Nous sommes actuellement le 16 Avr 2024 9:56

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 111 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
Auteur Message
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 26 Jan 2020 19:16 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
L'étonnement allemand vient du fait que les dix premiers jours de la campagne semblent confirmer toutes leurs hypothèses et montrer que l'Armée rouge est sur le point d'être détruite en quelques semaines de la même manière que le fut l'armée française en mai 1940.
Mais en réalité, personne n'a pris en compte 1) que les ressources de l'Armée rouge sont sans aucune commune mesure avec celles qui ont essayé de s'opposer à la Wehrmacht auparavant ; 2) que ces ressources insoupçonnées permettent une défense à l'est de la ligne Dvina-Dniepr alors même que l'impression initiale est que les Soviétiques vont se laisser croquer à l'ouest de cette ligne (d'où l'enthousiasme d'un Halder encore au début juillet 1941).

"Barbarossa" est une mine d'informations sur ce que doivent faire les "renseux" d'un état-major et ce qu'ils ne doivent pas faire. En l'occurrence, les Allemands se sont plantés dans la grande largeur, mais avec d'excellentes raisons de le faire. La faute à une méconnaissance profonde des réalités soviétiques.

CEN EMB

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 26 Jan 2020 20:40 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 28 Mai 2009 21:52
Message(s) : 1669
Localisation : Belgique
CEN_EMB a écrit :
"Barbarossa" est une mine d'informations sur ce que doivent faire les "renseux" d'un état-major et ce qu'ils ne doivent pas faire. En l'occurrence, les Allemands se sont plantés dans la grande largeur, mais avec d'excellentes raisons de le faire. La faute à une méconnaissance profonde des réalités soviétiques.

Pas seulement....
Il suffisait d'étudier de bonnes cartes de géographie, et de se rendre compte des immensités qu'il y avait à conquérir. Les Allemands et leurs alliés ont certainement rencontré plus de difficultés à se battre contre le terrain qu'à se battre contre les Soviétiques.
Des routes médiocres sur des milliers de kilomètres, des ponts inexistants pour traverser des fleuves plus larges que le Rhin.... Tout le matériel roulant était déjà usé et pratiquement hors d'usage alors que Moscou était encore bien loin des unités allemandes de pointe.
Il y a eut une surestimation incroyable des capacités des véhicules allemands et une sous-estimation de ce qu'ils allaient devoir affronter.... La Wehrmacht était une armée conçue fondamentalement pour des opérations en Europe occidentale, pas pour des opérations en Russie.

_________________
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 26 Jan 2020 21:09 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
Vous n'avez pas compris mon message.
Non, le "pas seulement" ne permet pas de comprendre ce qu'il s'est vraiment passé. Il permet de se raccrocher très vite à l'argument racial (les Soviétiques sont des Untermenschen slaves, ils vont s'effondrer en dix minutes face à la puissance aryenne). Or, les Allemands qui décident de la réalité des opérations sont suffisamment professionnels pour ne pas être aveugles, ni pour des motivations raciales, ni parce qu'ils s'illusionnent démesurément sur la force de leur propre armée.
S'ils se plantent, c'est bien parce qu'ils ne détectent pas la montée en puissance de l'Armée rouge en avril-mai 1941 (parce qu'il est trop tard pour cela - gisement de la mine d'informations n°1 : le renseignement se collecte et s'exploite jusqu'au bout, pas seulement dans la phase de planification, et peut interrompre le processus de décision jusqu'au jour J ou au "B-Tag"). Ils estiment avoir en face une armée constituée des forces qui étaient les siennes en décembre 1940 (desquelles ils ont une analyse extrêmement juste et précise ! Gisement de la mine d'informations n°2 : un renseignement exact à J-150 ne vaut potentiellement plus rien à J0 ou "B+0"), et n'ont que faiblement conscience de l'existence d'un deuxième échelon stratégique soviétique (derrière la ligne Dvina-Dniepr), et aucune idée qu'il puisse en exister un troisième (dans les districts militaires de l'intérieur), encore moins qu'il puisse en exister un quatrième (celui qui les arrêtera finalement devant Moscou).
Du coup, les succès obtenus en juin-juillet 1941, avec un "body count" qui n'est en rien excessif, leur laissent penser que l'Armée rouge est détruite (puisque l'image qu'ils en avaient était celle de décembre 1940, très éloignée de la réalité de juin 1941). Jamais ils n'arriveront à dessiller en comprenant que l'Armée rouge est capable de générer des forces plus vite que les Allemands ne les détruisent, alors même que l'ampleur de cette destruction est inédite dans les annales militaires. Je crains que pas une seule armée n'aurait pu réagir différemment vu l'exceptionnelle résilience soviétique, absolument inconnue jusqu'alors. Il s'agit donc d'une "euphorie de la victoire", mais pas seulement.

