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Bilan de la diplomatie gaulliste
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Auteur :  marc30 [ 25 Août 2015 20:03 ]
Sujet du message :  Bilan de la diplomatie gaulliste

Peut on tirer comme bilan de la diplomatie gaulliste que la France à cette époque a vu clair à Long terme mais s'est trompée à court terme ?

1- Europe
- de Gaulle avait raison de fermer la porte aux Anglais et en vouloir une Europe européenne
- mais dansl'immediat il n'est pas parvenu à construire son Europe des nations et n'a fait que dresser ses conq partenaires contre la France

2- Allemagne
- de Gaulle avait raison de faire de l'alliance franco allemande la base de l'unité européenne comme Giscard et Motterrand le feront après lui
- mais en voulant contraindre la RFA à choisir entre l'Amérique et la France il l'a un peu plus poussé dans les bras américains

3- URSS
- de Gaulle avait raison de dire que la Russie finirait pas reprendre le dessus sur l'URSS
- mais ni Kroutchev ni Brejnev n'étaient Gorbatchev...

Auteur :  Jerôme [ 31 Oct 2015 19:27 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Ce n'est pas mal vu à ceci près que De Gaulle a réussi à empêcher la création d'une Europe fédérale mais à échouer à créer une Europe des nations sans l'Angleterre et à desserrer la totale américaine sur l'OTAN. peut on aller jusqu'àdire qu'en créant une grave crise de Confiance entre la France et l'Amerique il a divisé et affaibli la position européenne !

Malgré ses voyages en Roumanie et en Pologne il n'a aucunement affaibli la tutelle soviétique sur l'Europe centrale

Bref un bilan diplomatique plutôt limité

Auteur :  Jerôme [ 15 Fév 2016 0:54 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

La Nouvelle Revue d'Histoire vient de publier un dossier sur "de Gaulle et les américains". À noter Un article de Gaël Moulec conclut que le rapprochement avec l'URSS ne fut que l'effet de la déception provoquée chez De Gaulle par le refus des États Unis d'"Une coopération d'égal à égal sincère et entière " avec la France.

Auteur :  L. VLPIVS POLLEX [ 15 Fév 2016 12:55 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Une certaine solitude dans le but de tenter une expérience indépendantiste des Européens.
Une ouverture au Monde moderne.
La gestion de la décolonisation.
Plus encore ? ou moins ?

Auteur :  Caesar Scipio [ 15 Fév 2016 14:42 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Marc30, je ne pense pas que de Gaulle se soit trompé à court terme, quand bien même considérerait-on qu’il avait raison à long terme.

Sur l’Europe, il a essayé de construire une Europe européenne telle que vue par les français souverainistes, c’est-à-dire l’Europe levier d’Archimède de la puissance et des intérêts français. Il n’avait pas d’illusion sur l’importance des obstacles et les risques élevés d’échec.

Un extrait de Peyrefitte qui ne souffre pas d’ambiguité : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article1899

Il a tenté avec le plan Fouchet et le traité de l’Elysée. Il a échoué tout simplement parce qu’en face, il n’y avait pas de partenaire pour accepter de s’engager dans les visions françaises mais il n’y avait pas d’alternative.
L’Allemagne était atlantiste et avait toutes les raisons d’être atlantiste. Elle avait besoin du parapluie américain. Elle avait été reconstituée comme Etat sur initiative et volonté américaine. Elle était une colonie économique américaine. Sa classe dirigeante, politique et économique, était largement atlantiste. L’affaire du préambule rajouté par le Bundestag lors de la ratification du traité de l’Elysée en est la signature éclatante et définitive.

On préfère toujours un protecteur plus puissant et éloigné qu’un protecteur voisin et moins puissant. Les moyens et petits pays européens sont dans la même logique. La superpuissance distante les protège des appétits de la puissance voisine. L’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg étaient atlantistes également. Voilà tout.

Fallait-il pour autant ne rien faire et juste patienter et, en attendant l’hypothétique moment où d’autres se rallieraient à ses vues ? A mon avis, non. Le rôle des dirigeants est d’œuvrer à provoquer et si possible à hâter les évolutions qu’ils estiment dans leur intérêt.

Sur l’Angleterre, je suis évidemment d’accord avec le point de vue selon lequel il ne fallait pas les laisser entrer.
Le problème c’est que les 5 autres la voulaient très fortement à la roue. L’Allemagne se montrait certes conciliatrice sur la forme au plan politique et prenait soin de ne pas mettre la pression sur la France, mais l’industrie allemande poussait très fortement à la roue.
Et il y a aussi le fait que du point de vue des souverainistes gaullistes alors au pouvoir, l’Allemagne leur échappe dans la seconde moitié des années 1960, voire dès 1963. Ce sont aussi eux qui poussent à réviser la position de la France vis-à-vis de l’entrée du Royaume-Uni dans le marché commun. Pour eux, l’adhésion britannique permettrait à la France de trouver des appuis pour juguler une Allemagne qui échappe de plus en plus à l’influence française et qui prend des initiatives sans la France, initiatives éveillant la crainte de la France. Et elle ne serait pas illogique alors que de Gaulle et Debré souhaitent éviter que la structure CEE prenne plus d’importance, focalisés qu’ils sont sur les objectifs politiques de fond plus que sur la construction de « machins ».
http://books.openedition.org/iheid/1091?lang=fr

