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Mais les notions de religion, de monothéisme exclusif, de foi en un dieu sauveur et de rejet des croyances ancestrales étaient-elles à la portée d'un brave boendr ?
Vous présentez les choses comme si ça avait été, du point de vue dudit Bondi, une avancée dont il n'aurait pas été conscient.
Peut-être que tout simplement ce bondi ne voyait pas l'intérêt d'abandonner ses croyances et ses modes de représentations du monde et du divin pour une religion qui prônait l'humilité, l'obéissance et la pauvreté, choses qui faisaient mouche dans une société comme celle de l'empire romain, moins dans celle des scandinave de la période viking.
Les différences entre Christianisme et paganisme étaient telles que le message chrétien n'était même pas compris des habitants de l'ensemble de l'Europe. Je vous rappelle qu'il y a encore quelques décennies, beaucoup de pratiques religieuses et de légendes de nos campagnes n'étaient qu'une perpétuation d'éléments païens. On est loin de l'idéal de foi chrétienne.
Dans une société où 95% (au bas mot) de la population ne sait ni lire ni écrire (je parle bien de la société chrétienne du Haut Moyen Age), et où on a pas encore ces gigantesques BD bibliques que sont les églises romanes et gothiques, la plupart des chrétiens devaient avoir une vision de la religion bien éloignée de celle des grands théologiens et autres Pères de l'Eglise. Il ne faut pas oublier que les textes de ces époques nous parlent souvent d'une infime fraction de la population (les élites sociales).
La conversion n'a empêché personne, au Haut Moyen Age et bien au-delà, de continuer à croire dans la présence d'esprits, de créatures surnaturelles, de la magie et de la sorcellerie. Il y a eu une sorte de Syncrétisme. La Toussaint et noël n'ont rien de chrétien à l'origine. Rien que l'idée que la Prima Signatio chasserait des esprits du corps de celui qui en fait l'objet, on est loin du message chrétien à l'origine quand même!
Donc quand on propose à un païen à la période viking de se convertir, d'une part il a probablement en face de lui quelqu'un qui n'est pas un grand théologien (la Réforme Grégorienne est encore loin, même le clergé local devait présenter une grande disparité), les gens à qui il a affaire croyaient certainement eux aussi en tout un tas de choses rappelant bien plus le paganisme que le Christianisme (on remplace juste le nom des esprits locaux par celui de quelques saint), et en outre, ça ne le dérange absolument pas d'intégrer le "Christ Blanc" à l'ensemble des êtres surnaturels censés habiter le monde et de graver une petite croix sur le marteau de Thorr qu'il porte autour du coup. Si en plus ça lui permet de faire du commerce avec les autres chrétiens, c'est tout benef pour lui! Pourquoi irait-il chercher plus loin?
En revanche, les puissants, comme je le disais dans la conversation en lien plus haut, ont trouvé dans le Christianisme une arme politique redoutable (à l'instar d'un Constantin ou d'un Théodose pour Rome, ou des rois anglo saxons qui cherchaient à "tenir" leur royaume, ou même pour les monarques francs).