Au final, ceux qui critiquent les erreurs de renseignement me font sourire. Le problème est bien plus profond, et réside dans la conduite politico-militaire du conflit. Les "renseux" se sont plantés ? La belle affaire, ce n'est ni la première ni la dernière fois. Que personne n'ait réorienté l'effort stratégique pour compenser cette erreur quand elle aurait pu être détectée, en juillet-août 1941, là réside le problème. Et il a pour source à la fois l'immixtion absolument fautive du politique (Hitler) dans la conduite opérationnelle, mais paradoxalement aussi la confiance démesurée accordée par le politique (toujours Hitler) dans la conduite opérationnelle (essentiellement Halder et les chefs d'état-major de groupes d'armées et d'armées de l'Ostheer) qui l'empêche à la fois d'être contrainte (comme l'est la Stavka) sans être absolument libre (comme l'était le duumvirat Hindenburg-Ludendorff de 1916-1918).
La chaîne de commandement opérationnelle de l'armée allemande (Halder et Bock au premier chef) en revanche porte l'entière responsabilité de la décision fatidique de novembre 1941, quand tous les voyants étaient au rouge vif et qu'elle a refusé ce que le bon sens dictait : arrêt de l'offensive, prise des quartiers d'hiver impliquant l'aménagement de positions défensives favorables en attendant la reprise des opérations au printemps 1942.

CEN EMB

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 16 Fév 2020 22:19 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 10 Avr 2016 21:26
Message(s) : 72
Oulligator a écrit :
que pensez de cette formulation : «La Blitzkrieg en France a été mal préparée mais a réussi, et la Blitzkrieg en URSS (Barbarossa) a été très bien préparée mais a échoué» (Jean-Pierre Azéma, 1940. L'année noire. La citation n'est peut-être exactement bonne mais en gros l'idée y est.
Je ne suis pas sûr du "très bien préparée".

Merci d'avoir précisé que la citation n'est pas « exactement bonne ».
La citation laisse penser que la campagne de France a été conçue comme une "guerre éclair". Cette vision est rejetée par KH~Frieser (KHF).
La première guerre mondiale fut longue alors que le plan Schlieffen a été conçu pour vaincre rapidement l'armée française. La Generalität arrive donc à la conclusion que l'idée d'une guerre courte contre l'armée française est une illusion. C'est pour cette raison que la déclaration de guerre des Britanniques et des Français en septembre 1939 suscite l'angoisse des généraux allemands. Il faut se résoudre à une guerre longue et difficile contre l'Angleterre et la France.
La rapidité de la victoire contre l'armée polonaise ne permet pas de changer le consensus au sein de la Generalität. Les généraux considèrent que l'armée française est beaucoup plus solide que l'armée polonaise. La guerre contre l'armée française sera donc une guerre longue.
Pendant l'automne 1939 ce n'est pas l'optimisme qui règne au sein de la Generalität.
Hitler, après avoir espéré que l'invasion de la Pologne ne serait pas suivi d'une réaction forte des gouvernements de la France et de la Grande-Bretagne, doit admettre qu'il s'est trompé. Pour se justifier, il dira qu'il a été mal conseillé par Ribbentrop. Celui-ci avait la conviction que les Français et les Britanniques n'auraient pas le courage d'honorer leurs accords conclus avec la Pologne. La guerre en Pologne étant terminée au début du mois d'octobre, Hitler peut envisager la confrontation avec les forces occidentales sans courir le risque d'une guerre sur deux fronts. Il pense qu'il n'est pas nécessaire d'attendre le printemps 1940 pour déclencher l'offensive à l'Ouest. Il veut déclencher l'offensive en novembre, ce qui provoque la consternation de la Generalität. C'est la mauvaise météo qui oblige Hitler à repousser à plusieurs reprises la date de l'offensive. Ce retard apaise l'angoisse des généraux.

Pendant les années qui précèdent le début de la seconde GM, l'organisation de l'économie et de la production d'armement est symptomatique d'une nation qui se prépare à une guerre longue. Cela devrait confirmer notre intuition que le Reich n'imaginait pas une "guerre éclair" contre la France et l'Angleterre.

L'effondrement de l'armée française au printemps 1940 étonne les généraux allemands et fait disparaitre le défaitisme.

Entre juillet 1940 et juin 1941, l'organisation de l'économie et de la production d'armement est symptomatique d'une nation qui se prépare à une guerre courte contre l'Union soviétique. Il faut que le système de production soit adapté à la guerre contre l'Angleterre puisque les Anglais n'ont pas accepté les propositions de paix en juillet 1940 et qu'ils n'ont pas été affaiblis par la "bataille d'angleterre". Cette obsession d'une guerre contre l'Angleterre confirme que l'armée soviétique n'est pas prise au sérieux pas Hitler. On considère que la guerre à l'Est sera une guerre facile à gagner, une guerre courte. On considère qu'une "guerre éclair" permettra de vaincre à l'Est. Malgré l'imminence de la guerre à l'Est – avec une date fixée au printemps 1941 – on considère que c'est l'Occident (churchill et roosevelt) qui est l'ennemi principal. Il faut donc organiser le système de production en vue d'un affrontement gigantesque à l'Ouest. Hitler ne pense qu'il soit possible d'éviter la guerre avec l'Amérique.



CEN_EMB a écrit :
Ce n'est pas parce que le terme "blitzkrieg" a été forgé ultérieurement que la Westfeldzug n'est pas un Blitzkrieg. D'ailleurs, je suis désolé, mais la campagne à l'Ouest est même la "mère" des Blitzkriege "à l'allemande", le modèle de référence qui sert de validation au concept (même si les Allemands ne l'appellent bien entendu pas ainsi), notamment dans les Balkans et en URSS
A partir de juin 1940, Hitler et ses généraux considèrent que la guerre victorieuse contre l'armée française doit servir de modèle pour les prochaines campagnes militaires, notamment la guerre contre l'Union soviétique.



