La Sarre avait été administrée par la France sous mandat de la SDN jusqu'en 1935, c'était tout récent. C’était une entité créée par le traité de Versailles. Auparavant elle était partagée politiquement entre la Prusse et la Bavière. En matière religieuse, elle l’était entre les diocèses de Trèves et de Spire. En 1945, la Sarre, incluse dans la zone d’occupation française, passe sous administration militaire française. Quasiment toute la production sarroise est dirigée vers la France dans le cadre d'une union douanière. Le redressement économique est très rapide.
L’administration militaire prend fin en 1947 après des élections qui aboutissent à un gouvernement stable de coalition entre chrétiens démocrates et socialistes. L’administration de la Sarre est dès lors autonome sauf un droit de veto du commandement militaire français. La population se montre francophile mais se considère néanmoins allemande. Cette francophilie, qui pousse au maintien de liens économiques étroits avec la France, est vraisemblablement due à des considérations purement économiques, la prospérité de la Sarre contrastant avec la situation encore chaotique de l’Allemagne où l’on compte trois millions de chômeurs. On a parlé d’un « plébiscite de l’estomac » à propos des élections de 1947. Le 15 décembre, le landtag adopte un texte constitutionnel selon lequel
la Sarre est un territoire organisé de manière autonome, démocratique et sociale, et économiquement rattaché à la France. En pratique, la Sarre devient une sorte de protectorat français, statut que le gouvernement de Bonn se refuse à reconnaître. L’interdiction faite aux Sarrois de militer pour une fusion avec l’Allemagne n’est pas de nature à le faire céder.
La situation se clarifiée et s'apaisée un peu avec l’accord du 23 octobre 1954 arraché à Adenauer par Mendès-France qui en faisait une condition à la ratification des accords de la CED et de l’UEO. L’autonomie interne de la Sarre et les liens économiques avec la France y sont consacrés, elle se représente elle-même dans les organismes européens, Conseil de l’Europ, CECA, UEO et les compétences de représentation internationale hors Europe sont assurées par un commissaire européen nommé par le Conseil des Ministres de l'U.E.0. Mais consultés par référendum le 23 octobre 1945, les Sarrois ont rejettent cet accord au profit d’une intégration dans la RFA.
https://www.persee.fr/docAsPDF/afdi_006 ... 1_1151.pdf