Lecielmetombesurlatête a écrit :
Tout le monde n'était pas agriculteur ou paysan au moyen âge. Je suppose que seul l'aîné devait reprendre la portion de terre que sa famille recevait du seigneur local.
Ce n'est pas forcément exact, en tout cas pas partout. J'avais évoqué, dans le sujet
Les Règles de succession à la veille de la Révolution le fait que la règle d'héritage majoritaire en France était le partage équitable des terres entre fils (voire les filles).
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Bon alors le travailleur libre cela devait correspondre au vilain non ? (si l'autre était serf)
Rien que dans le travail agricole (ce à quoi se rapporte le terme "vilain"), il existe de nombreuses façon d'exploiter la terre.
- Franc-alleu : exploitation en pleine propriété, libre de droits
- Métayage : exploitation de la terre d'un autre en échange d'une partie de la récolte
- Affermage : exploitation de la terre d'un autre en échange d'un droit fixe (ferme)
- Exploitation par les valets du seigneur (George Duby, dans Seigneurs et paysans, dit que c'était le mode d'exploitation principal de l'abbaye de Cluny, mélangé à d'autres)
- Salariat : exploitation de la terre par des journaliers, itinérants
Rappelons qu'il n'y a pas que la culture de terre dans l'agriculture : il y aussi l'élevage. Dans
Montaillou, village occitan, E. Leroy-Ladurie décrit la vie des bergers, qui travaillent souvent en tant que salariés des possesseurs de moutons, et qui conduisent souvent à la pâture des troupeaux de divers propriétaires. Ceux qui arrivent à épargner mêlent à ces troupeaux les moutons qu'ils possèdent en propre, et peuvent ainsi bénéficier directement de la laine et du lait qu'ils produisent.
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Alors je voudrais savoir : mettons que le travailleur libre soit maçon, il devait louer une chambre à qui ?
Qui possédait des logements qu'il pouvait donner à louer ? un aubergiste il est bien indépendant non ? il n'a pas de compte à rendre à un seigneur ?
Tous les types de propriétés foncières sont possibles. L'aubergiste peut posséder sa maison, ou la louer à un seigneur laïc ou ecclésiastique.
Il n'y a pas de contrôle du seigneur sur la circulation des gens : l'administration n'est pas assez développée pour cela. En revanche, emprunter certaines routes et certains ponts donnent lieu au paiement d'un péage.
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Il doit donc y avoir au moyen âge une foule de gens qui ne sont pas attachés à une terre agricole, qui se déplacent pour faire les saisons.
En plus des auberges, il y a aussi les monastères et les autres institutions ecclésiastiques qui remplissent les fonctions d'hôtellerie. De plus, les paysans peuvent également offrir l'hospitalité, contre paiement ou non.
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Mettons que ces gens là travaillent, ils ont des sous, il faut bien qu'ils se marient -ou bien c'est une forme de régulation de l'espèce que j'ignorais encore-
Il n'est pas rare que le mari et la femme ne se voient qu'épisodiquement, entre deux voyages du mari, la femme restant, par exemple, en domesticité dans la maison d'un seigneur, ou vivant de l'artisanat local.
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ils ont bien la possibilité d'acheter une maison pour s'installer ou bien logent-ils sous les ponts ? où trouve t-on des terres où s'établir ?
Quand ils veulent s'établir, ils peuvent contracter avec le seigneur locale, qui, je le répète, sera souvent une institution ecclésiastique (abbaye, monastère...) un contrat comme celui que je viens de citer.
Ils peuvent aussi émigrer dans des endroits ou les seigneurs, soucieux de mettre en valeur de nouvelles terres fraîchement défrichées, offrent des conditions avantageuses comme le franc-alleu ou des exonérations de cens durant les premières années.