CEN_EMB a écrit :
Vous citez d'ailleurs Frieser qui dit que c'en est une, quoi qu'elle ait été improvisée.

Frieser insiste beaucoup sur cette « improvisation » à l'Ouest en 1940.



CEN_EMB a écrit :
Ce n'est pas parce que le terme a été forgé après que la Westfeldzug n'est pas un Blitzkrieg.
(...) les Allemands tentent de trouver une solution au rapport des forces sur le front occidental au printemps 1940 avec un plan, qui marche au-delà de leurs espérances.
Mais les racines doctrinales de ce plan sont déjà constituées, grâce au référentiel prusso-allemand de la campagne de 1806, de celle de 1870 (plus encore que celles de 1864 et 1866), aux expérimentations menées et pieusement conservées en 1917-1918 (accélération des boucles décisionnelles), de celle de la Guerre d'Espagne (ciblage des objectifs à forte valeur psychologique), ainsi qu'aux tests effectués en Pologne (grande unité mécanisée autonome) et en Scandinavie (audace et rapidité d'exécution).

Quand vous mentionnez que « les racines doctrinales de ce plan sont déjà constituées » avant le début de la seconde guerre mondiale, vous fournissez aux lecteurs une explication a posteriori.
Pendant l'automne 1940, la Generalität a-t-elle songé que ces événements (1806 | 1870 | 1936 | etc) étaient annonciateurs d'une guerre courte à l'Ouest ?



Pierma a écrit :
L'origine du mot peut même se trouver chez un propagandiste allemand, je l'ignore... Tout le monde, dans tous les pays développés, a été surpris par ce succès impensable avant le 10 mai 40.
Mais ces concepts, même sans nom de baptême, ont été élaborés très en amont, et couronnés par l'élaboration du Plan Jaune.

Je ne crois pas que ces « concepts » ont été élaborés « très en amont ». Le plan Manstein ne suscite pas l'enthousiasme de Halder. La Generalität n'aime pas les idées novatrices.
Pendant l'automne 1939 Halder avait étudié rapidement le plan de Manstein mais n'avait pas voulu le présenter à Hitler.
En mai 1940 Hitler ne comprend pas pourquoi certaines divisions motorisées (Guderian, Rommel, etc.) progressent rapidement et facilement face à l'armée française qui a la réputation d'être l'armée la plus puissante au monde. Il prend peur en croyant qu'il s'agit d'un piège de l'armée française. Il demande de stopper ou freiner l'avance de certaines unités motorisées.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 16 Fév 2020 23:27 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Iturraspe a écrit :

Pierma a écrit :
L'origine du mot peut même se trouver chez un propagandiste allemand, je l'ignore... Tout le monde, dans tous les pays développés, a été surpris par ce succès impensable avant le 10 mai 40.
Mais ces concepts, même sans nom de baptême, ont été élaborés très en amont, et couronnés par l'élaboration du Plan Jaune.

Je ne crois pas que ces « concepts » ont été élaborés « très en amont ». Le plan Manstein ne suscite pas l'enthousiasme de Halder. La Generalität n'aime pas les idées novatrices.
Pendant l'automne 1939 Halder avait étudié rapidement le plan de Manstein mais n'avait pas voulu le présenter à Hitler.
En mai 1940 Hitler ne comprend pas pourquoi certaines divisions motorisées (Guderian, Rommel, etc.) progressent rapidement et facilement face à l'armée française qui a la réputation d'être l'armée la plus puissante au monde. Il prend peur en croyant qu'il s'agit d'un piège de l'armée française. Il demande de stopper ou freiner l'avance de certaines unités motorisées.

Quand je dis que les concepts ont été forgés très en amont, je parle de la constitution des Panzerdivisionen et de l'idée de l'emploi en masse des chars appuyés par l'aviation d'assaut. Ce concept a été validé en Pologne et amélioré au vu de cette expérience.

Que Halder aime ou pas le plan Manstein est sans rapport. La question pour "la Generalität qui n'aime pas les idées novatrices" - mais qui dispose de l'armée la plus innovante du monde - est de savoir comment utiliser au mieux les 10 divisions Panzer qui constituent leur force de frappe.

Les états d'âmes de Hitler ? Il constate que les divisions Panzer avancent à une vitesse folle et que l'infanterie ne suit pas assez vite. Face à un adversaire plus mobile et réactif, et qui aurait conservé des réserves, cela aurait été dangereux. (Et encore : l'infanterie qui fait face à la contre attaque de De Gaulle se débrouille très bien seule.) Mais ça ne veut pas dire que Hitler ne comprend pas pourquoi elles progressent si vite, ça c'est vous qui le prenez pour un âne.

Il ne donnera aucun ordre d'arrêt avant celui sur l'Aa, au moment où les meilleurs unités alliées sont encerclées à Dunkerque.

Vous avez d'autres épisodes dont vous modifiez l'histoire, ou la liste est close ?

