Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 17:08

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2
Auteur Message
 Sujet du message : Re: Bataille de fontenoy 841
Message Publié : 25 Nov 2023 17:38 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
Stonehenge a écrit :
Au IXe siècle on disait Fontanet au lieu de Fontenoy.

Cette bataille est brièvement décrite par Fustel de Coulanges (quelques lignes).
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61706f
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France. Les transformations de la royauté
pendant l'époque carolingienne
par Fustel de Coulanges. Ouvrage revu et complété sur le manuscrit et d'après les notes de l'auteur par Camille Jullian. Deuxième édition, 1907


Cette bataille est brièvement décrite dans l'Histoire de France d'Ernest Lavisse (quelques lignes).
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9659f
Histoire de France - Tome 3, Le christianisme, les barbares, les mérovingiens et les carolingiens par Charles Bayet, Arthur Kleinclausz, Christian Pfister.


Comme écrit plus haut :
Jean-Marc Labat a écrit :
Il faut aussi se méfier d'un livre paru en 1849.


;)

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Bataille de fontenoy 841
Message Publié : 25 Nov 2023 20:22 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 31 Juil 2023 20:20
Message(s) : 157
Jean-Marc Labat a écrit :
Les annales de Saint Bertin, de Fulda, la Chronique d'Aquitaine, Agnellus de Ravenne qui fut témoin de la bataille, que vous trouverez pour la plupart aux MGH.

Merci beaucoup d'avoir partagé votre savoir.
Philippe Contamine a écrit ceci : « La bataille de Fontenoy nous est bien connue : par Nithard (du côté de Charles) ; par le Planctus d'Angilbert (du côté de Lothaire) ; par les Annales de Fulda (du côté de Louis). »

Philippe Contamine a participé à un ouvrage collectif : Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France, sous la direction de Jacques Garnier.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Bataille de fontenoy 841
Message Publié : 14 Déc 2023 20:09 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 31 Juil 2023 20:20
Message(s) : 157
Laurent Theis, Charles le Chauve. L'empire des Francs, Gallimard, 2021.
Un chapitre est consacré à la bataille de Fontenoy.

