J'ai la chance d'avoir un exemplaire de cet ouvrage de L. Théis :
Laurent Theis,
Charles le Chauve. L'empire des Francs, Gallimard, 2021.
Un chapitre est consacré à la bataille de Fontenoy.
Citer :
« Maudit, ce jour-là! » Un certain Angilbert, dont on ignore tout, a résumé et qualifié pour la postérité cette journée à laquelle il a participé. Le 25 juin 841 tombait un samedi, entre la fête de la Saint-Jean et le «sabbat» du dimanche, deux jours où il était impie, donc inconcevable, de livrer bataille entre chrétiens. Le samedi, lui, est le jour de Saturne, dont ne peut venir que le mauvais temps, celui du deuil. C’est Angilbert qui le dit. Ce guerrier, un fidèle de l’empereur Lothaire, est aussi un poète habile, et même poignant : sa déploration de la bataille de Fontenoy, village de Puisaye proche de Saint-Sauveur, s’articule en quinze strophes de trois vers, dont chacune commence par une lettre dans l’ordre alphabétique, de A à P. Il n’est pas le seul à témoigner. Nithard, lui aussi, est présent. Ce cousin de Charles le Chauve a combattu pour lui, en face d’Angilbert qu’il a peut-être aperçu. Il a rédigé un récit circonstancié, écrit encore sous le coup, le mardi 18 octobre exactement, comme il le précise de façon exceptionnelle. De même qu’Angilbert, Nithard est lui aussi ambidextre, maniant à la fois et presque en même temps la plume et l’épée. Enfin, Agnellus, un abbé italien, a raconté avec un grand luxe de détails saisissants, quatre ou cinq ans après les événements, les tribulations de l’archevêque Georges de Ravenne, qui se trouvait alors auprès de Lothaire et fut fait prisonnier par Charles le Chauve.