MG42 a écrit :
Une dette de guerre astronomique (132 milliards de Marks-or.) l’écrasait et la condamnait à emprunter à l’extérieur pour y faire face
« l’écrasait ?? »
Chronologie des réparations allemandes :1919 : L'article 231 du traité de Versailles déclare l'Allemagne « responsable, pour les avoir causés, de tous les dommages subis par les gouvernements alliés, par suite de la guerre qui leur avait été imposée par son agression ». Une Commisssion des réparations est chargée d'en évaluer le montant. En attendant, l'Allemagne devra payer 20 milliards de marks-or avant le 1er mai 1921
1920 : Conférence de Spa : Les Français estiment que le montant total des dommages subis par les Alliés s'élève à 226 milliards de marks-or.
1921 : La Conférence de Londres : le montant des dommages est évalué à 150 milliards de marks-or et le montant des réparations que devra payer l'Allemagne fixé à 132 milliards de marks-or.
1923 : L'Allemagne confrontée à une grave crise financière déclare qu'elle n'est pas en état de payer les réparations et sollicite un moratoire. Le gouvernement français décide l'occupation militaire de la Ruhr, mais doit se retirer sans contrepartie sous la pression de ses alliés.
1924 : plan Dawes : prêt américain à l'Allemagne pour l'aider à effectuer ses premiers versements et adoption du principe d'annuités progressives fondées sur le redressement économique de l'Allemagne.
1929 : plan Young le montant des réparations abaissé à 38 milliards de reichmarks payables en 59 annuités jusqu'en 1988.
1931 : moratoire Hoover : paiement des réparations et des dettes interalliées suspendu pendant 1 an.
1932 : Conférence de Lausanne : réparations ramenées à 3 milliards de marks qui ne seront jamais payés.
1933 : Hitler met fin définitivement au paiement des réparations.
Bilan : l'Allemagne n'a versé que 22,8 milliards de marks au lieu des 132 prévus initialement. MG42 a écrit :
ses possibilités de production diminuées, par le rapt de quelques-unes de ses zones riches en matières premières (Sarre), d’une importante partie de son équipement industriel (démontage d’usines que les Alliés s’étaient appropriées
Comparons donc la situation de la production (M t) en Allemagne et en France entre 1913 et 1927 (source : Bernd Weisbrod,
Schwerindustrie in der Weimarer Republik, 1978)
....................................................Production 1913.........Capacités 1927
Allemagne..........................................12,2..........................17,3
Sarre.................................................2,1............................2,3
Luxembourg.......................................1,3............................2,8
France...............................................4...............................9,9
Les productions sarroises et luxembourgeoises étant intégrées à celles de l’Allemagne en 1913, puis passées sous contrôle français, la situation réelle est donc:
Allemagne.........................................15,6..........................17,3
France + espace sous contrôle............4..............................15
La situation est donc loin d’être aussi catastrophique que vous le prétendez, d’autant plus que les capacités de production allemandes correspondent réellement à la production, tandis que les capacités françaises en sont loin, car les dégâts de la guerre ne sont pas encore effacés.
Certes, la crise a été très grave jusqu ‘en 1923, mais de 1924 et 1929, l’économie se redresse de façon spectaculaire, grâce à l’action de Stresemann : stabilisation monétaire (Rentenmark), traité de commerce franco-allemand de 1927 qui permet le retour de l'Allemagne à la clause de la nation la plus favorisée... l’Allemagne reste donc une grande puissance économique.
Cette politique a cependant nécessité une étroite imbrication financière avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, (dépendance voulue par Weimar pour obtenir l’appui des anglo-saxons face à la France d’ailleurs), et c’est justement cette dépendance, et pas le traité de Versailles, qui explique l’arrivée foudroyante de la crise en Allemagne dès 1929.
Quant à sa « main-d’oeuvre intacte », PJ57 ayant été très clair, je n’y reviens pas, et je reprends sa conclusion qui me paraît juste et équilibrée:
PJ57 a écrit :
Le traité de Versailles, certes inique, a surtout joué un rôle dans la prise du pouvoir par les nazis parce que ceux-ci ont su l'exploiter politiquement
En effet, le traité de Versailles pèse lourdement sur l'Allemagne de Weimar et sur les relations franco-allemandes, mais il a un impact plus moral (l'humiliation) qu'économique, et c'est sur cela que les Nazis jouent, en créant l'amalgame entre la situation économique née de la crise et Versailles. Donner des explications simples compréhensibles par le plus grand nombre à des problèmes complexes, et désigner des boucs émissaires (Versailles, les Juifs, la France...) n'est-ce pas une des méthodes préférée des démagogues, d'hier et d'aujourd'hui d'ailleurs...
Méditez sur ce texte (Mémoires, M. Maschmann, Plon, 1963):
"Ma mère nous ressassait qu'une paix infamante avait causé l'écartèlement du pays. L'économie nationale était mise en péril par les dettes de guerre dont nos ennemis réclamaient le paiement [...] on entendait les adultes pester contre les querelles confuses qui avaient lieu au Reichstag [...] Parmi les misères dont se plaignaient les adultes, il y avait le chômage.
les nazis promirent de supprimer le chômage de près de six millions d'habitants et je les crus. je crus qu'ils réaliseraient l'union politique du peuple allemand et qu'ils surmonteraient les difficultés résultant du traité de Versailles".