Pédro a écrit :
Pour ce qui est des liens supposés de l'extrême gauche avec l'islamisme c'est un thème très mode, repris au plus haut niveau de l'Etat et qui relève avant tout de la tentative de décrédibilisation d'un adversaire politique et franchement je ne pense pas que l'on va en discuter ici...
Merci...lire ce genre d’accusation ignoble... et pardon, ce n'est pas repris au plus haut niveau de l'Etat, mais par une frange bien particulière de l'éventail politique. Et cette question, des liens de l'extrême-gauche avec la Palestine fleure bon les sous-entendus actuels et la politique française d'aujourd'hui ;
néanmoins je réponds :
avant les années 60, pour
LES extrêmes gauches, le Palestinien était exclusivement un « réfugié ». Les deux mots n’allaient jamais l’un sans l’autre dans la presse. Ces nouveaux « Indiens » parqués dans des réserves ou des camps apparaissaient surtout comme l’enjeu de toutes les manipulations, ou — deuxième image — comme une cause humanitaire. Les pays arabes étaient mis en accusation pour ne pas vouloir accueillir ces nouveaux venus de façon pérenne ; les pays occidentaux étaient mis en accusation, eux aussi, pour ne pas accepter de consentir une aide suffisante. Le militantisme était surtout compassionnel.
C’est à partir de 1964, avec la tenue du premier congrès national palestinien en Jordanie, le 28 mai, qu’une nouvelle image se dessine. Celle d’un combattant. Le réfugié devient un Palestinien. Il quitte un statut passif, victimaire, pour devenir acteur de sa propre histoire. Ce sont les fedayins, les combattants, qui vont évidemment passionner une partie de notre extrême gauche.
Avec la guerre des 6 jours, L’extrême gauche prend position dans l’affirmation du Palestinien comme victime de la création d’Israël. Avec l’affirmation de cet acteur essentiel, et néanmoins biffé de la représentation historique occidentale depuis 1947, Israël perd son statut moral de « pays des rescapés » ; il perd sa virginité politique et sociale. En France, c’est l’extrême gauche qui impose cette rupture dans la représentation historique. C’est elle qui impose l’idée d’un conflit qui n’apparaissait pas clairement faute de considération minimum pour l’un des acteurs de cet antagonisme. Cette prise de position a des racines de politique nationale aussi dans la mesure où la SFIO se posait en défenseur inconditionnel de l'Etat d'Israel : Il ne faut pas oublier que la création d’Israël, outre son lien évident avec le génocide et la culpabilité de la classe politique française, est vécue comme une alternative socialiste au communisme d’inspiration soviétique. Le kibboutz attire de nombreux jeunes Français de gauche, parfois non juifs.
La question palestinienne est rapidement vécue par les maoïstes comme un prolongement de la question coloniale. Elle surgit cinq ans à peine après la guerre d’indépendance algérienne. Et elle met en mouvement un autre peuple arabe. Mais, surtout, elle apparaît simultanément à un autre conflit qui bouleverse le monde : la guerre du Vietnam. Israël, espoir déçu d’un socialisme autogestionnaire, symbolise à présent le pays colonisateur. Et un pays que soutiennent les États-Unis d’Amérique alors engagés dans la guerre du Vietnam. Les deux conflits s’amalgament. Il y a le Nord et le Sud. Le conflit israélo-arabe, qui mute en conflit israélo-palestinien, apparaît comme une pièce de ce puzzle planétaire. L’axe « américano-sioniste » apparaît dans le discours des comités Vietnam.
En outre, les Palestiniens ne sont pas seulement un peuple colonisé, un peuple du tiers-monde, un peuple arabe du Proche-Orient ; ils sont aussi des parias, abandonnés même par leurs frères arabes. Ils cessent d’être seulement des résistants pour devenir des révolutionnaires. La sanglante répression qui s’abat sur l’OLP en Jordanie au cours de l’été et de l’automne 1970, renforce cette vision. Cette image de marginalité radicale fusionne dans l’imaginaire gauchiste avec une autre figure fraîchement apparue dans la société française : celle de l’immigré. Le Palestinien est la transposition internationale de cet immigré abandonné de tous, sans réelle patrie.
Voilà, cette analyse est tirée d'un article de Denis Siefert ; je ne pense pas que la gauche en général ne soit attiré par l'islamisme. Islamo-collabo ou islamo-gauchiste sont des slogans politiciens.