Barbetorte, je trouve votre réponse mieux calibrée. Néanmoins, permettez que je relève ceci:
Barbetorte a écrit :
On ne peut certes ignorer les victimes de radiations mais il faut aussi déplorer les dégâts causés par l’amiante ou par certains médicaments (...) on pourrait aussi interdire l’automobile (etc).
Vous restez à côté du problème. Le problème n'est pas la nature dangereuse marginalement (l'automobile) ou intrinsèquement (une bombe atomique!) du produit. L'automobile, l'amiante, le thalidomide: on a testé chez nous aussi, on a eu des victimes chez nous aussi. Pour la bombe, on a choisi un endroit qui n'est pas "visible", chez une population qui n'est pas "nous" et ne va pas venir réclamer. Comme si, une fois découvert la dangerosité de l'amiante, on avait dit: "on peut l'utiliser chez les Arabes. Mais pas chez nous quand même!" C'est l'attitude "c'est juste bon pour eux, mais on ne ferait pas ça chez nous". C'est
ça qui pose problème aux Arabes (et à moi aussi, je dois dire). La meilleure preuve est qu'aujourd'hui, ce serait impensable, inimaginable, inenvisageable politiquement, ne serait-ce que pour ces très bonnes raisons.
Pour revenir à la deuxième problématique, où je proposais une simple expérience de pensée alternative sur la "force de frappe": quand a-t-elle été décisive? pouvait-on envisager de ne pas en avoir? Avec quelles conséquences?
Barbetorte a écrit :
Difficile d’évaluer concrètement les apports de la force nucléaire (...) politiquement. (...) Certes, lors des conflits d’intensité moyenne un porte-avions est plus utile qu’en SNLE. (...) est-il préférable d’avoir la puissance économique de l’Allemagne ou le potentiel militaire de la France ? le Pakistan est devenu une puissance nucléaire et (...) l’Iran a des velléité d’en devenir une, (...) sait-on jamais. Quant à la Chine, elle semble prendre la voie empruntée naguère par l’URSS.
Sur le Pakistan, l'Iran et la Chine, vous êtes dans la prospective. C'est utile, il faut le faire, mais dans l'exercice qui nous occupe je ne me situe pas dans la prospective: on observe en
arrière, non vers le futur. Notre affaire ici, c'est l'Histoire
passée. Et ma question est: entre 1960 et nos jours, peut-on démontrer que la force de frappe française s'est révélée décisive? Si oui, en quelle occasion précise? Vous dites qu'une telle évaluation "est difficile". Je ne dis pas autre chose. Vous dites qu'un porte.avions est plus utile qu'un SNLE dans des conflits d'intensité moyenne. Certes. Le monde n'a connu, au cours de la période qui nous occupe, que cela: des conflits où un porte-avions s'est révélé plus utile.
La remarque n'est même pas pour économiser. Pierma vise juste: dans tous les conflits qui ont eu lieu depuis 1960, il eût mieux valu
deux porte-avions plutôt qu'un seul et plusieurs sous-marins nucléraires. Ou des frégates en plus. Ou des avions. Ou "la puissance économique de l'Allemagne", comme vous proposiez.
J'ajouterais que la puissance
politique de l'Allemagne est, elle aussi, bien réelle, bien qu'elle ne soit pas au Conseil de Sécurité et n'ait pas la bombe.
J'ai pensé que cela méritait une minute de réflexion iconoclaste.