Je partage cette émission de 1961

https://youtu.be/wTGUalabS-0

Et une de 1968

https://youtu.be/vtRhwV1P5IM


Sans faire mon scro gneu gneu je reste frappé par la qualité de l'expression orale des personnes interrogées

Partout où on a construit des collèges dans des quartiers ou des bourgades de campagne dans les années 60, ils ont naturellement été mixtes dès leur ouverture. Il va sans dire que ça n'a pas posé de problèmes particuliers.

Ce reportage illustre bien l'état de la société en 61 : les élèves d'écoles mixtes n'y voient pas malice, tandis qu'une partie des adultes se montre plus réticente contre cette idée.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

C'est par la loi Haby du 11 juillet 1975 qui généralise la mixité dans tous les degrés d'enseignement.
Pour mémoire :
1915 : Circulaire autorisant l'entrée des filles des classes primaires dans les écoles de garçons et réciproquement.
1959 : Légalisation des nouveaux lycées mixtes, mesure étendue en 1963 aux collèges.
1972 : Début de la mixité à Polytechnique.
1983 : Premières femmes à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.

Pie XI contre la promiscuité des sexes :

_________________
Le passé change parce que nous changeons

C'est un vrai morceau de bravoure, et l'on reste attristé de voir cette position exprimée aussi tardivement que 1930.

Je me demande ce que signifie la phrase sur la non prise en compte du péché originel ? J'ai tendance à y lire "n'oublions pas que c'est Eve qui a fauté", mais j'ai peut être l'esprit mal tourné.

Ma grand-mère maternelle, née en 1910, fréquentait l'école catholique du village (né en 60, je n'ai jamais vu fonctionner ces deux écoles, publique et privée, l'exode rural était passé par là.) jusqu'au jour où sa mère entendit la comtesse du lieu - je ne cite pas de nom - dire à la directrice : "Elles n'ont pas besoin de savoir lire. Apprenez leur simplement à coudre et tricoter, ce sera suffisant pour de futures épouses." J'ignore ce qu'il advint de cette recommandation, mais du coup, au grand scandale d'une partie du village, mon arrière-grand-mère passa sa fille à l'école publique. (Chez les Rouges ! )

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Ce en quoi elle ne faisait que répéter un discours largement conforme aux aspirations d'une part importante de la société.
Les enfants nés en 2010 scolarisés dans l'enseignement catholique reçoivent aussi les visites des dames patronesses de notre époque, des associations qui viennent leur parler de nutrition, d'écologie, de migration et de sexualité alternatives... je ne prendrai pas le risque de parier que le jugement que porteront là-dessus leur arrières petit-enfants en 2123 ne sera pas condescendant.

Mais on ne saurait oublier que, en 2023, cette vision du monde est partagée par des milliards d'individus sur la planète. Vu la démographie comparée des continents où l'on pense comme Pie XI et de ceux où l'on pense comme Passion-Histoire, sur quelle doxa mainstream parieriez-vous pour 2130?

Dans un cas comme dans l'autre, gardons-nous donc de l'anachronisme. Un péché mal dénoncé par Pie XI

Pour ce dont je me souviens, le débat le plus rationnel au moment de l'introduction de la mixité portait sur la différence de maturité entre les garçons et filles au collège.
Les gens qui avaient l'expérience de l'enseignement disaient sans ambage: "la mixité scolaire au collège a un deuxième nom: l'échec scolaire des garçons". En tous cas pour beaucoup d'entre eux, les plus chahuteurs, les plus fanfarons et les plus désavantagés culturellement.

Ayant eu l'occasion de goûter aux deux systèmes, non seulement comme élève mais aussi comme parent, j'incline à leur donner raison

Hé, ce qui compte aujourd'hui est l'avis du pape François, pas celui de Pie XI.
L'Eglise peut être lente à évoluer, elle n'est tout de même pas restée sur ses positions de 1930 !

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Je reviens au sujet en partageant cette étude historique de 2013 sur le débat des années 1960 dans l'enseignement catholique

https://journals.openedition.org/histoi ... ation/2609

Dont la conclusion est


L’enseignement privé s’oriente vers la mixité un peu plus tardivement que l’enseignement public. Perdure longtemps la tradition de « protéger » les jeunes filles. Néanmoins, les années 1960 et 1970 représentent un tournant. En 1970, près de la moitié des établissements primaires privés sont mixtes. Pour l’enseignement secondaire, il n’est pas possible, faute de chiffres officiels, de prendre la mesure statistique de la mutation, mais elle est évidente.

Dans le cas de cet enseignement, il semble toutefois qu’il faille distinguer deux phases : au cours de la première, celle des années 1960, ce sont les considérations d’effectifs, en particulier après la loi Debré, qui ont conduit à l’établissement de la mixité ; au cours de la seconde, celle des années 1970, il s’agit davantage d’un souci d’ouverture au monde tel qu’il est.

Cependant, grande est la diversité des situations, selon le contexte géographique et social propre à chaque établissement, la concurrence avec d’autres établissements, voire les traditions des congrégations.

Pendant la première phase, les établissements semblent agir sous la contrainte d’impératifs financiers. Aussi le passage à la mixité suscite-t-il de vifs débats. Les uns s’y résignent, tout en pensant que la coéducation ne va pas sans risque de perturbations psychologiques et intellectuelles, à l’âge critique de l’enfance et de l’adolescence : mieux vaudrait que garçons et filles se forment et se développent séparément.

D’autres applaudissent et considèrent, au contraire, que dans un monde où ils sont amenés à se côtoyer de plus en plus, les enfants des deux sexes ne peuvent que gagner à vivre entre eux à l’école.

Les plus traditionalistes, enfin, continuent de se référer à l’encyclique Divini illius magistri. En fait, il existe un décalage entre les intellectuels progressistes favorables à la mixité et les milieux catholiques traditionnels : lors du débat qui a lieu au Comité national de l’enseignement catholique, la majorité des organisations représentatives de l’enseignement catholique se montrent réticentes.

J'ai eu l'occasion me pencher sur 4 écoles privées où les classes résistent encore et toujours à la mixité, de la sixième à la seconde incluse.
Stanislas, Ginette, Sainte-Croix de Neuilly, Saint-Jean-de-Passy.
Il n'y a pas de hasard.

C'était il y a 15 ans, je ne suis pas allé re-vérifier, mais ça m'étonnerait que cela ait changé.

J'ai vu des filles en classe lors de mon entrée en première en 1972. J'y ai rencontré une jeune fille qui est devenue mon épouse et qui l'est depuis 45 ans. Comme quoi la mixité n'a pas que des inconvénients.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Je me souvient avoir fait l'experience de la mixité sans aucune préparation psychologique,à mon entré en 6éme. Le college mixte étant plein, nous avions été placés dans une seule classe mixte au sein d'un collége de fille.
Ça a été assez violent surtout avec les filles de 5 eme qui avaient le dessus. Et les profs ne nous melangeaient pas avec les grandes de 4eme et 3 eme.
C'était en 1972, une dure époque !

_________________
Lietz her heidine man. Obar seo lidan.
Thiot urancono. Manon sundiono.
(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)