Merci de vos réponses, Dédé.
Ci-dessous, et si vous lisez l'anglais, un article dont je n'approuve pas les conclusions mais qui fait brièvement le tour de l'historique de la notion d'impérialisme américain.
Je résume les parties les plus pertinentes de ce texte, selon moi.
http://www.globalpolicy.org/empire/anal ... covery.htm
Le concept d'impérialisme américain a été pendant longtemps --en particulier depuis les 60s--connoté à gauche, gauche d'inspiration marxiste bien entendu; de ce fait, il a été largement abandonné par les économistes et universitaires comme idéologique.
Il vient de faire un retour en force, avec une connotation positive, dans les analyses des néo-conservateurs, qui proposent au public le projet d'un impérialisme sans complexe, très reminiscent des théories de la mission civilisatrice et autres ''white man's burden'' d'il y a un siècle.
Pas uniquement chez les néocons d'ailleurs; Zbigniew Brzesinski, professeur à l'école d'Affaires internationales où j'ai sévi, ex-National Security Advisor et brillant analyste politique, écrit que les US doivent ''empêcher la collusion des vassaux et maintenir leur dépendance, garantir la protection et la docilité des alliés, et empêcher les barbares de s'unir''.
ON le voit, Z. Brzezinski défend ses positions impérialistes sans hypocrisie ni langue de bois...Kissinger soutient des positions similaires.
LA particularité de l'impérialisme US, par rapport à l'impérialisme de Rome ou de la Grande Bretagne, c'est sa dimension économique.
Economique, il l'est dans ses motivations--absorber les surplus de capital et de capacités productives, dans un contexte d'insuffisance/raréfaction des débouchés nationaux et donc de risque de stagnation commerciale--selon C. Conant, théoricien US d'il y a environ un siècle. Dans ses modes d'actions aussi--en principe, l'impérialisme US ne cherche pas à s'approprier militairement des territoires, ni à contrôler directement les instances politiques d'un pays, et se contente d'exercer son emprise par la présence d'entreprises commerciales et industrielles, de diplomates et de bases navales et militaires.
Il ne revendique que le droit à la conquête des marchés libres dans le monde, et d'apporter ainsi aux pays en développement les ''bienfaits de la civilisation''.
A. Hobson, auteur de ''Imperialism, a Study'', développe des analyses sur les excès des capacités de production comme étant à l'origine de l'impérialisme américain. A noter qu'il a influencé Lénine, et son ''L'impérialisme, stade suprême du capitalisme''. Dans ce dernier ouvrage, l'auteur soutient que l'impérialisme moderne est l'aboutissement du dévelopement du capitalisme, dont il incarne la phase ultime, le stade monopolistique. Selon lui, dans cette phase, il y a lutte des divers impérialismes entre eux pour conquérir les marchés mondiaux et s'assurer le contrôle des ressources et matières premières; dans cette analyse léniniste, la PGM est la conséquence de ces affrontements entre puissances impérialistes.
Plus récemment, H. Magdoff, dans ''The Age of Imperialism'' met l'accent sur les politiques étrangères des US, et sur leur expansion financière internationale, via l'hégémonie du dollar, la dette étrangère, etc. Il définit l'impérialisme US comme ''la globalisation du capitalisme monopolistique dans des conditions d'hégémonie américaine''. Outre le contrôle de parts de marché à l'international, il souligne une autre de ses visées essentielles plus récemment, ''obtenir les plus faibles coûts de production sur une base mondiale''. Selon lui, l'impérialisme est intrinsèquement lié au capitalisme, car celui-ci a dès l'origine vocation universelle.