Citer :
« Maudit, ce jour-là! » Un certain Angilbert, dont on ignore tout, a résumé et qualifié pour la postérité cette journée à laquelle il a participé. Le 25 juin 841 tombait un samedi, entre la fête de la Saint-Jean et le «sabbat» du dimanche, deux jours où il était impie, donc inconcevable, de livrer bataille entre chrétiens. Le samedi, lui, est le jour de Saturne, dont ne peut venir que le mauvais temps, celui du deuil. C’est Angilbert qui le dit. Ce guerrier, un fidèle de l’empereur Lothaire, est aussi un poète habile, et même poignant : sa déploration de la bataille de Fontenoy, village de Puisaye proche de Saint-Sauveur, s’articule en quinze strophes de trois vers, dont chacune commence par une lettre dans l’ordre alphabétique, de A à P. Il n’est pas le seul à témoigner. Nithard, lui aussi, est présent. Ce cousin de Charles le Chauve a combattu pour lui, en face d’Angilbert qu’il a peut-être aperçu. Il a rédigé un récit circonstancié, écrit encore sous le coup, le mardi 18 octobre exactement, comme il le précise de façon exceptionnelle. De même qu’Angilbert, Nithard est lui aussi ambidextre, maniant à la fois et presque en même temps la plume et l’épée. Enfin, Agnellus, un abbé italien, a raconté avec un grand luxe de détails saisissants, quatre ou cinq ans après les événements, les tribulations de l’archevêque Georges de Ravenne, qui se trouvait alors auprès de Lothaire et fut fait prisonnier par Charles le Chauve. Et chacun s’accorde sur le fait que la bataille fut d’une violence extrême, que les victimes furent innombrables — Agnellus donne le chiffre invraisemblable de quarante mille — et que les trois frères, Charles et Louis le Germanique d’un côté, Lothaire de l’autre, payèrent vaillamment de leur personne avant que les deux premiers l’emportent. Ce fut le premier vrai combat auquel Charles prit part personnellement et, sans doute, le plus meurtrier. Il soutint victorieusement le choc au centre du dispositif, au lieu-dit Fagit, selon Nithard, aujourd’hui impossible à identifier. C’était le surlendemain de son dix-huitième anniversaire, et sa mère Judith était là, comme souvent.
Ainsi, au solstice de l’été 841, il n’avait pas fallu plus d’un an pour que la mort de Louis le Pieux se solde par la rupture et le conflit entre ses héritiers. De fait, comme il était prévisible, et sans doute par les acteurs eux-mêmes, le partage défini en 839 fut aussitôt annulé. Le corps de son père était à peine refroidi que Lothaire s’avançait vers l’ouest, rétablissant à Reims l’archevêque Ebbon, ralliant l’abbé Hilduin de Saint-Denis et le comte de Paris Girard, avec tous ceux qui, peu visibles derrière eux mais bien présents, leur font nombre et cortège. Charles, ainsi menacé dans ses œuvres vives, remonta d’Aquitaine vers Orléans, tandis que Lothaire, évacuant la région, se tournait contre Louis le Germanique. Ce dernier fit alors sa jonction avec Charles parvenu en Bourgogne, et les armées se firent face près d’Auxerre. La marche à la bataille prend alors la forme, chez Nithard, d’une procession dont Louis le Germanique et Charles le Chauve sont comme les liturges. On mesure presque physiquement la charge qui, en effet, pèse sur eux. C’est qu’il s’agit, pour le chroniqueur engagé, de prouver que rien n’a été ménagé pour faire prévaloir la justice et la paix, et que c’est après avoir tout tenté qu’il a fallu s’en remettre au «jugement du Dieu tout-puissant». À quelle autre juridiction s’en remettre en effet puisque la querelle d’héritage — ce sont de tout temps les plus difficiles — ne se dénouait pas autrement? Pendant trois jours, les allers-retours entre les deux camps s’étaient en effet multipliés, Louis et Charles proposant des compromis puis des concessions de plus en plus étendues, auxquelles Lothaire apportait des réponses dilatoires. En réalité, il attendait l’arrivée de son neveu Pépin II d’Aquitaine et de ses troupes, sans lesquelles il ne pouvait espérer vaincre. La jonction s’étant opérée, les négociations cessèrent. La guerre, en ce temps-là comme dans d’autres, était le plus souvent faite de raids, de coups de main, d’opportunités brusquement saisies. Ici, la bataille fut voulue, décidée, organisée : elle commencerait ce samedi deux heures après le lever du soleil. Chaque armée campe sur une éminence, toutes deux séparées par un vallon humide, puisque Fontenoy tire son nom d’une source. Élément décisif, les chevaux sont frais, ils sont au repos depuis trois jours, l’herbage, fin juin, est au plus haut, pas encore fauché. Pas plus les chevaux que les hommes ne combattent le ventre vide et les jambes molles. En effet, c’est le choc des cavaleries, sur les différents fronts, qui emportera la décision. Combien de destriers, rois des batailles, ont-ils pu être