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 17 Fév 2020 1:32 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
Iturraspe a écrit :
Pendant l'automne 1940, la Generalität a-t-elle songé que ces événements (1806 | 1870 | 1936 | etc) étaient annonciateurs d'une guerre courte à l'Ouest ?
Automne 1940 ? ? ?
Peut-être un lapsus. Vous pensez à "automne 1939", n'est-ce pas ?



Iturraspe a écrit :
Entre juillet 1940 et juin 1941, l'organisation de l'économie et de la production d'armement est symptomatique d'une nation qui se prépare à une guerre courte contre l'Union soviétique. Il faut que le système de production soit adapté à la guerre contre l'Angleterre puisque les Anglais n'ont pas accepté les propositions de paix en juillet 1940 et qu'ils n'ont pas été affaiblis par la "bataille d'angleterre". Cette obsession d'une guerre contre l'Angleterre confirme que l'armée soviétique n'est pas prise au sérieux par Hitler. On considère que la guerre à l'Est sera une guerre facile à gagner, une guerre courte. On considère qu'une "guerre éclair" permettra de vaincre à l'Est. Malgré l'imminence de la guerre à l'Est – avec une date fixée au printemps 1941 – on considère que c'est l'Occident (churchill et roosevelt) qui est l'ennemi principal. Il faut donc organiser le système de production en vue d'un affrontement gigantesque à l'Ouest. Hitler ne pense qu'il soit possible d'éviter la guerre avec l'Amérique.

Je suppose que l'armement pour faire la guerre contre la Russie n'est pas de même nature que l'armement pour faire la guerre contre la GB et l'Amérique.
Pouvez-vous confirmer ma supposition ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 17 Fév 2020 4:16 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
En 41 la guerre à l'ouest est aérienne et surtout sous-marine. L'Allemagne a trop d'ennemis et partant, elle disperse sur plusieurs thèmes ses fabrications de guerre. (qui sont déjà un vrai foutoir, faute d'une organisation sensée.)

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 17 Fév 2020 9:51 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
Iturraspe a écrit :
CEN_EMB a écrit :
Ce n'est pas parce que le terme "blitzkrieg" a été forgé ultérieurement que la Westfeldzug n'est pas un Blitzkrieg. D'ailleurs, je suis désolé, mais la campagne à l'Ouest est même la "mère" des Blitzkriege "à l'allemande", le modèle de référence qui sert de validation au concept (même si les Allemands ne l'appellent bien entendu pas ainsi), notamment dans les Balkans et en URSS
A partir de juin 1940, Hitler et ses généraux considèrent que la guerre victorieuse contre l'armée française doit servir de modèle pour les prochaines campagnes militaires, notamment la guerre contre l'Union soviétique.


Le fait de reformuler exactement ce que j'ai dit, c'est pour ne pas avoir à dire que vous êtes d'accord ?


Iturraspe a écrit :
CEN_EMB a écrit :
Vous citez d'ailleurs Frieser qui dit que c'en est une, quoi qu'elle ait été improvisée.

Frieser insiste beaucoup sur cette « improvisation » à l'Ouest en 1940.


Bis repetita placent... Le fait de dire la même chose que moi, c'est pour se rassurer ?

Pour le reste, vous êtes le tenant d'une vision datée des évènements de 1939-1941, celle qui a fait florès dans les années 1950 et 1960. Je la résume comme suit : Hitler est un âne bâté qui ne comprend rien à rien, les généraux allemands, d'un bel unanimisme, ont tous essayé de le dissuader de ses folies, la main sur le coeur, mais vu que ce n'est qu'un "böhmische Gefreiter" sans éducation et et sans aucune connaissance militaire, il n'en a fait qu'à sa tête, alors que la guerre, grosse Katastrophe.
De mon point de vue, c'est idiot, et ne correspond pas aux faits.

1) la Generalität n'est absolument pas un tout homogène. Elle est très divisée, avec ses "jeunes Turcs" (Guderian et Manstein au premier chef en 1940) et ses réactionnaires (qui ont généralement été vidés en 1938 au plus tard), avec une majorité entre les deux (qu'Halder incarne parfaitement, mais un Kleist ou un Bock également). Asséner des lieux communs tels que "La Generalität arrive donc à la conclusion que l'idée d'une guerre courte contre l'armée française est une illusion", "Il veut déclencher l'offensive en novembre, ce qui provoque la consternation de la Generalität", "La Generalität n'aime pas les idées novatrices" n'en fait pas des vérités.
En fait, ce que vous donnez, c'est au mieux le point de vue de Halder, dont on a d'excellentes raisons de douter de la candeur de ses écrits (vu qu'il était un pion d'Hitler jusqu'en septembre 1942, malgré des dissensions réelles avec lui, et qu'il est devenu celui des Américains après 1945). Je peux citer de nombreux généraux (donc membres de droit de la Generalität) qui ne sont pas de l'avis que vous leur attribuez bien légèrement (et j'ajoute que mettre un terme allemand ne rend pas une explication boîteuse moins boîteuse).
2) des dizaines d'historiens ont fait un sort à une telle vision depuis les années 1980, en mettant en exergue le processus de "lave plus blanc" initié par les généraux en question après la guerre pour se dédouaner de leurs propres turpitudes. Cela avait débuté avec le livre de Liddell Hart (The other side of the Hill) et avait été poursuivi (accéléré même) au début des années 1950, quand Guerre Froide oblige les Américains veulent recréer une armée ouest-allemande et comptent s'appuyer sur les généraux du Führer pour ce faire. Sauf qu'on sait très bien aujourd'hui que ce n'est pas la réalité. Hitler a bien sûr commis des erreurs nombreuses et évitables, mais il n'était clairement pas le clown pathétique et excessif dépeint par ces généraux pour qu'ils paraissent par contraste modérés et moraux ; Halder était un pion du Führer, sélectionné par lui après le "coup de majesté" de février 1938 qui vide le commandement de l'armée de Terre de ses résistances politiques en expulsant Fritsch et Blomberg, puis Beck en août suivant, et a été beaucoup plus compromis par le régime que ce qu'il veut bien l'admettre ;
3) les faits importent, et celui qui veut que non, l'armée allemande n'a pas trouvé une recette miracle dans un champ de manoeuvres quelconque en 1939 mais qu'elle n'a pu s'imposer de manière aussi fulgurante que grâce à un long processus de maturation doctrinale, accéléré par l'intégration des dernières technologies, est particulièrement crucial. Il s'oppose à la vision dépassée de Frieser, excellent narrateur de l'offensive dans les Ardennes, piètre interprète de ce processus qui le dépasse (ou qu'il atténue afin de rester raccord avec le storytelling développé dans les années 1950, après tout, il s'agit d'un militaire allemand qui a un devoir de cohérence avec son institution).