Et enfin, Jérôme, je ne vois pas en quoi de Gaulle est foncièrement responsable de l'échec d'un projet d'Europe fédérale. Les fédéralistes ont exercé le pouvoir pendant 30 ans de 1974 à 2005 (depuis aussi d'ailleurs, mais entre temps il y a eu l'expression cinglante du suffrage universel sur le projet de traité dit "constitutionnel" européen), gauche et droite confondues. Ils ont fait l'Acte unique. Ils ont fait le traité de Maastricht, le traité d'Amsterdam, l'euro, le traité de Nice et le traité de Lisbonne. Et pourtant ça n'avance pas parce qu'il n'y a pas d'adhésion politique majoritaire parmi les souverains que sont les peuples. Les pays riches européens se gargarisent parfois du mot de fédéralisme mais rejettent viscéralement l'idée de payer pour des partenaires aux niveaux de vie et de compétitivité très différent. C'est pourtant sur cela que se fonde un fédéralisme. Sinon ce n'est pas du fédéralisme.

Auteur :  ThierryM [ 15 Fév 2016 15:01 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Caesar Scipio a écrit :
Les pays riches européens se gargarisent parfois du mot de fédéralisme mais rejettent viscéralement l'idée de payer pour des partenaires aux niveaux de vie et de compétitivité très différent. C'est pourtant sur cela que se fonde un fédéralisme. Sinon ce n'est pas du fédéralisme.

Je ne suis pas certain qu'aux Etats-Unis, les états fédérés les plus aisés viennent financer, par un mécanisme de redistribution, les états les plus défavorisés. La fiscalité, hormis l'impôt fédéral, demeure très largement une prérogative des états fédérés. Si vous avez des informations indiquant l'existence de ces redistributions, je suis preneur.

Auteur :  Narduccio [ 15 Fév 2016 16:03 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

ThierryM a écrit :
Caesar Scipio a écrit :
Les pays riches européens se gargarisent parfois du mot de fédéralisme mais rejettent viscéralement l'idée de payer pour des partenaires aux niveaux de vie et de compétitivité très différent. C'est pourtant sur cela que se fonde un fédéralisme. Sinon ce n'est pas du fédéralisme.

Je ne suis pas certain qu'aux Etats-Unis, les états fédérés les plus aisés viennent financer, par un mécanisme de redistribution, les états les plus défavorisés. La fiscalité, hormis l'impôt fédéral, demeure très largement une prérogative des états fédérés. Si vous avez des informations indiquant l'existence de ces redistributions, je suis preneur.


Aux USA, la voie du fédéralisme a été ouverte lors de la première crise monétaire. Certains désiraient que chaque État ait sa monnaie pour ne pas payer pour les erreurs des autres. A l'époque, les tous jeunes USA ont décidé qu'il n'y aurait qu'une seule monnaie fédérale commune, avec une seule caisse fédérale et que chaque État y contribuerait. Donc, oui, les États "riches" contribuent aussi au fonctionnement des États pauvres ne serait-ce qu'en garantissant la monnaie fédérale. En Europe, sur plusieurs sujets, "on" a fait le choix de rester au milieu du gué en optant pas pour une solution fédérale pour respecter la souveraineté des divers États. Et on a constaté à diverses reprises que c'est une mauvaise solution. Soit, il aurait fallu rester indépendant sur ces points-là. Soit il aurait fallu opter pour une solution fédérale. Je ne peux pas vous donner d'exemples, car les seuls qui me viennent à l’esprit sont des problèmes actuels et il me faudrait franchir la limite chronologique.

Auteur :  L. VLPIVS POLLEX [ 15 Fév 2016 18:29 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Hors sujet : je ne suis pas sûr que ce soit les Européens, qui fassent les choix pour leur avenir ( Brzezinski l'écrit lui-même).

Auteur :  Caesar Scipio [ 15 Fév 2016 19:00 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

ThierryM a écrit :
Caesar Scipio a écrit :
Les pays riches européens se gargarisent parfois du mot de fédéralisme mais rejettent viscéralement l'idée de payer pour des partenaires aux niveaux de vie et de compétitivité très différent. C'est pourtant sur cela que se fonde un fédéralisme. Sinon ce n'est pas du fédéralisme.

Je ne suis pas certain qu'aux Etats-Unis, les états fédérés les plus aisés viennent financer, par un mécanisme de redistribution, les états les plus défavorisés. La fiscalité, hormis l'impôt fédéral, demeure très largement une prérogative des états fédérés. Si vous avez des informations indiquant l'existence de ces redistributions, je suis preneur.


