Kamzz a écrit :
Petite anecdote au sujet de Bourguiba et du ramadan qui arrive, dans les années 80 devant la montée du religieux il fit un geste courageux ou stupide c'est selon, il bu un jus de fruit en plein jeun!
La grande qualité historique de Bourguiba sera son attitude vis-à-vis des religieux, dont il tentera avec succès de restreindre l'influence dans la société. Son geste n'est pas isolé. Lors de son retour triomphal en Tunisie le 29 mai 1955, à la Goulette, un film d'époque le montre en train d'ôter son voile à une femme.
Il a compris d'emblée que l'élévation du statut des femmes et leur éducation étaient les clés de la modernisation d'une société.
Fait révélateur : on trouve aujourd'hui des Tunisiens qui lui en font grief.
En revanche, il est et demeurera le père de l'indépendance pour tous les Tunisiens. Je sais de première main qu'il est très admiré, surtout par contraste avec son successeur Ben Ali dont la dictature paraît difficilement supportable, surtout à des gens qui ont pu voyager.
Bien sûr, il n'a pas pu ni même essayé de mettre en place une démocratie. Mais l'aurait-il pu ? Sans assise économique forte, ni conscience nationale assurée, la démocratie n'est qu'un trompe-l'œil pour les clientélismes et les communautarisme plus ou moins maffieux. Le développement économique paraissait la priorité, son seul tort ayant été d'essayer de l'atteindre, comme tous ses voisins, par des méthodes socialistes pas toujours efficaces.
En revanche, il ne s'est pas laissé aveugler par ses voisins en se laissant entraîner dans des dépenses militaires inconsidérées ou pire, dans des guerres. Le panarabisme ne l'a pas troublé au point d'accepter des unions avec la Lybie ou l'Algérie, ces unions ressemblant fort à des annexions. À Boumédiène, il aurait déclaré :
"D'accord pour nous unir, mais cédez-nous d'abord le Constantinois !"