Iturraspe a écrit :
Quand vous mentionnez que « les racines doctrinales de ce plan sont déjà constituées » avant le début de la seconde guerre mondiale, vous fournissez aux lecteurs une explication a posteriori.


Pas du tout, je leur fournis l'explication centrale des succès allemands. L'armée allemande n'a pas soldé l'héritage militaire prussien, elle l'a conservé et développé, actualisé, ciselé, amélioré, afin de trouver une solution tactique valable.
La culture militaire prusso-allemande, depuis 1806, vise à UNE GUERRE COURTE. Tous les plans prusso-allemands depuis Scharnhorst et Gneisenau visent à cela, la plupart du temps avec succès (1864, 1866, 1939, 1940 en Scandinavie et à l'Ouest, 1941 dans les Balkans - on peut ajouter certaines opérations de la Première Guerre mondiale, comme l'offensive Mackensen en Roumanie en 1916), à deux reprises sans (et avec des conséquences dramatiques, en 1914 et en 1941). Les Allemands n'ont pas découvert la martingale tactique par hasard en 1939-1940, ils l'ont patiemment mis au point, dans un processus long de retour d'expérience et d'analyse doctrinale, fait d'avancées et de reculs.

Iturraspe a écrit :
Pendant l'automne 1940, la Generalität a-t-elle songé que ces événements (1806 | 1870 | 1936 | etc) étaient annonciateurs d'une guerre courte à l'Ouest ?


Cette phrase n'a aucun sens, puisque :
1) la Generalität n'est pas une sur le sujet (cf. ci-dessus) ;
2) bien entendu que culturellement les officiers généraux allemands sont orientés vers une guerre qu'ils veulent courte et décisive plutôt que longue et indécise. Que peu y croient et beaucoup en doutent, c'est vraisemblable, mais cela tient bien plus à une surestimation de l'armée française qu'à un manque de volonté.

Iturraspe a écrit :
Je ne crois pas que ces « concepts » ont été élaborés « très en amont ».


Eh bien si. Ces concepts sont élaborés itérativement depuis 1806, que vous le vouliez ou non. D'ailleurs, puisque vous citez Frieser, la partie la plus intéressante de son livre, en dehors de la narration des journées du 10 au 15 mai, c'est le rapprochement avec le plan Schlieffen et son inspiration hannibalienne. Cela démontre une continuité d'esprit visant à une guerre courte. Ajouté à la culture bismarckienne d'une guerre sur un seul front (renforcée en 1939 par l'hérésie commise en 1914), tout contribue à ce que les généraux allemands cherchent une guerre courte et décisive. Qu'ils ne soient pas certains que celle-ci soit réalisable est un autre problème, ils sont totalement imprégnés culturellement de sa nécessité. Parce que ces concepts ont été élaborés très en amont.

Iturraspe a écrit :
Le plan Manstein ne suscite pas l'enthousiasme de Halder.


C'est normal, ce n'est pas un concert de rock où on le présente sur une estrade et où il s'agit d'applaudir.
Il suscite l'enthousiasme de Hitler, et est jugé suffisamment crédible pour être appuyé par Rundstedt. Ceux qui lui sont défavorables sont Halder (parce que cela remet en cause le plan de l'OKH) et Bock (parce que cela le prive du premier rôle). Un partout, balle au centre.

Iturraspe a écrit :
La Generalität n'aime pas les idées novatrices.

Boum. Encore un lieu commun asséné avec la plus parfaite sérénité.
Pierma a répondu : un généralat conservateur qui a l'armée la plus innovante du monde à l'époque. Plutôt pas mal.

