En ce qui concerne le processus politique d'envoi de troupes françaises en Corée :
- Le déclenchement de la Guerre de Corée eut lieu de le lendemain de la dissolution d'un gouvernement (24/06/1950) et le Président de la République, Vincent Auriol, mesurant la faiblesse de sa position, choisit d'approcher la question avec beaucoup de prudence. Le 25 juin, réunissant un certain nombre de personnalités politiques afin de former un nouveau gouvernement, Auriol demanda à Alexandre Parodi, ambassadeur de France auprès de l'OTAN, de faire état de la crise coréenne aux politiciens français et de les sensibiliser à l'urgence d'une intervention française.
- Le nouveau gouvernement d'Henri Queuille s'engagea en faveur d'un envoi de troupes françaises en Corée. Cependant, le 30 juin, devant l'Assemblée nationale, alors qu'il défendait le principe d'une intervention sous couvert des Nations Unies, Queuille fut mis en difficulté sur des questions de politique étrangère et décida de laisser courir la question. Le 2 juillet, Auriol et Queuille s'entendirent pour dépêcher le FS La Grandière auprès du commandement opérationnel des Nations Unies pour les affaires coréennes, à Saïgon. Le 4 juillet, le vote de confiance du Parlement fit tomber le gouvernement Queuille.
- Le nouveau gouvernement de René Pleven, mis sur pied le 12 juillet, prit la question coréenne avec encore plus de prudence. Dans son annonce devant l'Assemblée nationale, Pleven évita toute mention à l'envoi de troupes françaises mais se rapprocha des positions défendues par les Britanniques et les Indiens, à savoir la demande de création d'une zone-tampon entre les deux Corée et la mise en place d'un processus de médiation. Le 19 juillet, sous commandement américain, le FS La Grandière fut envoyé est envoyé à Sasebo, au Japon, pour servir auprès des forces des Nations Unies.
- A la mi-août, la question d'une intervention armée de la France en Corée fut portée devant le Comité à la Défense nationale. Pleven y défendit l'idée d'une intervention française, basée sur l'envoi de troupes françaises stationnées en Indochine au nom de la défense collective, tandis que Jules Moch, ministre de la Défense, se fit le défenseur d'une position moins prononcée, expliquant qu'une intervention militaire française en Corée pourrait aggraver les relations entre le gouvernement et les communistes français. Le 23 août, Pleven ordonna finalement la création d'un bataillon français.
Source : QUISEFIT, Laurent, "The French Participation in the Korean War and the Establishment of a “Path of Memory” in South Korea", in Societies, 2013, pp. 427-444.
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