Une façon peu commune mais pas inintéressante de comprendre la RDA est de s'intéresser à son art.
Je vous suggère donc de lire ces articles que je trouve assez bien faits
https://www.cairn.info/revue-allemagne- ... age-67.htmEt
https://journals.openedition.org/allemagne/1507Extraits :
"Le régime de RDA récuse à partir des années 1970 la référence à la nation allemande et se réclame d’une autre nation. Cette évolution suscite dans les arts plastiques un questionnement autour des représentations de la nation. L’interrogation présente dans la peinture qui prend pour objet le mouvement ouvrier et le national-socialisme s’exprime également à travers les représentations métaphoriques de la division allemande, qui inclut l’image souvent indirecte de la frontière. La question de l’image de la nation se double après l’unification d’un débat sur la place des arts plastiques de RDA dans l’art national."
Cette intro résume bien les évolutions idéologiques est allemandes :
"Dans les années 1950 et 1960, la RDA a conservé officiellement la référence à l’unité de la nation allemande. Dans la constitution de 1968, l’intérêt supérieur de la nation allemande est invoqué comme élément de légitimation d’une RDA définie comme un « État socialiste de nation allemande ».
Au début des années 70, la RDA abandonne progressivement la référence à la nation allemande et se réclame d’une autre nation, la nation socialiste. Dès le VIIIe congrès du SED en 1971, il est question de la « nation socialiste » qui se développe dans l’« État socialiste allemand » de RDA, par opposition à la nation bourgeoise qui se perpétue en Allemagne de l’Ouest.
L’année suivante, les choses se précisent : l’Allemagne divisée, ce ne sont pas deux États d’une même nation, mais deux nations incarnées dans des États aux régimes sociaux différents2. En 1973, les commentaires officiels martèlent l’idée que le processus de démarcation (Abgrenzung) entre les deux États traverse également la nation et qu’aucune communauté linguistique, culturelle, ou historique entre les populations des deux Allemagnes ne saurait fonder l’existence présente d’une nation commune.
Une fois acquis le traité fondamental entre les deux Allemagnes et la reconnaissance internationale de la RDA, ce processus est ancré dans la constitution en 1974. Toute référence à l’Allemagne et à la nation allemande disparaît de la constitution, et la RDA se définit désormais comme « un État socialiste des ouvriers et des paysans » : la nation allemande est réputée appartenir au passé, la perspective de la réunification n’est plus mentionnée. La formule « deux États, une Nation » qui sous-tend en République fédérale la nouvelle politique à l’Est relève dans cette perspective d’un aveuglement historique, ou d’une volonté de renverser le cours de l’Histoire.
Ce remplacement de la nation allemande par la nation socialiste se heurtera à l’incompréhension d’une grande partie de la population, qui s’identifie jusqu’à un certain point avec la RDA sans s’identifier pour autant à une nation socialiste internationale, et qui ne perd pas la conscience d’appartenir à un ensemble allemand. Pour répondre à cette incompréhension, la notion de nation socialiste sera complétée par celle de « nationalité allemande » qui désigne l’appartenance non pas à une nation, mais à un groupe linguistique, culturel et ethnique.
La position officielle sera assouplie dans la pratique au cours des dix années suivantes, et on verra resurgir au moment de la crise des fusées Pershing et SS20 l’évocation du « peuple allemand » au nom duquel la RDA s’associe à la revendication d’une zone dénucléarisée au centre de l’Europe (1983). Les commentaires autorisés n’excluent plus l’avènement lointain d’une « nation socialiste allemande » qui verrait le jour quand le capitalisme aurait disparu dans toute l’Allemagne.
La théorie des deux nations – nation des Krupp à l’Ouest, nation des Bebel et des Liebknecht à l’Est – n’est pas officiellement abandonnée, mais dans la pratique elle n’est plus utilisée. D’autant moins qu’avec la montée en puissance de Solidarnosc en Pologne et le désaccord fondamental avec la politique de Perestroika menée en Union soviétique, la conscience d’une nation socialiste internationale n’était plus à l’ordre du jour en RDA."