CEN EMB

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 18 Fév 2020 23:50 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 10 Avr 2016 21:26
Message(s) : 72
Arkoline a écrit :
Iturraspe a écrit :
Pendant l'automne 1940, la Generalität a-t-elle songé que ces événements (1806 | 1870 | 1936 | etc) étaient annonciateurs d'une guerre courte à l'Ouest ?
Automne 1940 ? ? ?
Peut-être un lapsus. Vous pensez à "automne 1939", n'est-ce pas ?


Oui, c'est un lapsus. Je pensais à l'automne de l'année 1939.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 13 Mars 2020 2:06 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
CEN_EMB a écrit :
Iturraspe a écrit :
La Generalität n'aime pas les idées novatrices.

Pierma a répondu : un généralat conservateur qui a l'armée la plus innovante du monde à l'époque. Plutôt pas mal.

Il reste à voir si Iturraspe et Pierma parlent de la même chose. Iturraspe fait allusion au plan Manstein qui constitue, semble-t-il, une idée novatrice.
Pierma évoque "la constitution des Panzerdivisionen et l'idée de l'emploi en masse des chars appuyés par l'aviation d'assaut".
Iturraspe semble croire que Halder se méfie du plan Manstein parce que le plan n'est pas assez "classique". Quant à Pierma, il écrit : "Que Halder aime ou pas le plan Manstein est sans rapport."
Ainsi, je peux légitimement croire qu'Iturraspe et Pierma ne parlent pas de la même chose.

Quant à savoir si le plan Manstein constituait réellement une idée novatrice, je ne peux ni le confirmer ni l'infirmer. Je laisse la parole aux experts.
Le plan était-il à ce point innovant, aux antipodes des idées traditionnelles ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 13 Mars 2020 7:10 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Arkoline a écrit :
CEN_EMB a écrit :
Iturraspe a écrit :
La Generalität n'aime pas les idées novatrices.

Pierma a répondu : un généralat conservateur qui a l'armée la plus innovante du monde à l'époque. Plutôt pas mal.

Il reste à voir si Iturraspe et Pierma parlent de la même chose. Iturraspe fait allusion au plan Manstein qui constitue, semble-t-il, une idée novatrice.
Pierma évoque "la constitution des Panzerdivisionen et l'idée de l'emploi en masse des chars appuyés par l'aviation d'assaut".
Iturraspe semble croire que Halder se méfie du plan Manstein parce que le plan n'est pas assez "classique". Quant à Pierma, il écrit : "Que Halder aime ou pas le plan Manstein est sans rapport."
Ainsi, je peux légitimement croire qu'Iturraspe et Pierma ne parlent pas de la même chose.

Quant à savoir si le plan Manstein constituait réellement une idée novatrice, je ne peux ni le confirmer ni l'infirmer. Je laisse la parole aux experts.
Le plan était-il à ce point innovant, aux antipodes des idées traditionnelles ?

Là vous ergotez : commençons par dire que grâce à l'emploi en masse des chars appuyés par l'aviation, les Allemands auraient gagné même dans un choc frontal. L'armée française n'était tout simplement pas assez mobile et coordonnée, aux antipodes de l'organisation allemande. Le but des généraux français était de maintenir un front continu, ce qui n'a pas de sens face à des fractures et des percées massives créées par les Panzerdivisions.

Les Français se battaient avec des concepts et une organisation dépassés, voila tout.

Bien sûr un choc "face à face" en Belgique aurait coûté plus cher à l'armée allemande et aurait pris plus de temps. Ils ont su trouver un plan astucieux, en prime, pour aboutir à ce résultat qui a effaré tous les contemporains : en trois semaines tout était joué, le gros du corps de bataille allié était encerclé et rembarqué sans son matériel. Le monde a réalisé quelle "révolution des affaires militaires" - pour reprendre une expression américaine plus récente - avait été effectuée par l'Allemagne. Les armées du monde entier ont dû se mettre à niveau. (pour les Soviétiques cela a pris près de deux ans et ils ont dû encaisser des pertes effrayantes.)

Les réticences dont vous parlez côté allemand proviennent du fait que parmi les généraux allemands tous n'avaient pas mesuré à quel point ils étaient en avance. De plus l'armée française avait la réputation, qui datait de 1918, d'être "la meilleure armée du monde". Mais les divisionnaires allemands chargés des unités Panzer ne doutaient absolument pas du résultat. Guderian disait :"il suffira d'ouvrir les grilles des casernes."

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 13 Mars 2020 7:31 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
Iturraspe a écrit :
La Generalität n'aime pas les idées novatrices.


La citation est sans appel : Iturraspe dit que le généralat allemand n'aime pas les idées novatrices. Il généralise (de manière extrêmement outrancière mais c'est Iturraspe, donc on sait bien à quoi s'en tenir) et en généralisant, il exclut le fait qu'il ne parle que du plan "Gelb". Il parle du généralat allemand en toutes circonstances, concernant toutes les idées novatrices qui puissent lui être proposées à cette époque.
Donc soit il a été excessif (et faux) dans sa formulation parce qu'il ne voulait parler que du plan "Gelb" et a généralisé ; soit il a été brouillon et peu clair en généralisant alors qu'il ne parlait que du plan "Gelb".
Il n'y a pas de troisième analyse.
Dans tous les cas, son assertion est erronée et à rejeter absolument, quand bien même il y a des généraux allemands très conservateurs (qui n'en constituent au mieux qu'une portion de l'ensemble).