Détrompez-vous.

Les transferts nets des Etats riches vers les Etats pauvres, aux USA, atteignent de l'ordre de 3,5% du PIB états-unien, alors qu'ils ne représentent que de l'ordre de 0,3% du PIB de l'UE pour les transferts entre Etats riches et Etats pauvres de l'UE.

Et pourtant, les disparités de richesses entre les Etats fédérés des USA (écarts de 1 à 2) sont bien moindres que celles entre Etats membres de l'UE (écarts de 1 à 5,5).

C'est pour cela qu'il ne peut pas y avoir adhésion démocratique au projet fédéraliste. Avec autant d'écarts de niveau de vie reliés à des identités nationales, il y a 28 démoï nationaux et il est impossible de fonder un démos commun.

Auteur :  ThierryM [ 15 Fév 2016 21:06 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Au temps pour moi. Merci.

Auteur :  bourbilly21 [ 15 Fév 2016 23:37 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

n'oubliez pas les réseaux Foccart en Afrique !
Essentiel chaînon de l'influence française

Auteur :  Jadis [ 10 Déc 2021 18:37 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Plutôt qu'un bilan diplomatique par bloc géographique, on peut plutôt essayer d'établir un bilan diplomatique par posture :

- La politique d'indépendance (non-alignement avec les grandes puissances, y compris par la reconnaissance de la Chine en 1964 ou le discours de Phnom Penh en 1966, retrait du commandement intégré de l'OTAN en 1966 et en même temps rapprochement avec l'Union soviétique, dont le voyage de 1966).

- La politique européenne (réconciliation franco-allemande, avec le traité de l'Elysée de 1963, les efforts en faveur de la construction européenne et la mise à l'écart du Royaume-Uni, considéré comme un cheval de Troie américain, mais finalement la situation de blocage, avec la politique de la chaise vide de 1965-1966).

- La gestion des décolonisations (crise de l'Algérie française, politique de J. Foccart et Françafrique avec l'ancien empire, la posture vis-à-vis de la guerre du Vietnam).

- Le regard sur le Proche-Orient (naissance d'une politique arabe française, position pendant la guerre de Six de Jours de 1967, rupture avec Israël).

Auteur :  Lampsaque [ 15 Déc 2021 12:24 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

En politique étrangère, il me semble que De Gaulle revenu au pouvoir avait trois buts :

.1 Empêcher l’approfondissement de la construction européenne.
.2 Empêcher son élargissement (pour permettre une certaine « domination » de la France).
.3 Faire parler de la France. Langage inadapté supprimé

. Le but 1 ?
Après de Gaulle sont venus : le Parlement européen, le Conseil européen, le Système monétaire européen, l’euro, la promotion du Président de la commission européenne au statut de chef d’exécutif (présent comme observateur aux sommets internationaux des grandes puissances), la présence d’un drapeau européen au côté du drapeau national lors des conférences du président de la République.
Bref : échec complet, sauf que de Gaulle a ralenti un mouvement en cours.

. Le but 2 ?
L’élargissement a rassemblé quasiment tout le continent européen.
Échec complet, sauf que de Gaulle a ralenti un mouvement en cours, et que le Royaume-Uni vient de sortir (avant de rentrer de nouveau ?).

. Le but 3 ?
Largement atteint. Bravo.

Auteur :  Duc de Raguse [ 15 Déc 2021 15:09 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Lampsaque a écrit :
Bref : échec complet, sauf que de Gaulle a ralenti un mouvement en cours.

Comme il n'était plus au pouvoir je ne pense qu'on puisse considérer cela comme un échec.
Quant au "mouvement en cours", cela fait un peu reconstruit a posteriori, même s'il est vrai qu'une certaine élite a vendu aux peuples - qui pour la grande majorité n'en ont pas voulu lorsqu'on le leur a demandé - cette Europe fédérale.
L'Europe fédérale c'est en 1992, soit 12 ans après sa mort.

Auteur :  Pierma [ 15 Déc 2021 22:55 ]
Sujet du message :  Re: Bilan de la diplomatie gaulliste

Lampsaque a écrit :
En politique étrangère, il me semble que De Gaulle revenu au pouvoir avait trois buts :

.1 Empêcher l’approfondissement de la construction européenne.
.2 Empêcher son élargissement (pour permettre une certaine « domination » de la France).
.3 Faire parler de la France. langage inadapté supprimé.

Vous oubliez sa politique à l'Est, destinée à lier des liens intra-européen "de l'Atlantique à l'Oural", avec l'hypothèse que "la Russie absorbera le communisme comme le buvard absorbe l'encre."
Il n'avait que 20 ans d'avance.

Cela dit, même si c'était prophétique, il aurait gagné à regarder plus près et plus proche dans le temps. Lorsque Mai 68 éclate, il est en Roumanie... :rool:

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