, s’appuyant sur un solide corpus d’images d’archives, qui exhume des pages effacées par l’histoire officielle.

Acte 2
Malgré cet accord, Hitler ne renonce pas à son projet de réduire Paris en poussière. Il ordonne des tirs de missile V2 depuis la coupole d’Helfaut, dans le Pas-de-Calais. L’officier Hans Speidel affirmera n’avoir pas transmis cet ordre qu’il jugeait « absurde ». En réalité, ces tirs étaient impossibles à exécuter.

Actes 3 et 4
les bombardements de la Luftwaffe et les raids oubliés de V2 sur Paris de fin août à octobre 1944, la progression alliée finissant par éloigner la menace :
Hitler commande ensuite à la Luftwaffe de bombarder Paris : 120 avions larguent des centaines de bombes incendiaires sur la capitale dans la nuit du 26 août.
Des missiles V2 tirés depuis la Belgique feront également de nombreux dégâts dans vingt-deux communes autour de Paris. A Alfortville (Val-de-Marne), soixante maisons sont réduites en cendres. Alors que les tirs se font de plus en plus précis et se rapprochent de leur cible, la capitale, ceux-ci s’arrêtent le 6 octobre, lorsque Hitler décide de concentrer les bombardements sur Londres.

J'ai un souvenir d'une conversation téléphonique de Choltitz avec Speidel où il en fait ders tonnes sur les descriptions des destructions futures (pour donner le change au service des écoutes ?) et Speidel comprend qu'il bluffe et épargnera les destructions irrémédiables pour Paris...

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… il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer…

Et même jusqu'au 26 décembre 1944, (je découvre) si j'en crois cette étude des dossiers d'indemnisation de la ville de Paris.
Noter que la région parisienne a été bombardée par les Allemands une fois le 3 juin 40, la fois suivante le 26 août 44.
Entre temps, il y a eu tous les bombardements alliés, qui forment en fait le gros des dégâts et des victimes.

Le 23 août Choltitz téléphone à Speidel. La conversation téléphonique est relatée par J-F. Muracciole (2013, p. 275).
Speidel et Choltitz savaient qu'ils étaient écoutés par la Gestapo.



Jean-François Muracciole, La libération de Paris. 19-26 août 1944, Tallandier, 2013.