CEN EMB

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 14 Mars 2020 23:55 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
Message(s) : 410
Pierma a écrit :
commençons par dire que grâce à l'emploi en masse des chars appuyés par l'aviation, les Allemands auraient gagné même dans un choc frontal.

Je ne peux ni confirmer ni infirmer cette assertion. Je laisse la parole aux experts. C'est un autre débat. La question est de savoir si les généraux allemands croyaient à une victoire inévitable et rapide.
Si l'on suppose que l'armée française aurait été vaincue par un choc frontal, la thèse d'Iturraspe ne s'en trouve pas infirmée : « Il faut se résoudre à une guerre longue et difficile contre l'Angleterre et la France. La rapidité de la victoire contre l'armée polonaise ne permet pas de changer le consensus au sein de la Generalität. Les généraux considèrent que l'armée française est beaucoup plus solide que l'armée polonaise. La guerre contre l'armée française sera donc une guerre longue. »



Pierma a écrit :
Les réticences dont vous parlez côté allemand proviennent du fait que parmi les généraux allemands tous n'avaient pas mesuré à quel point ils étaient en avance.

Je ne connais pas très bien ces "réticences", c'est Iturraspe qui expose ce point de vue. J'ai le bouquin de Kershaw (biographie d'Hitler) sur mon étagère, mais je ne l'ai pas consulté récemment.



Pierma a écrit :
De plus l'armée française avait la réputation, qui datait de 1918, d'être "la meilleure armée du monde". Mais les divisionnaires allemands chargés des unités Panzer ne doutaient absolument pas du résultat. Guderian disait :"il suffira d'ouvrir les grilles des casernes."

Si l'armée française avait cette réputation, cela peut conforter le point de vue d'Iturraspe.



CEN_EMB a écrit :
Iturraspe a écrit :
La Generalität n'aime pas les idées novatrices.


La citation est sans appel

La citation n'est pas complète. Il faut lire en entier : « Le plan Manstein ne suscite pas l'enthousiasme de Halder. La Generalität n'aime pas les idées novatrices. »
Le point de vue d'Halder était-il partagé par un grand nombre de généraux ?



CEN_EMB a écrit :
dans tous les cas, son assertion est erronée et à rejeter absolument, quand bien même il y a des généraux allemands très conservateurs (qui n'en constituent au mieux qu'une portion de l'ensemble).

Quels sont les généraux qui veulent un plan "traditionnel" au détriment d'un plan plus audacieux ?
Le plan Manstein était-il le reflet d'une pensée majoritaire dans la caste des généraux allemands ?
J'ignore si le plan Manstein constituait réellement une idée novatrice, je ne peux ni le confirmer ni l'infirmer. Le plan était-il à ce point innovant, aux antipodes des idées traditionnelles ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 30 Mars 2020 18:02 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 10 Avr 2016 21:26
Message(s) : 72
CEN_EMB a écrit :
Iturraspe a écrit :
Je ne crois pas que ces « concepts » ont été élaborés « très en amont ».


Eh bien si.

Vous ne faites pas confiance à Karl-Heinz Frieser (KHF). C'est votre droit de choisir un chemin différent de celui qui est montré par Frieser.



CEN_EMB a écrit :
Eh bien si. Ces concepts sont élaborés itérativement depuis 1806, que vous le vouliez ou non. D'ailleurs, puisque vous citez Frieser, la partie la plus intéressante de son livre, en dehors de la narration des journées du 10 au 15 mai, c'est le rapprochement avec le plan Schlieffen et son inspiration hannibalienne. Cela démontre une continuité d'esprit visant à une guerre courte.

En septembre 1939, lorsque la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne, les généraux allemands n'ont pas oublié que la guerre précédente fut longue. Et ils savent bien pourquoi elle fut si longue : le plan Schlieffen, qui avait été conçu pour vaincre rapidement l'armée française, fut un échec. C'est pourquoi la perplexité des généraux allemands est réelle pendant l'automne 1939. Je suis reconnaissant à KHF d'avoir expliqué cela dans son ouvrage.
Contrairement à KHF vous attribuez à la Generalität « une continuité d'esprit visant à une guerre courte ».



CEN_EMB a écrit :
Ce n'est pas parce que le terme "blitzkrieg" a été forgé ultérieurement que la Westfeldzug n'est pas un Blitzkrieg. D'ailleurs, je suis désolé, mais la campagne à l'Ouest est même la "mère" des Blitzkriege "à l'allemande", le modèle de référence qui sert de validation au concept (même si les Allemands ne l'appellent bien entendu pas ainsi), notamment dans les Balkans et en URSS

Ce n'est pas uniquement le vocabulaire qui a été forgé ultérieurement.
Malgré les incertitudes, la plupart des généraux allemands considèrent, pendant l'automne 1939, qu'une victoire à l'Ouest est possible si l'offensive est déclenchée au printemps de l'année suivante. Ils pensent que cette offensive sera le début d'une guerre longue et difficile. Ils ne croient pas à une guerre courte.
Hitler pense qu'il n'est pas nécessaire d'attendre le printemps 1940 pour déclencher l'offensive à l'Ouest. Il veut déclencher l'offensive en novembre. C'est la mauvaise météo qui oblige Hitler à repousser à plusieurs reprises la date de l'offensive.
En juin 1940 les faits donnent tort à ceux qui pensaient que l'armée française pouvait tenir le choc pendant plusieurs années. A fortiori les faits donnent tort à ceux qui pensaient que l'Allemagne était incapable de vaincre.
Il a donc fallu attendre juin 1940 pour que les généraux allemands arrivent à l'idée que la campagne à l'Ouest peut devenir un « modèle de référence » pour préparer les prochaines campagnes militaires.



