JPdeRouen a écrit :
Si les rois saxons ne se numérotaient pas, cela résout mon problème.
Si les capétiens se sont mis à la suite des carolingiens, c'était à fin de désamorcer une prophétie qui annonçait que la couronne de France reviendrait aux descendants de Charlemagne à la huitième génération de ceux de Capet. Ca tombait bien: cela correspondait à l'avènement de Louis VIII, issu de Philippe Auguste et d'Isabelle de Hainaut, vraie descendante des carolingiens.
Les premiers capétiens n'ont pas fait que se mettre " à la suite des carolingiens" mais ont cherché à imposer la légitimité douteuse de leur lignée en sacrant leur premier né de leur vivant. Dès Robert le Pieux, l'hérédité est devenue, avec le sacre, le fondement de la légitimité royale française.
Et s'agissant des noms attribués aux premiers nés point de Charles justement ! Les premiers capétiens nomment leurs héritiers Robert ou Hugues au départ, en référence aux ancêtres robertiens, qui ont assuré "l'intérim" des carolingiens, puis sont devenus les faiseurs de rois en les réinstallant sur le trône. Henri 1er est un "accident" puisqu'il est le second dans la ligne de succession après son ainé Hugues mort avant son père Robert le Pieux. Philippe est une nouveauté "byzantine" importée par la reine Anne de Kiev, et Louis, pour Louis VI, un rattachement aux mérovingiens (Clovis). Point de Charles avant le XIVe sècle et encore, Charles IV était le dernier fils "maudit" de Philippe le Bel...
Néanmoins, le choix de Louis pour Louis VI peut aussi être interprété comme un soucis de la jeune dynastie capétienne de se rattacher aux "Louis" carolingiens car au Moyen Age, ni les princes ni les clercs n'ignorent le poids de l'histoire dans "un monde où le passé était toujours appelé à justifier le présent"... Et au moins jusqu'à Philippe Auguste, il a existé un fort courant anti-capétien chez les historiens contemporains ( l'école de Sens, l' Historia Francorum Senonensis ou Sigebert de Gembloux par exemple). C'est pourquoi, depuis le XIIe siècle, les capétiens s'employaient à capter l'héritage des carolingiens, essentiellement pour mieux assurer leur indépendance vis-à-vis du Saint Empire. Chansons de geste et chroniques faisaient de Charlemagne « le roi qui gouverne la douce France ». Les mariages des successeurs de Hugues Capet avec des épouses dont l'ascendance carolingienne ne pouvait être mise en doute, en particulier celui de Louis VII avec Adèle de Champagne, permettaient aussi de rattacher les Capétiens à la lignée carolingienne. Philippe Auguste, plus que ses prédécesseurs, a voulu se présenter comme l'héritier de Charlemagne, non pas tant, en ce qui le concernait, pour effacer l'usurpation de son ancêtre, que pour justifier ses prétentions à « être empereur en son royaume » et pour légitimer ses conquêtes.