A l'instar de ce qui se crée dans tous les autres sous forums, j'en crée une ici.Vous pourrez y poster des titres d'ouvrages, mais aussi des biographies etc...
DeckNul n'a pu échapper au grand raout médiatique organisé il y a quelques mois, dans une unanimité quasi totale, autour de la publication des mémoires de l'amiral Philippe de Gaulle.
Or voilà que la revue Le Débat, dans son dernier numéro (134), jette un pavé dans la marre médiatico-gaullienne en remettant en cause, sous la plume de Jean Lacouture et Eric Roussel, l'image que le fils donne de son père, dans un dossier intitulé "Qui était Charles de Gaulle?"
En clair, le fils aurait attribué à son père sa propre idéologie, une idéologie réactionnaire.
Voici deux petits résumés de la polémique:
Citer :
Une revue a-t-elle jamais porté un nom si opportunément ? Le Débat a été fondé en mai 1980 par l'historien Pierre Nora, qui dirige le secteur des sciences humaines chez Gallimard. Dès sa naissance, l'historien a installé sa revue comme «un instrument indispensable d'analyse et de discussion, à leur meilleur niveau, des grands problèmes et débats du monde contemporain».
Souhaitant critiquer le siècle en cours d'achèvement pour ouvrir le nouveau avec lucidité, Le Débat, aujourd'hui dirigé par le philosophe Marcel Gauchet, ne pouvait guère faire l'économie d'une réflexion sur le général de Gaulle, considéré comme «lieu de mémoire». Des dizaines de livres sortent tous les ans, consacrés à l'homme du 18 Juin. Le récit en deux tomes consacré par l'amiral de Gaulle à son père fut un phénomène de société. Il s'est vendu, pour le premier, à 480 000 exemplaires. Pour le second, à 280 000. La différence entre les deux volumes est la conséquence du scepticisme des historiens, effarés par l'accueil réservé à un livre discutable sur le plan des faits et des jugements. Et par-dessus tout, par ce slogan publicitaire : «Qui peut mieux connaître de Gaulle que son propre fils ?»
Les réfutations de fond n'ont pas manqué : sont intervenus, pour réfuter l'amiral, des historiens (Eric Roussel) et des descendants de personnalités mises en cause dans l'ouvrage de l'amiral de Gaulle. Citons le fils de François Mauriac, les enfants de Christian Fouchet, le petit-fils du général Giraud (auteur de Réplique à l'amiral de Gaulle, éditions du Rocher), etc.
C'est pour parachever cette entreprise que Pierre Nora propose un dossier intitulé «Qui était Charles de Gaulle ?». Les animateurs de la revue n'ont pas voulu placer la discussion autour de la personne du général de Gaulle. Il est révolu, le temps de Mauriac sous de Gaulle, le pamphlet de Jacques Laurent, révolu celui du journal l'Esprit public. Après gaullisme contre anti-gaullisme, voici venue l'ère sereine de l'a-gaullisme : c'est celui de l'histoire qui succède à celui de la politique et de ses combats.
En présentation, Pierre Nora écrit : «Que l'amiral ait tenu à apporter sur son illustre père son propre témoignage de fils, on ne peut que s'en réjouir et l'en féliciter. Il est seulement regrettable qu'outrepassant ce rôle, péremptoire sur tous les sujets qui le dépassent, se donnant à tout moment un rôle qu'il n'a pas eu et se présentant comme le seul détenteur de la vérité historique contre les historiens qu'il injurie pour la plupart au passage, il transforme son témoignage en réglement de comptes.»
Dans leurs contributions, deux biographes du général de Gaulle, Lacouture et Roussel, relèvent les erreurs ou les injustices commises par le fils de Gaulle : Léon Blum, Mendès France, mais aussi Monnet, Malraux, Mauriac. Ainsi est-il relaté, dans De Gaulle, mon père, un déjeuner entre Mauriac («homme frêle, de petite taille (sic)») et le Général, portant sur la grâce de l'écrivain Brasillach, alors qu'à la date donnée par l'amiral (qui se présente en convive) celui-ci n'est pas encore arrêté, et donc pas encore jugé. Détail, objectera-t-on.
Le problème est plus large : en ces temps où la nostalgie se porte bien, revue et corrigée par le souvenir, l'authenticité, la rigueur, la distance, en un mot, l'histoire, ont bien du mal à se frayer un passage. Que pèsent de solides arguments d'historiens pour maintenir la vérité des faits au-dessus du flot d'émotion dispensé à la télévision aux heures de grande écoute à grand renfort d'anecdotes approximatives ?
Espérer contre toute espérance préserver le Général de ses sectateurs les plus encombrants, sauver l'histoire contre la légende dorée, c'est l'ambition qui anime les auteurs de ce document précieux : un pari «gaullien», en somme.
ETIENNE DE MONTETYhttp://www.lefigaro.fr/cgi/edition/geni ... 30.MAG0033Citer :
C'est ce qui s'appelle une grosse colère. Pierre Nora, l'historien des Lieux de mémoire, prend la plume pour défendre celle du général de Gaulle que son fils, l'amiral, a, selon lui, «pétainisé» et «maréchalisé». Dans un texte d'une violence qui lui est peu familière, publié dans la revue Le Débat, qu'il dirige, l'académicien s'insurge contre l' «extraordinaire succès» qu'ont connu les deux tomes du De Gaulle, mon père, dans lequel Philippe de Gaulle se donne «à tout moment un rôle qu'il n'a pas eu» et, «péremptoire sur tous les sujets qui le dépassent», se présente «comme le seul détenteur de la vérité historique contre les historiens qu'il injurie».
La charge de Pierre Nora, peu suspect de gaullolâtrie, est motivée par la défense de la «vérité»: la version fantaisiste du fils est un tissu de «jugements erratiques» et d' «erreurs intéressées». Pierre Nora a demandé aux deux biographes du Général, Eric Roussel et Jean Lacouture, de démontrer le manque de sérieux de l'ouvrage (erreurs grossières de dates, ignorance historique). L'exercice est accablant pour le fils, mais aussi pour le journaliste Michel Tauriac, qui l'a aidé, et pour l'éditeur, qui fut jadis celui du Général. Pierre Nora oublie d'autres journalistes, qui réalisèrent «couvertures» et recensions dithyrambiques de cette entreprise.
«Le plus pénible, conclut-il, est dans la tonalité générale de l'ouvrage, dans la vision étriquée des hommes et des choses que le fils prête au père. Quand on voit le monde d'où il sort, le monde où baigne une partie de lui-même, fait de conformisme social petit-bourgeois et d'étroitesse intellectuelle et morale, on touche du doigt ce que Charles de Gaulle aurait pu être s'il n'avait pas été ce qui le fait de Gaulle; et il n'en devient que plus grand, plus mystérieux.»
http://livres.lexpress.fr/critique.asp/ ... R=12/idG=8 J'aimerais avoir votre avis sur la question, notamment celui de ceux qui ont lu l'ouvrage de Philippe de Gaulle voire la critique du
Débat.