Le Chat Vert a écrit :
Bonjour,
Je me pose des questions sur "qui" partait à la guerre et "comment" ils étaient enrôlés.
Avec ma certitude de néophyte (donc s'il vous plait corrigez moi si je me trompe) je me dis qu'avant Charlemagne c'était la tradition germanique qui primait : "Aller les copains tout le monde à la guerre ! Ouais !!".
Je suis attéré par cette vision de l'antiquité tardive qui fait des francs de sympathique barbares chevelus indisciplinés. On ne peut pas passer de l'hyperorganisation de la légion romaine à cet état d'esprit proche d'Astérix qui n'a jamais existé même chez les gaulois.
On part de l'organisation des armées pendant le bas empire : l'organisation est franchement accés sur le Limes (les frontières) pour contrer la menace barbare. Il faut se référer à la Notitia dignitatum le gros documents qui définie la structure militaro-administrative de la toute fin de l'empire. C'est un document qui a été copié et recopié et qui a du servir de base d'études au mérovingiens et aux carolingiens.
Le commandant en chef est le
Magister militium chef suprème des armées dans une division de l'empire. Ils sont recruté parmis les barbares qui servent dans l'armée romaine (à cause de la place que prend la cavalerie à l'époque). Stilicon, Aetius, Arcadius, Ricimer, Odoacre sont des Magister militium.
Les Dux se partagent le commandement des Limes (en gros). Il y avait par exemple le Dux Britanniarum au mur d'Hadrien, le dux Belgicae secundae sur la frontière Franque etc... Ils sont également d'origine barbare en général, les mérovingiens ont débuté comme Dux.
Les Comes (Comtes) sont les proches de l'empereur, plutot des romains ceux là, il y a les comtes palatins (proche de l'empereur), qui font de la politique, et les comtes répartis dans les provinces : Dans les provinces, des comtes reçurent des pouvoirs militaires importants en complément du titre de dux ; les comites rei militaris (« comtes des affaires militaires ») étaient affectés à des commandements militaires. Parmi ceux-ci, on trouve les maîtres de la cavalerie et ceux de l'infanterie. Certains de ces derniers portent un titre les rattachant à des territoires : comes Italiae, comes Africae etc...
Pour le recrutement : c'est une armée de métier. Il y a beaucoup de demande et pas beaucoup de place car le miles (militaire de base) ne payant pas d'impôt, c'est une situation sociale assez recherchée, d'où une demande importante qui conduit les empereurs à restreindre l'accès au citoyens de l'empire romain. Du coup ce sont les peuple fédérés (wisigoth, francs etc...) qui occupent ces postes. Et on a des "pacquage" d'armée barbare au service de rome, tout prêt, avec un dux à leur tête et composés exclusivement de la même ethnie : Sarmates, Alains, francs, Burgondes, Huns etc… avec des organisations propres et leur manière de combattre propre aussi. D’où une grande diversité militaire à l’époque des invasions (400-500).
Ensuite l’empire d’occident se fragmente en une dizaine de royaumes barbares sur le continent (en plus de 20 royaumes celtes pour la Bretagne). Ces royaumes reprennent l’organisation romaine. Au départ le Reik (Rois) reprends en direct le rôle du Magister militium, mais après la christianisation on voit émerger le Maire du Palais qui reprend complétement ce rôle.
Les Limes ne posent plus les mêmes problèmes et l’organisation va se modifier avec la création des marches : sorte de zones tampons entre royaume particulièrement turbulente avec à leur tête un Dux par exemple Rolland sur la marche de Bretagne.
On assiste à une multiplication des comes. Le territoire est maillé en pagi (pluriel de pagus) qui sont gouverné par un Comes, un proche du Reik pour assurer un maillage territorial. Le comte va recruter les soldats parmi le peuple avec la règle de 1 cavalier pour cent homme libre : le centenier qui s’équipe a ces frais comme vous l’avez dit, (système pas très éloigné du centurion de l’armée romaine pré-réforme de Marius). La menace n’est plus extérieure mais bien intérieure (à cause de la Faide mériovingienne par exemple) à causes des luttes fratricides entres héritiers.
La garde rapproché du Reik sont les Antrustion (organisation typiquement franque) mais rapidement ils vont se structurer en palatii un peu comme la garde prétorienne romaine.
Donc armée très structuré chez les méros avec émergence du Comte.
Sous Charlemagne, le système devient autocratique, puisque le maire du palais devient empereur, la fonction de rois, d’empereur de chef militaire et de chef spirituel se confond. On assiste à une révolte des nobles, témoins les missi diominici qui doivent fliquer les comtes qui prennent petit à petit leur autonomie. Puis le système s’effondre brutalement à la tête. Reste les Comtes, les Duc et les Marquis.