mobilisés? Quelques centaines, peut-être, de chaque côté, au total un ou deux milliers de cavaliers au plus, avec autant de valets d’armes, serviteurs et servantes en tous genres, voilà l’effectif plausible de ce qui passa, en Occident, pour l’une des plus grandes batailles du siècle. L’affrontement, il est vrai, se déroula en peu de temps sur un champ étroit, ce qui donnait aux troupes un aspect de compacité dont s’empare l’imaginaire littéraire d’Agnellus de Ravenne, imprégné de Virgile et de Salluste : aucun quadrupède n’aurait pu se glisser dans les rangs de l’armée de Lothaire, ni un oiseau s’en échapper... Ce même Agnellus dépeint le roi Charles en tenue de combat, revêtu des «armes de la jeunesse», belle métaphore, l’épaule recouverte d’un bouclier, portant la cuirasse, en main la lance à pointe de fer, sur la tête un casque à aigrette; beau comme l’antique, mais vraisemblablement réaliste aussi. Trois rois, quatre même avec Pépin II d’Aquitaine, furent ainsi physiquement aux prises. Avaient-ils, entre eux, des intentions homicides, ce qui aurait fourni à leur litige une solution simple et immédiate ? À l’exception de Robert Ier en 923 — mais était-il bien légitime face à Charles le Simple, petit-fils de Charles le Chauve? —, on ne connaît pas de rois francs morts au combat, a fortiori aucun Carolingien. Les occasions, pourtant, ne manquèrent pas, et bien des grands, comtes et abbés, restaient sur le carreau, ainsi à Fontenoy, du côté de Charles, les comtes Ricuin de Nantes et Gérard d’Auvergne. Les rois, c’était autre chose. Alors pourquoi la bataille de Fontenoy revêtit-elle une telle dimension dans la conscience et la mémoire collectives? D’abord parce que le taux de perte fut exceptionnellement élevé, signe d’une violence extrême. Angilbert et Nithard décrivent, chacun à sa manière, ce qu’ils ont vu, l’un «la campagne blanchie par les vêtements de lin des morts», l’autre un «immense carnage»; cela, Charles a pu le voir comme eux. Ensuite parce que cette violence s’était déchaînée entre frères, entre cousins, entre amis. Ceux qui se sont entretués, pour la plupart, se connaissaient. Plus grave, ce qu’on faisait légitimement depuis des décennies à des païens ou à des mécréants, Saxons, Slaves, Arabes, Normands tout récemment, c’était à des chrétiens qu’on venait de l’infliger, comme jamais auparavant, et à ceux des chrétiens les plus aimés de Dieu, les Francs, dont le sang est le plus précieux. Enfin, conséquence de ce qui précède, la suite de la bataille donna lieu à une liturgie extraordinaire qui impressionna durablement les esprits. Immense avait été la souillure. Les rois eux-mêmes, Charles au premier chef, en étaient conscients, et il fut donc décidé, contre la coutume, de ne pas poursuivre les fuyards, d’autant que, sur le champ couvert de morts, se levait le jour du Seigneur, dimanche 26 juin. Il se passa, après la messe, à inhumer les tas indistincts de cadavres et à soigner les blessés, d’où qu’ils fussent. Surtout, imprégnés de scrupules à la façon de Louis le Pieux dont l’exemple avait pu se répandre, les guerriers étaient traversés par un doute sur leur culpabilité dans le massacre de leurs frères en Christ. Aussi se tournèrent-ils vers ceux qui se présentaient de plus en plus en guides de la société et qui détenaient les instruments de la purification, les évêques, qui n’étaient jamais loin des armées et dont les rois avaient pris le conseil avant de se résoudre à livrer bataille. Devant l’assemblée réunie, les prélats expliquèrent que, ayant combattu pour la justice comme Dieu l’avait confirmé en leur donnant la victoire, les vainqueurs, et d’abord les clercs eux-mêmes, étaient exempts de tout péché, à moins d’avoir agi en raison d’autres motifs. Pour plus de sûreté, et pour le salut des morts, un jeûne de trois jours fut décidé et observé, au lieu des joyeusetés qui d’ordinaire marquent les lendemains de succès. Par ce coup d’éclat qui frappa les imaginations et donna lieu à littérature, le règne de Charles le Chauve venait de réellement commencer.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Bataille de fontenoy 841
Message Publié : 16 Déc 2023 17:11 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
Message(s) : 2196
Merci Stonehenge de cette contribution intéressante !

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: Bataille de fontenoy 841
Message Publié : 21 Déc 2023 21:37 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 31 Juil 2023 20:20
Message(s) : 157
E. J. Goldberg, Struggle for Empire. Kingship and conflict under Louis the German, 817-876, Ithaca, 2006, p. 307.

https://www.cornellpress.cornell.edu/bo ... or-empire/


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 41 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB