Dédé a écrit :
A la question de savoir si les pieds noirs souhaitaient rester ou pas, le témoignage de mon ami François en vaut bien un autre : (c'est la copie d'un de mes messages posté ailleurs)
Mon meilleur ami est né à Oran, où son père était menuisier. Il a pris le bateau, comme les autres. Il avait 12 ans. J'en ai beaucoup parlé avec tous les deux. Selon son père (aujourd'hui décédé), beaucoup avaient compris dès 1945 que le décolonisation était inéluctable, et voulaient construire une Algérie laïque indépendante. Idée rendue impossible par les fanatiques musulmans ET les fanatiques de l'Algérie française, les deux fanatismes ayant, chacun, besoin de l'autre pour exister.
Sa sœur Jeanne est allée il y a une dizaine d'années en visite à Oran, dans leur ancienne maison habitée aujourd'hui par leurs copains d'école dont le père travaillait dans le même atelier, et a bu le thé dans SA tasse (marquée à son prénom) avec beaucoup d'émotion. Elle a tenu à ne pas emporter tout le service, alors qu'ils le lui proposaient.
Ce témoignage montre que certains ont subit l'histoire (comme dans toutes les époques) sans entrer dans la logique des fanatiques de tous bords. Ils voulaient seulement VIVRE.
On est bien d'accord, et ce n'est pas l'Officier et le Pied-Noir que j'étais qui vous dira le contraire. Mais je vous ferai remarquer une chose: Mai 1958 (qui arrivait trop tard, c'est un fait) avait pour un temps au moins donné un nouvel élan à cette Algérie fraternelle que TOUS souhaitaient voir se réaliser, et De Gaulle arrivé au pouvoir sur cette vague, a précipité la catastrophe, même pas un an aprés être arrivé au pouvoir !
Je rappelle que le nombre de musulmans algériens qui se sont battus contre le FLN aux côtés de l'armée française a été
dix fois supèrieur à celui de ceux qui se battaient pour l'indépendance. J'ai "crapahuté" avec une harka en commando de chasse (37 dont seulement trois "européens") et je peux vous dire que j'ai eu l'occasion de parler avec ces types en qui j'avais toute condiance. Ils avaient aussi confiance en moi et en ma parole d'Officier. Ils ne voulaient pas de l'Algérie FLN, oh non ! Ils voulaient simplement être des Français comme les autres sur une terre qui était la leur certes mais qui était française... "Dieu" l'avait voulu !
Lorsqu'on m'a demandé de désarmer ces braves gens,
j'ai refusé. On m'a viré de l'armée. J'ai eu la chance de retrouver l'un d'entre eux à Montpellier où il avait pu "rapatrier" sa famille... Un sur 34 !