CEN_EMB a écrit :
Le fait de reformuler exactement ce que j'ai dit, c'est pour ne pas avoir à dire que vous êtes d'accord ?

Alors vous avez cru que nous étions d'accord ? Ce n'est pas le cas. Votre conviction c'est que les généraux ont cru, après la campagne en Pologne, que l'offensive à l'ouest serait victorieuse et rapide et qu'elle servirait de modèle pour les campagnes suivantes.



CEN_EMB a écrit :
En fait, ce que vous donnez, c'est au mieux le point de vue de Halder, dont on a d'excellentes raisons de douter de la candeur de ses écrits. Je peux citer de nombreux généraux (donc membres de droit de la Generalität) qui ne sont pas de l'avis que vous leur attribuez bien légèrement

Peut-être que vous pouvez citer de nombreux généraux qui ne sont pas de l'avis que je leur attribue.
J'aime beaucoup les citations. Pouvez-vous m'en donner quelques-unes ?
De préférence des paroles qui n'ont pas été prononcées après les événements, car je suppose que certains généraux ont voulu accréditer a posteriori le mythe de la "guerre-éclair".



CEN_EMB a écrit :
(...) c'est au mieux le point de vue de Halder, dont on a d'excellentes raisons de douter de la candeur de ses écrits (vu qu'il était un pion d'Hitler jusqu'en septembre 1942, malgré des dissensions réelles avec lui, et qu'il est devenu celui des Américains après 1945).

La victoire à l'Ouest en 1940 est une belle occasion pour les généraux, même Halder, de récolter les lauriers. Alors quel est son intérêt, après la victoire, d'écorner le mythe du blitzkrieg ?
En ce qui concerne la campagne de France, je ne vois pas si l'on a des bonnes raisons de douter de la candeur des écrits de Halder.
En outre, je n'ai pas compris votre envie de savoir si Halder était un "pion" d'Hitler jusqu'en septembre 1942 et celui des Américains après 1945. Cela aurait-il un rapport avec notre discussion ?



CEN_EMB a écrit :
2) des dizaines d'historiens ont fait un sort à une telle vision depuis les années 1980, en mettant en exergue le processus de "lave plus blanc" initié par les généraux en question après la guerre pour se dédouaner de leurs propres turpitudes. Cela avait débuté avec le livre de Liddell Hart (The other side of the Hill) et avait été poursuivi (accéléré même) au début des années 1950

J'ai un vague souvenir de cet ouvrage de Liddell Hart. Je ne me souviens pas des analyses de la campagne à l'Ouest dans cet ouvrage. J'ai oublié.



CEN_EMB a écrit :
Cela avait débuté avec le livre de Liddell Hart (The other side of the Hill) et avait été poursuivi (accéléré même) au début des années 1950, quand Guerre Froide oblige les Américains veulent recréer une armée ouest-allemande et comptent s'appuyer sur les généraux du Führer pour ce faire. Sauf qu'on sait très bien aujourd'hui que ce n'est pas la réalité. Hitler a bien sûr commis des erreurs nombreuses et évitables, mais il n'était clairement pas le clown pathétique et excessif dépeint par ces généraux pour qu'ils paraissent par contraste modérés et moraux ;

Je suis heureux de voir que nous sommes d'accord : Hitler a bien sûr commis des erreurs nombreuses et évitables.
Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous sommes au moins d'accord sur ce point.



CEN_EMB a écrit :
Halder était un pion du Führer, sélectionné par lui après le "coup de majesté" de février 1938 qui vide le commandement de l'armée de Terre de ses résistances politiques en expulsant Fritsch et Blomberg, puis Beck en août suivant, et a été beaucoup plus compromis par le régime que ce qu'il veut bien l'admettre ;

En ce qui concerne la compromission des généraux (Halder et beaucoup d'autres) vous pouvez créer un fil. Il ne faut pas mélanger tous les sujets. Il ne faut pas mélanger les questions militaires et les questions politiques.
Pendant la guerre à l'Est, l'armée allemande a commis des crimes. Halder a sa part de responsabilité.



CEN_EMB a écrit :
Asséner des lieux communs tels que (...) "Il veut déclencher l'offensive en novembre, ce qui provoque la consternation de la Generalität", "La Generalität n'aime pas les idées novatrices" n'en fait pas des vérités.

J'estime que la vérité est connue au sujet d'Hitler. Il voulait déclencher l'offensive en novembre 1939. Je ne comprends pas qu'on puisse nier cette vérité.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Opération "Barbarossa"
Message Publié : 30 Mars 2020 18:38 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général

Inscription : 20 Déc 2008 14:01
Message(s) : 5112
Localisation : Bourgogne
Je n'ai pas la tête à jouer avec un robot.
CEN EMB

_________________
"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 111 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1 ... 4, 5, 6, 7, 8  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 10 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB