Edit : merci pour les infos, Jean-Marc.
Narduccio a écrit :
Lampsaque a écrit :
Ajoutons qu’une grande partie de la population de la RFA était composée de réfugiés des années de guerre ou de descendants de réfugiés, probablement particulièrement sensibles au sort des descendants des Allemands de la Volga
Ouah !!! Et où a-t-on mis les Allemands de l'ouest autochtones ? Il y a eu effectivement une part de réfugiés en ex-RFA. Mais, je ne pense pas que ce soit au point de parler "d'une grande partie de la population". Quand j'allais au Bade-Wurtemberg voisin, il m'a toujours semblé que la plupart des habitants vivaient là depuis plusieurs générations.
Ce n'est pas une "grande partie" de la population, mais le phénomène a été très important partout.
Comme il est inutile de se battre sur des adjectifs, je vais essayer de donner des chiffres. (Et bien sûr, les Allemands sont traditionnellement sensibles au problème des réfugiés, beaucoup l'ont été eux-mêmes à une époque, ne serait-ce que les évacués des villes vers les campagnes pendant la campagne de bombardements alliés et au delà, beaucoup se retrouvant sans abri.)
L'Allemagne de fin 1944 jusqu'à 1947 a reçu d'abord les réfugiés des régions envahies par l'Armée Rouge. (de la Prusse orientale jusqu'à la Silésie.) Sans retour possible, ces régions étant annexées à la Russie - l'enclave actuelle de Kaliningrad est l'ancienne Königsberg - ou aux pays baltes, tandis que les frontières de la Pologne sont décalées de 200 km vers l'ouest, en absorbant la Silésie et l'Est de la Poméranie.
A Yalta, où fut prise la décision de "déplacer" la Pologne, Staline commenta cyniquement qu'il ne devait pas rester beaucoup d'Allemands dans ces régions-là.
En fait il en restait si bien que pendant tout l'hiver 45-46 Berlin voyait arriver 30 000 réfugiés par jour, qui espéraient y trouver une ville intacte, et que les Alliés devaient d'abord accueillir et nourrir avant de les dispatcher dans d'autres régions.
Ensuite fut décidé à Potsdam l'expulsion partout en Europe des minorités allemandes. (A vrai dire, les Tchèques n'avaient pas attendu pour commencer à expulser les Allemands des Sudètes, avec nombre de massacres collectifs ou de vengeances des milices tchèques sur les civils.)
Que ce soit des Sudètes ou d'ailleurs, les expulsions ont donné lieu à des exactions systématiques, sans parler du dénuement de ces populations jetées sur les routes avec quelques affaires, ou des conditions de transport, lorsqu'il était "fourni" : pendant l'hiver 46-47, où le thermomètre est tombé à - 30°C en Allemagne de l'est, les convois comprenaient non seulement des wagons à bestiaux, mais également des wagons plateforme, où s'entassaient les cadavres des malheureux morts de froid.
Wiki donne un total de 12 millions de déplacés. Sur ce nombre, 2 à 3 millions ont été assassinés ou sont morts de misère en route. (Le chiffre exact est inconnu, compte-tenu du désordre qui régnait alors en Europe centrale, et de l'indifférence des pays concernés. Benès lui-même devait nier les mauvais traitements contre les Allemands des Sudètes, les réduisant à quelques cas isolés, alors qu'il s'agissait d'un phénomène massif.)
Le résumé de Wiki indique bien à quel point ces expulsions ont concerné la plupart des pays d'Europe centrale (jusqu'en Roumanie, au sud.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Expulsion ... de_l%27EstL'impact sur l'Allemagne est évidemment dramatique : l'Allemagne de l'après-guerre est un pays à la fois détruit et surpeuplé dans ses frontières réduites. Les alliés puis les autorités feront le maximum pour essayer de loger à la fois les sans-abris dus aux bombardements et les réfugiés, une tache d'une ampleur colossale. Toutes les constructions, mêmes endommagées, seront utilisées. (Et à la campagne les bâtiments agricoles et les étables du bétail.)
On a également construit des centaines de camps de réfugiés (utilisant des huttes Nyssen, dans le meilleur des cas) qui ont longtemps perduré.
Difficile de donner un pourcentage de réfugiés par régions, là encore faute de recensement, mais je pense qu'il n'a nulle part été inférieur à 10%, et d'autant plus élevé qu'on va vers l'est. (en principe, la règle était la répartition équitable des réfugiés, mais les régions d'accueil trainaient des pieds, et un nombre important ont dû être logés là où ils arrivaient, ou au plus proche. A quoi il faut ajouter les politiques différentes selon les zones d'occupation : les Soviétiques, par exemple, ne faisaient rien pour les réfugiés, laissant l'administration allemande se débrouiller.)
A noter que ce phénomène a également concerné l'Autriche, dans une moindre mesure. (Les expulsés étaient réputés "allemands", mais la situation était telle que les Alliés en ont dirigé, ou reçu, une partie en Autriche.)
Pour situer le fardeau, les réfugiés (logement et nourriture) représentaient un tiers du budget de la nouvelle Allemagne fédérale, pour sa première année fiscale complète. (Qui doit être 1949) Cette charge s'atténuera à mesure du redémarrage de l'économie au début des années 50, fournissant davantage de travail, mais il a persisté des camps de réfugiés pendant longtemps - certains transformés en "villages" permanents.