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 Sujet du message : Jacques Delors est décédé
Message Publié : 30 Déc 2023 10:33 
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Marc Bloch
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Pour ouvrir le débat, je propose cet article un peu critique qui tranche sur la bienveillance générale.
https://www.slate.fr/story/258384/jacqu ... holique-ps

Au-delà se posent trois questions
- pourquoi un homme d'État aussi raisonnable et modéré a-t-il pu s'embarquer dans l'opération assez radicale du gouvernement PS/ PC de 1981 (dans le but de faire échouer l'expérience de l'intérieur ? )
- comment un homme si profondément honnête a-t-il pu travailler avec les gens, disons moins scrupuleux, qui entouraient Mitterrand ?
- comment un catholique de gauche a-t-il pu mettre en place un marché unique si profondément libéral et si peu social ?

Qu'en pensez vous ?


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Message Publié : 30 Déc 2023 12:04 
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Difficile de répondre à vos questions, qui sont très intéressantes.
Il ne me semble pas que l'homme se soit véritablement expliqué et justifié sur ses choix depuis sa retraite politique prise à la fin des années 1990.
Je le perçois comme un agent d'une construction européenne libérale - effectivement, dans la continuité d'un Monnet -, laissant peu de place à la démocratie et à une politique sociale réelle (c'est pourtant lui qui promettait sans cesse que cela viendrait... :rool: ) à l'intérieur de celle-ci.
Il est sans doute à l'image de ces gaullistes sociaux (il a commencé avec eux) et de ces personnes de "gauche", qui ont oublié leurs idées, puis leurs scrupules pour appliquer la politique folle de laquelle nous ne sommes plus sortie depuis 1983, plaçant la France à la remorque de l'Allemagne dans un contexte d'intégration des territoires français à l'UE, élargissant cette dernière tous azimuts ne cherchant à en faire qu'un marché unique, rien d'autre.

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Message Publié : 30 Déc 2023 14:40 
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Duc de Raguse a écrit :
Il ne me semble pas que l'homme se soit véritablement expliqué et justifié sur ses choix depuis sa retraite politique prise à la fin des années 1990.


Même pas dans ses mémoires :

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Message Publié : 30 Déc 2023 14:57 
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Jerôme a écrit :
- comment un catholique de gauche a-t-il pu mettre en place un marché unique si profondément libéral et si peu social ?

Qu'en pensez vous ?


Que cette question montre une profonde méconnaissance de comment fonctionne l'Europe. Même si tout le monde pense que le Président de l'Union Européenne, ou de la Communauté européenne, est un homme très puissant, la réalité est que comme la plupart des dirigeants qui vivent en démocratie, il est lié à ce que peuvent accepter les électeurs. Pour l'Europe, c'est un peu plus compliqué, car ceux qui décident in-fine ce sont les Chefs de Gouvernements réunis lors des réunions qui ont lieu tous les 6 mois.

Comment cela se passe dans la réalité ? Avant la nomination d'une nouvelle Commission, on élabore une feuille de route où les chefs de gouvernements listent les missions qu'ils donnent à la Commission. On peut voir cela comme une liste des futures Directives européennes. Les Commissaires nommés, sous la direction du Président de la Commission, vont lancer les réunions de concertations entre les différents ministères concernés pour élaborer des ébauches de textes. Sans le même temps, on lance des réunions avec les "lobbys"... En fait, avec toutes les associations, organismes, entreprises du secteur concerné. Si on veut réaliser une Directive qui concerne les voitures particulières, on invitera les constructeurs, mais aussi des associations d'usagers, des associations d'opposants… Bref, le ban et l'arrière-ban de tous ceux qui peuvent avoir un avis, éclairé ou pas, sur la question.

Une fois la Directive élaborée, elle va passer à diverses moulinettes, le Parlement européen, les réunions des ministres concernés de tous les gouvernements. Et pour finir, par la réunion semestrielle des chefs de gouvernements.

