Canard fou a écrit :
En fait, on peut remarquer que d'autres peuples se sont retrouvés dans une posture similaire, par exemple les bulgares de la Volga ou les arabes. Or, ces derniers ont conservés leur religion (bien que les bulgares se convertissent par la suite) et ont essayés de transmettre la leur.
Bien entendu, ils sont copiés le capital culturel ou scientifique des romains, mais on gardé leur capital culturel, en l'occurrence c'est la religion ici qui m'intéresse.
Avant l'Islam, de nombreuses tribus arabes en contact avec l'empire romain s'étaient christianisées, telle que les Ghaznévides. L'une d'elle avait même donné un empereur : Philippe l'Arabe (245-249). Dans la péninsule arabique, si les récits musulmans évoquent bien un paganisme dans le Hedjaz, autour de la Mecque, plus au sud au Yemen l'archéologie a montré que les religions pratiquées étaient le christianisme - sous l'influence probable de l'Éthiopie - une forme de judaïsme et une troisième mêlant les deux et dénommée faute de mieux "rahmanisme".
Bref, sans entrer dans un débat là-dessus - ce sera pour un autre sujet, il est raisonnable de supposer que le paganisme en Arabie était résiduel, et que les tributs arabes passaient toutes au monothéisme.
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Pareil pour les mongols qui ont occupés des régions chrétiennes, arabo-musulmanes, chinoises ... et ne se sont pas tout de suite convertis à la religion.
Ça dépend de ce qu'on appelle "tout de suite". Dès que la période des conquêtes s'arrête, et que les Mongols commencent à créer des royaumes, ils se convertissent à l'islam et au bouddhisme.
Ils n'occupent pas de région chrétiennes, sauf des marches au bord de régions dominées par l'islam, comme la Russie.
Avant eux, il est intéressant de voir que les hordes précédentes se sont bien converties et assimilées : entre Attila qui reçoit le baptême et les Magyars qui fondent la Hongrie.
Le cas le plus intéressant toutefois est celui des Khazars qui, bien que se convertissant au christianisme, décident par singularisme d'opter pour le judaïsme.
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Donc en gros, les peuples germaniques n'avaient aucun intérêt à répandre leur culture/religion tout en se "civilisant" avec les progrès romains, ils ont plutôt rechercher à se fondre dans le moule romain.
Vous posez mal le problème : on ne répand pas le paganisme : on prie les dieux du lieu où l'on est en échange de faveurs ou pour éviter les malheurs, ou alors on prie les dieux des ancêtres pour établir un lien avec ces derniers. La religion sert aussi de fondement au droit germanique, basé sur les amendes et le prix du sang. Dans la mesure ou le dieu des Chrétiens était le "dieu du lieu" où s'installaient les Barbares, et où il n'amène avec lui aucune prescription juridique - l'Église aura bien du mal à faire admettre le concept de mariage monogame indissoluble, les Barbares en question n'ont pas du ressentir de gêne à le pratiquer.
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Finalement, les mouvements de population de la fin de l'Antiquité (ou "invasions") n'auraient étés conduits par certains chefs de différentes tribus uniquement dans un but politique ?
C'est à dire prendre le pouvoir dans un premier temps, puis se conformer au maximum à la "romanité" tout en gardant certaines spécificités (exemple : dynastie des Mérovingiens).
Difficile de dire si les Barbares voyaient si loin. Dans un premier temps, ils lancent des expéditions de pillage pour ramener du butin, puis, invités par les Romains ou conquérants, ils s'installent dans l'empire car il est plus lucratif et moins risqué de lever des taxes sur des populations que de leur faire la guerre sans cesse. C'est après que les projets politiques se mettent en place.
Il faut remarquer par contre que certains peuples se mêlent moins que d'autres aux vaincus, comme les Vandales en Afrique du nord ou les Ostrogoths en Italie. Ils préservent leur religion : le christianisme arien. De même, à leurs débuts, les Wisigoths d'Espagne demeurent ariens et s'installent dans des régions peu peuplées.
Par contraste, il semble que les Francs ont joué tout de suite la carte du mélange avec les grands propriétaires gallo-romains.