caballarius a écrit :
Votre récit des actions des Vikings finit largement de démonter ce qui restait de l'hypothèse des Vikings marchands et craintifs de Régis Boyer
.
Heu ! Je ne pense pas que Régis Boyer ait dit cela d’ailleurs sa formules est quelques choses comme cela « les viking étaient expert dans le maniement de la hache, et de la balance à peser l'argent haché »
Total respect pour Régis :
Régis Boyers a écrit :
En fait, qu'était-ce, un Viking ? Un commerçant depuis bien longtemps et ensuite, la conjoncture l'a amené à se transformer en guerrier ou prédateur pour un certain temps, disons entre environ 800 et 1050, mais il fut toujours un homme appliqué avant tout à afla sér fjar : se procurer de l'argent…. Ils ne furent pas lents à saisir que, souvent, un bon coup d'épée à tranchant double ou de hache à large fer résolvait leurs problèmes mieux que d'interminables palabres ; et donc, sans abdiquer leur véritable nature de commerçants de luxe, ils se muèrent en pillards, sans jamais affronter en rase campagne les armées ennemies – ils étaient bien trop peu nombreux pour cela – en se portant sur les points à la fois vulnérables et riches, donc tout ce qui touchait à l'Église en premier lieu ; ils élaborèrent une technique de commandos ou de raids éclairs
Trop peu nombreux je ne suis pas trop d’accord car Régis Boyer sous estime les peuples qui les ont suivit, soit contraint par l’esclavage, soit des aventuriers ou navigateurs de traditions comme les irlandais, les bretons, les saxons, les basques, les slaves, les finnois, les baltes et ce sont aggrégés aux osts viking sous le commandement des jarls scandinaves.
Ça peut faire un peu de monde !
caballarius a écrit :
mais je pense qu'il n'y a qu'en Normandie qu'ils ont pu s'installer de manière définitive. Les Scandinaves par contre se seraient davantage mélangés avec les esclaves qu'ils avaient ramenés.
Oui mais en Angleterre et en Irlande leur emprunte locale est très forte. Surtout sur la langue, il y a pleins de mot simple du langage populaire qui vienne du norois comme bread, low, book, day, farewell, forbidden, honey, house, ice, morning, rope, sell, steer, time, tongue, tree, white, wing, bag, bat (d’où Batman) , to bang, big, crazy, dawn, dirty, fast.
J’ai pas d’exemple sur les flandres et la frise mais il doit en être de même sur les langues locales frisonnes et néerlandaises (Il faudrait demander à Paul Riquier).
Par contre seul les mots des marins ont contaminés le français (hague, bagage, Estran etc…) mais regret aussi.
La civilisation saxonne northumbrienne d’où est issue la renaissance carolingienne n’a pas résisté. D’abord à cause de l’hégémonie du Danelaw, puis ensuite les normands francisé de Guillaume en on remit un coup.
En France ce n’est pas pareil, il y a bien eu un parler norois dans le Bessin jusqu’au milieu du XIème siècle mais comme par hasard il y avait des implantations saxonnes à cet endroit auparavant. En Neustrie, L’intégration à la civilisation franque a été la règle. On le voit bien dans la thèse développée par Pierre Bauduin
http://medievales.revues.org/6037 les Viking et les Carolingiens c’est un peu les Wisigoth et les Romains, un fort désir d’accéder à la nobilitas franque. La mode est à l’intégration Hrólfr = Rollon et à la deuxième génération ils ont des noms francs.
caballarius a écrit :
les Francs ont quand même fini par se débarrasser des Vikings, il fallait simplement qu'ils trouvent le bon chef en la personne d'Eudes. Déjà avant cela Louis III et Carloman avaient bien pris le problème en main, ils sont malheureusement morts trop tôt.
D’après Marc Bloch, la société féodale, je suis en train de le lire et j’adore son style ! en plus voici un lien gratuit avec ce pavé de 500 pages :
http://classiques.uqac.ca/classiques/bloch_marc/societe_feodale/bloch_societe_feodale.pdfIl dit que c’est grace à la reprise en mains des rois du nord qui jaloux de la monté en puissance des Saekonungr et des Jarls, ont interdits les expéditions privés et repris pour leur propre compte les forces vives.
C’est la conversion au christianisme et un pouvoir royal fort en scandinavie qui a permis l’arrêt de la piraterie.
En tout cas sur l’impact des invasions, il y va pas de mains morte :
Marc Bloch a écrit :
De la tourmente des dernières invasions, l’Occident sortit tout couvert de plaies. Les villes mêmes n’avaient pas été épargnées, du moins par les Scandinaves, et si beaucoup d’entre elles, après le pillage ou l’abandon, se relevèrent tant bien que mal de leurs ruines, cette brèche dans le cours régulier de leur vie les laissa pour longtemps affaiblies… Surtout les campagnes souffrirent affreusement, au point d’être parfois réduites en véritables déserts… D’où — comme plus tard, après la guerre de Cent Ans — une profonde décadence du monachisme et, par contrecoup, de la vie intellectuelle… Lorsqu’une sécurité relative eut été rétablie, les hommes, eux-mêmes diminués en nombre, se trouvèrent devant de vastes étendues, jadis cultivées, qu’avait recouvertes la brousse. La conquête du sol vierge, encore si abondant, en fut retardée pour plus d’un siècle… Aussi bien ces ravages matériels n’étaient -ils pas tout. Il faudrait également pouvoir mesurer le choc mental. Celui-ci fut d’autant plus profond que la tempête, surtout dans l’Empire franc, su ccédait à un calme au moins relatif... Les murs et les palissades, dont l’Europe, alors, commença de se hérisser, furent comme le symbole visible d’une grande angoisse. Le pillage désormais était devenu un événement familier que les personnes prudentes prévoyaient dans leurs contrats.
Est-ce que aujourd’hui l’archéologie recoupe cette analyse ??