Bref, comme d'autres, Jacques Delors a fait passer les textes qu'il a pu faire passer... Ce qui explique qu'à de très nombreuses reprises, il a demandé un texte sur l'Europe sociale, puisqu'il pensait que l'Europe devait marcher sur 2 jambes : une économie forte, mais aussi une politique de partage social permettant à tous les européens de vivre dignement.

Après, il y a le très gros problème entre pragmatistes et dogmatiques. Les dogmatiques de tous bords reprochent souvent aux gouvernants de mettre en place des mesures pragmatiques. Mais, lorsque les dogmatiques arrivent au pouvoir, soit ils mettent en place des lois inapplicables, car elles ne tiennent pas compte des réalités, soit ils essayent de forcer la réalité à se plier à leur dogmatisme. Mais, sur le long terme, ceux qui font réellement bouger la société, ce sont les pragmatiques.

Delors était conscient que l'Europe actuelle n'est pas une Europe idéale, mais il demandait qu'on complète son œuvre, plutôt que de la détruire.

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Message Publié : 30 Déc 2023 17:05 
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Narduccio a écrit :
Même pas dans ses mémoires

Merci, j'ignorais totalement qu'il avait rédigé ses Mémoires.
Bon, visiblement il s'agit plutôt d'entretiens réalisés avec un journaliste, le titre est quelque peu impropre.
Si elles n'ont pas fait beaucoup parler d'elles, c'est peut-être en raison de leur contenu, visiblement fade.
La personne qui a rédigé la page wiki ne semble pas convaincue par la portée de ces dernières : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moires_(Jacques_Delors)

Narduccio a écrit :
Avant la nomination d'une nouvelle Commission, on élabore une feuille de route où les chefs de gouvernements listent les missions qu'ils donnent à la Commission. On peut voir cela comme une liste des futures Directives européennes. Les Commissaires nommés, sous la direction du Président de la Commission, vont lancer les réunions de concertations entre les différents ministères concernés pour élaborer des ébauches de textes. Sans le même temps, on lance des réunions avec les "lobbys"

C'est tout de même très éloigné des électeurs et de la démocratie en général.
Ce système fait la part belle à la technocratie, puisque les ministres ou les chefs de gouvernements ne se réunissent que tous les six mois ou pour des votes précis (l'initiative du travail législatif européen est pratiquement le monopole de la Commission).
Nous sommes en plein dans la "méthode communautaire", dans laquelle les institutions européennes, la Commission en premier lieu, ont la haute main sur toutes les décisions prises. Nous sommes dans cette supranationalité, voulue par Monnet et Schuman et effective depuis le traité de Maastricht et le temps passé par Delors en tant que président de cette Commission.
La "feuille de route" provient directement de la Commission, en adressant des injonctions au Parlement et au Conseil de l'UE.
C'est une forme de gouvernement oligarchique tempéré.

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Message Publié : 30 Déc 2023 19:31 
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Jerôme a écrit :
- pourquoi un homme d'État aussi raisonnable et modéré a-t-il pu s'embarquer dans l'opération assez radicale du gouvernement PS/ PC de 1981 (dans le but de faire échouer l'expérience de l'intérieur ? )
- comment un homme si profondément honnête a-t-il pu travailler avec les gens, disons moins scrupuleux, qui entouraient Mitterrand ?
- comment un catholique de gauche a-t-il pu mettre en place un marché unique si profondément libéral et si peu social ?

Qu'en pensez vous ?


Je propose quelques pistes pour vous répondre.

Primo n'oubliez pas que Mitterrand avait deux fers au feu en 1981 : - un fer dur avec Fiterman et Chevènement
- un fer modéré avec Rocard, Badinter et...Delors : ils avaient pour mission d'équilibrer les durs pour permettre à Mitterrand d'arbitrer leurs perpétuels conflits mais aussi de rassurer Bruxelles et surtout Bonn

Secundo, quand Delors était ministre, le système Mitterrand était moins gangréné qu'on ne l'a vu plus tard.

Tertio, je pense que Delors croyait sincèrement en la solidité du modèle allemand d'économie sociale de marché et pensait que tôt ou tard l'Allemagne fédérale rejoindrait la France pour imposer une Europe sociale. Il s'est lourdement trompé car la CDU de Kohl puis la Sociale démocratie de Schroeder ont adhéré au capitalisme de style anglo saxon.

Mais pour moi l'essentiel est ailleurs : Delors n'était qu' un visage humain (chrétien, socialiste et français) qui permettait aux Français et à la gauche d'oublier que le marché unique était un projet libéral conçu et porté par des libéraux de Londres et Bonn.


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Message Publié : 30 Déc 2023 19:37 
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Assez d'accord avec vous, à la fois pour le contexte français et pour celui de la construction européenne.

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Message Publié : 30 Déc 2023 19:48 
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J'ai eu une discussion hors forum avec A25, qui se demandait comment la gauche française avait pu accepter l'orientation ultra-libérale de prise par l'UE, et maintenant irréversible.

Il développera s'il voit ce post : pour lui, Thatcher et Kohl ont noyé le poisson auprès des Français en leur offrant des places honorifiques et sans pouvoir réel, et en jouant sur la corde sensible de la bonne entente et de la garantie de paix qu'offrait l'Europe Unie.

J'espère que je ne trahis pas sa pensée...

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Message Publié : 01 Jan 2024 9:00 
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Je ne vois pas d'orientation ultra-libérale, d'ailleurs je ne comprends pas ce terme. Je vois très bien ce qu'est le libéralisme, mais je ne vois pas de libéralisme ultra. Tout ce que je vois, c'est une bureaucratie portée à son paroxysme.

La commission n'est pas élue certes, mais elle est quand même l'émanation de gouvernements qui le sont. Il y a suffisamment de garde-fous sous forme de veto et autres moyens pour l'empêcher de faire tout et n'importe quoi. Ce qui m'inquiète plus, c'est sa volonté de s'en affranchir.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 01 Jan 2024 9:56 
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Perso je suis fâché avec le commissaire européen à la concurrence. Alstom qui a dû vendre les Chantiers de l'Atlantique pour apporter autant que l'état - c'était la condition imposée à l'aide de Sarkozy - plaisanterie qui s'est répétée avec Peugeot, qui a dû vendre un quart de ses actions à un constructeur chinois, DongFeng, ce n'est pas du libéralisme c'est de la stupidité.

Dong Feng qui n'a donc pas réussi, grâce à l'intervention de Macron, à prendre le contrôle de PSA, mais qui a fait une très belle affaire, dans cette histoire.
https://www.capital.fr/auto/psa-rachete-10-millions-de-ses-propres-actions-a-dongfeng-motor-1381184

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Message Publié : 01 Jan 2024 10:40 
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Pierma a écrit :
J'ai eu une discussion hors forum avec A25, qui se demandait comment la gauche française avait pu accepter l'orientation ultra-libérale de prise par l'UE, et maintenant irréversible.

Il développera s'il voit ce post : pour lui, Thatcher et Kohl ont noyé le poisson auprès des Français en leur offrant des places honorifiques et sans pouvoir réel, et en jouant sur la corde sensible de la bonne entente et de la garantie de paix qu'offrait l'Europe Unie.

J'espère que je ne trahis pas sa pensée...


C'est trop d'honneur cher Pierma...

En résumé les Français me paraissent souvent surestimer l'influence des "chefs" des organisations internationales alors que le processus de prise de décision de ces énormes machines est souvent très lourd et opaque. Notre diplomatie déploie souvent beaucoup d'énergie pour donner à nos compatriotes des postes prestigieux mais pas nécessairement tees opérationnels. Exemple typique : le FMI.

pour la commission je crois que Mitterrand voulait surtout se débarrasser d'un concurrent et faire croire aux Français qu'un Français nommé par l’Élysée allait diriger la communauté.

Illusion car en pratique le prix à payer pour obtenir l'accord de Kohl et Thatcher fut la nomination d'un conservateur britannique aux fonctions de commissaire au marché intérieur : lord Cockfield puis Léon Brittan


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Message Publié : 01 Jan 2024 12:16 
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A 25 a écrit :
En résumé les Français me paraissent souvent surestimer l'influence des "chefs" des organisations internationales alors que le processus de prise de décision de ces énormes machines est souvent très lourd et opaque
Ma très petite expérience me pousserait plutôt à dire que les Français attendent de leurs chefs qu'ils exercent l'influence qu'ils devraient avoir.
Mais dans les institutions internationale, voilà maintenant plus d'une génération que les diplomates français ne cherchent nullement à négocier et se laissent porter dans un mélange de fatalisme et de naïveté. Là où tous les anglais, allemands, russes, américains... du monde emploient des négociateurs professionnels qui viennent avec des objectifs précis en tête.

N'a-t-on pas raconté que Chirac n'avait pas lu le traité constitutionnel de 2005? J'ai déjà raconté ici l'expérience d'une de mes connaissances, haut fonctionnaire impliqué dans les travaux préparatoires de la conférence de Marrakech et la création de l'OMC. Quand il a émis ses réserves (qui étaient des lignes rouges), on lui a répondu de laisser tomber, car de toutes façons le président et le gouvernement avaient prévu de signer le texte.

J'ai eu quelques mini-occasions de me frotter aux institutions européennes, et un membre de ma famille a travaillé sur la mise en place du traité "Ciel Ouvert". À chaque fois, même impression: il y a les volailles à plumer, et les renards. D'ailleurs, c'est curieux, depuis quelques années dans le cadre professionnel je monte des dossiers pour récupérer des subventions européennes. Depuis que je ne travaille plus pour une entreprise française, je vois très bien la différence d'attente de mes dirigeants vis à vis de l'institution: une approche infiniment plus opportuniste (cynique?)


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Message Publié : 01 Jan 2024 13:07 
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Duc de Raguse a écrit :
C'est tout de même très éloigné des électeurs et de la démocratie en général.


Mais c'est un schéma normal dans toute démocratie indirecte. Et cela reprend une bonne part de ce qu'on trouve en France, en Allemagne, et dans 23 autres pays de l'UE.

Prenons le cas français : qui élabore les lois ? Environ 80% des textes de lois présentés à la représentation nationale sont rédigés par les fonctionnaires des administrations publiques. Les commissaires européens sont nommés, comme les ministres. Sauf qu'un ministre est nommé par le PR, parfois avec l'avis de quelques conseillers, alors que les démarches pour nommer un commissaire européen font l'objet de tractations qu'on peut facilement consulter, ce qui n'est pas le cas des ministres. Dans les meilleurs des cas, il y a des consultations des parties prenantes lors de l'élaboration des lois. Consultation au Conseil Économique Social et Environnemental, par exemple : https://www.lecese.fr/. Consultations publiques, mais qui s'y intéresse ?

Puis cela passe en Commission à l'Assemblée Nationale et au Sénat. C'est là qu'ont lieu les vrais débats techniques, là où on rentre dans le cœur des projets de lois. Puis, les membres des commissions en font un compte-rendu aux députés ou sénateurs de leurs partis, qui dans certains cas vont faire une réunion pour décider de la conduite à tenir. Puis, débats en séance avec les votes des différents amendements, surtout depuis que certains partis ont compris l'intérêt de faire trainer les débats en multipliant les amendements... Et où on profite de la présence des caméras pour tenir des postures. Quand on voit ce qui se passe au Parlement européen où les parlementaires sont plus disciplinés, les "cirques" des assemblées nationales me semble presque grotesque....

En fait, la bonne question serait : que demande-t-on à ceux qui nous représentent ? Du travail, dans ce cas, il faut féliciter les parlementaires européens ; ou du spectacle, et dans ce cas, nos députés méritent la palme...

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Message Publié : 01 Jan 2024 13:16 
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Vézère a écrit :
Mais dans les institutions internationale, voilà maintenant plus d'une génération que les diplomates français ne cherchent nullement à négocier et se laissent porter dans un mélange de fatalisme et de naïveté. Là où tous les anglais, allemands, russes, américains... du monde emploient des négociateurs professionnels qui viennent avec des objectifs précis en tête.


C'est beaucoup plus compliqué. Je me suis beaucoup intéressé aux tentatives de créer une Directive "Énergie", ou "Marché Européen, soit de l'Énergie, soit de l'Électricité. Pour le coup, les diplomates français ont su se faire remarquer : ils ont réussi à envoyer 2 délégations aux objectifs contradictoires. D'un côté, des représentants du Ministère des Finances et de l'Industrie, pro-nucléaires, et de l'autre, des représentants du ministère de l'Écologie, anti-nucléaires, bien entendu. Le plus "marrant, c'est que les représentants de l'Industrie et ceux de l'Écologie dépendaient officiellement du même ministre : le ministre de l'Écologie auquel avait été rattaché l'ancien ministère de l'Industrie, mais ils avaient été apparemment mandatés par le Premier Ministre... Vous pouvez envoyer les meilleurs négociateurs du monde, s'ils n'ont pas les mêmes objectifs... Il n'y aura pas de victoire.

Pour le reste, et si on cssait ce "french-bashing", Vous pensez réellement que la France n'est pas capable d'envoyer de bons négociateurs ? Le problème se situe souvent en amont, il faut des directives claires, pour définir une ligne politique forte.

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Message Publié : 01 Jan 2024 15:47 
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Narduccio a écrit :
Sauf qu'un ministre est nommé par le PR, parfois avec l'avis de quelques conseillers

Sans majorité à l'Assemblée nationale, le gouvernement nommé par le président de la République ne peut se maintenir.
Il n'y a rien de tel au niveau européen. Une fois les commissaires nommés par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays-membres ils le demeurent (un vote de défiance du Parlement peut contraindre la commission à démissionner avec une majorité qualifiée des 2/3, mais c'est relativement compliqué à mettre en oeuvre).
De plus, les mauvaises habitudes prises - sous Delors... - à ce que les commissaires et leurs services "pantouflent" avec les 12000 lobbys connus, qui gravitent autour de Bruxelles, ont le plus souvent transformé ces personnes en courtiers (pas toujours très honnêtes) totalement détachés des citoyens européens.

Narduccio a écrit :
Et où on profite de la présence des caméras pour tenir des postures. Quand on voit ce qui se passe au Parlement européen où les parlementaires sont plus disciplinés, les "cirques" des assemblées nationales me semble presque grotesque....

Il y avait une tradition (entre 1980 et 2010) au sein des partis politiques français : envoyer les "mauvais" aux élections européennes, les "bons" démissionnant rapidement de leur poste de député européen, tant le pouvoir effectif de ce dernier était restreint.
Les "cirques" en question sont parfois simplement les manifestations d'échanges tendus, en raison d'opinions contraires. C'est plutôt sain en démocratie. Une chambre dans laquelle il ne se passe pas grand chose et on entend les mouches voler, c'est plus inquiétant car cela ressemble à une chambre d'enregistrement, plutôt digne des régimes impériaux et monarchiques que la France a connu au XIXème siècle, dans lesquels les "candidats officiels" étaient certains d'être élus et que le pouvoir était finalement ailleurs (pas au Parlement en tout cas). C'est très peu démocratique tout de même.
Et puis, il y a une manière de "médiatiser" tout cela. On ne peut pas dire que les médias français soient tendres avec de qui se passe à l'Assemblée nationale ou au Sénat : quelques secondes dans les journaux télévisés qui résument des heures de débats et de travaux parlementaires par des invectives et des noms d'oiseaux balancés ici ou là : c'est plus que caricatural, on est proche parfois du mensonge. De toute manière l'essentiel des travaux sont faits en commissions. Seule la chaine LCP en donne une vision entière, publique et gratuite, mais personne ne la regarde...

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