Jerôme a écrit :
Et que les serbes furent dans le "bon camp" lors des deux guerres mondiales - ce qui les a conduit à s'illusionner sur l'attitude des occidentaux !
Les occidentaux ont fait preuve d'un abstentionnisme coupable face au comportement de la Serbie. La Forpronu, constituée en 93, n'avait en aucune façon le mandat de les combattre, elle devait faire du "maintien de la paix". (Dans un pays en guerre !)
Les services français éprouvaient une certaine sympathie pour ces Serbes de Bosnie qui combattaient des musulmans, et les volontaires djihadistes internationaux qui les avaient rejoints. Une erreur d'interprétation qui aura des conséquences graves.
C'est ainsi qu'on verra un beau matin tous les points d'appui français, Séparant les deux camps, encerclés par les Serbes de Bosnie. Pris par surprise, l'état major de la Forpronu ne put que proposer un appui d'artillerie aux postes qui décideraient de ne pas se rendre. (Pas d'aviation ni de renforts possibles.)
Même LE point d'appui tenu par des légionnaires, entre tous, a déposé les armes. (En principe la Légion "fait Camerone", dans ce genre de situation, c'est une tradition plus que centenaire. D'autant que disposant de tout l'appui d'artillerie, ils auraient pu tenir un moment... J'imagine qu'ils n'ont pas été accueillis avec des fleurs par le commandant de l'arme, au retour.)
On a donc eu 200 Casques Bleus pris en otage à Pale. Deux par deux, avec des menottes, autour d'un lampadaire, avec photos dans Paris Match. (qui sert volontiers la soupe à nos ennemis.) Une humiliation historique.
Libérés en échange de fourniture d'armes aux Serbes de Bosnie et... et toutes les clauses ne sont pas connues, mais un mois plus tard les Serbes de Bosnie ont attaqué l'enclave de Srebrenica, sans que le général Bernard Janvier - je donne son nom - commandant la Forpronu, ne juge utile de déclencher les raids aériens qui auraient pulvérisé le convoi bosno-serbe sur l'unique route utilisée pour leur offensive.
J'ai entendu son adjoint, un général anglais, marquer sa surprise à ce sujet : les avions français et anglais décollés des porte-avions au large tenaient l'air depuis le matin, en se relayant et en attendant l'ordre d'attaque. A 17h00, alors que les rares Casques Bleus hollandais qui avaient décidé de se battre ont rapporté qu'ils étaient sous le feu et que les bosno-serbes allaient s'infiltrer en ville (ce qui rendrait ineffective toute intervention aérienne) l'état-major de la Forpronu a alors insisté pour déclencher enfin les frappes aériennes. Réponse, rapportée par ce général anglais scandalisé :" Nous verrons plus clair demain".
Mon avis personnel est qu'il y a eu un accord préalable dans la coulisse, lié à la libération de nos otages. (Qui offrait les enclaves au Serbes de Bosnie, mais ne prévoyait évidemment pas le meurtre des hommes de tous âges, personne n'imaginait une saloperie pareille.) C'est ce documentaire qui m'a convaincu.
(Par ailleurs les Casques Bleus hollandais sur place ont été en dessous de tout, mais eux ont fait l'objet d'un enquête parlementaire dans leur pays.)
Il a donc fallu attendre 95 et Srebrenica pour que les ordres de la Forpronu changent, que la France envoie par ailleurs des renforts hors de l'autorité de l'ONU et que les Américains décident de mettre fin à la plaisanterie, l'UE étant incapable de s'entendre. (Sans y impliquer leurs troupes - sauf peut-être des forces spéciales, pour guider les frappes - mais avec un soutien solide aux Croates et aux musulmans de Bosnie : appui aérien, et surtout fourniture d'armements en quantité.)