Loïc, vous avez déjà eu l'occasion de nous faire part de votre agacement devant la complaisance dont jouir
ait Franco chez les Français, et comment nous sous-estimer
ions fortement son pro-nazisme. Je le mets au conditionnel dubitatif, car... dans les faits, vous avez déjà rencontré beaucoup de Français pro-franquistes, vous?
N'est-ce pas vous qui seriez un petit peu remonté sur ce sujet?
Par exemple:
Loïc a écrit :
un brave dictateur clairvoyant au gentil pays du soleil, playas, tortillas et corridas
vous êtes sarcastique, mais le fait est que nous sommes plusieurs
millions de Français qui nous sommes rendus en vacances en Espagne dans les années 60-70 et qui pouvons témoigner que l'Espagne, c'était pas le goulag. Cela ne fait pas nous pour autant de naïfs imbéciles. Mon père a voyagé jeune homme dans l'Espagne de Franco, au Portugal de Salazar, et surtout derrière le Rideau de Fer. Quand il s'est marié, la première fois qu'il a emmené sa jeune épouse en vacances, pensez-vous qu'il l'a plutôt emmenée prendre le soleil chez Franco ou chez Tito?
Pour revenir à la personnalité de Franco et à son action: comme 40 ans c'est long, essayons en prime de le faire chronologiquement.
Nous avons vu son attitude d'avant la guerre civile, très prudente, voire velléitaire diront certains, et absolument pas "je-prends-le-pouvoir-par-la-force-car-j'aspire-à-dictaturer". Pour moi, c'était une découverte.
Arrivons maintenant à 39-45; il semble bien que cette même attitude cauteleuse soit sa caractéristique pendant le conflit. On peut bien dire que la non-belligérance était objectivement un passe-passe, que la coopération avec l'Allemagne fut réelle, il n'empêche que les faits sont là: Franco n'a pas du dépenser un centime dans cette guerre (les soldes et le matériel de la division Azul étaient payés par les Allemands), et n'a pas fait partie des vaincus à l'arrivée.
Alors, habile ou velléitaire?
GustavedeBeaumont a écrit :
Cela confirme encore ce trait se da personnalité: fort en gueule mais velléitaire et peu fiable.[...]Il semble que Hitler n'ait jamais eu beaucoup de respect pour Franco, et estimait même qu'Emilio Mola quand il était en vie avait plus d'envergure et de capacité de décision.
Je compare l'appréciation de Beaumont avec la remarque de Michel del Castillo dans l'interview citée au début du fil:
la grande intelligence de Franco, c'était d'accepter de passer pour un médiocre. Cela aurait commencé, toujours selon Castillo, dès la relation qu'il avait avec son père qui le méprisait. Je trouve cela assez convaincant, dois-je dire. Devient-on général à 34 ans dans une armée européenne au XXème siècle en étant inintelligent ? Mater la révolution de 34, gagner la guerre civile, cela paraît-il le fait d'un velléitaire peu fiable? Cela fait plutôt penser à un impitoyable animal de sang-froid. Garder le pouvoir trente ans de plus en disposant jusqu'au bout d'une incontestable assise parmi une part significative de la population, cela ne fait pas vraiment "clown" non plus.
Loïc a écrit :
L'Espagne non seulement n'est pas neutre (mythe franquiste d'aprés 1945) mais elle n'est pas non-bélligérante non plus en réalité puisqu'elle se considère elle-même en "belligérance" contre L'Union Soviétique qui lui a déclaré la guerre depuis 1936 (relations reprises en 1977) et a désigné la France et les alliés tout autant comme ses "ennemis" dont Franco en personne qui parle de la France comme d'un ennemi héréditaire,
l'Espagne est cobélligérante du côté de l'Axe
A la guerre, l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Félicitons-nous de ce que les Alliés ont su se souvenir de ce principe sans pudeur mal placée pour s'associer à l'URSS stalinienne à partir de la mi-42, sinon on y serait peut-être encore.
L'Allemagne nazie n'est pas une menace (directe) pour l'Espagne: celle-ci ne fait pas partie du
Lebensraum, elle n'a pas été envahie et ses civils ne sont pas agressés.
L'URSS en revanche est un ennemi déclaré, depuis 36 on l'a vu (est-ce exact, d'ailleurs, cet état de guerre depuis 36, ou sont-ce des rodomontades franquistes?).
Donc, il est logique, quand on est en guerre contre l'un, de se retrouver dans le camp de l'autre. Franco a été dans ce camp de l'Axe de manière suffisamment limitée pour ne pas faire partie des objectifs de guerre Alliés, ne pas y laisser sa chemise en 45 et même créer le mythe de la non-belligérance qui hérisse Loïc. Grand bien lui fasse. Par velléité ou par suprême intelligence? Je ne sais pas. Mais en tout cas cela lui permet de prendre le pouvoir pour 30 ans. C'est à peine s'il est un peu bousculé sur le plan diplomatique: intégré aux Nations-Unies dès 1955, franchement, 10 ans, ce n'est pas la mer à boire.