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Message Publié : 12 Mars 2019 14:25 
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On lit de plus en plus d'articles sur des traces de pigment bleu trouvées dans la dentition d'une femme qui a vécu au XIIème siècle. Par exemple : Des pigments bleus témoignent de l’existence de femmes copistes au Moyen Age

Alors dans un premier temps on a parlé de "copiste" et plus particulièrement de femme copiste... Ce qui a étonné certaines personnes qui pensaient que ce métier était réservé aux hommes. Mais, le pigment est à base de lapis-lazuli, donc un pigment cher, très cher même à l'époque et réservé aux plus grands enlumineurs... Mais voilà, cette dame, relativement âgée pour l'époque, a utilisé couramment ce pigment. En plus, elle vivait dans un petit monastère en peu à l'écart, pour tout dire, les spécialistes de l'époque semblent découvrir qu'il y a pu y avoir des travaux de copie et d'enluminure à cet endroit... Cela remet un peu en cause ce qu'on pensait savoir sur la période et sur le travail des enlumineurs. Apparemment, il y avait des femmes qui faisaient ce travail et certaines étaient assez réputées pour avoir accès aux matières les plus chères et réservées à l'élite.


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Message Publié : 12 Mars 2019 15:35 
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Plutarque
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Très intéressant. Je vais regarder du côté de Duby et Perrot. Cela dit, on sous-estime (dans l'imaginaire populaire au moins) la place du travail des femmes au Moyen Age. Quand on sait que certaines femmes étaient bâtisseuses de cathédrales, on est bien loin du rôle traditionnel des femmes que nous pouvons avoir en tête.

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« Je veux croire qu'il n'y a pas de libération plus vaine que celle qui prétend nous arracher aux rigueurs du travail intellectuel ou aux fidélités que l'on doit à ses prédécesseurs, qu'il n’y a pas de générations plus tristes que celles qui ne se reconnaissent plus de maîtres [...] ».
Patrick Boucheron.


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Message Publié : 12 Mars 2019 15:39 
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Je ne suis pas étonné du tout, nous savions déjà qu'il y avait des femmes copistes, qu'elles aient enluminé n'est donc pas étonnant. Les femmes ont accès à beaucoup de métiers avant le XIIIe siècle avant que les portes se referment progressivement pour l'être à peu près totalement à la fin du XIVe.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 12 Mars 2019 16:00 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Article manifestement écrit à la hâte par une journaliste qui n'a pas pris le temps de se documenter.

Sur le travail des copistes à l'époque romane : https://croire.la-croix.com/print/article/1701004335

Il y avait des monastères d'hommes et aussi des monastères de femmes et ces derniers abritaient aussi un scriptorium. C'était notamment le cas du monastère de Chelles en Seine et Marne.


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Message Publié : 12 Mars 2019 16:11 
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Barbetorte a écrit :
Article manifestement écrit à la hâte par une journaliste qui n'a pas pris le temps de se documenter.


Non, cela reprend la communication qui a été faite par les "découvreurs", on retrouve cet article dans des versions différentes sur un grand nombre de médias. Il y a un article un peu plus conséquent dans le Cahier de Science & Vie qui vient de paraitre. Il me semble que ceux qui ont communiqué sur cette découverte voulaient qu'on parle d'eux et donc ils ont insisté sur le "sensationnel". Les journalistes ont simplement repris les éléments présents dans le communiqué de presse ;)

PS : voici l'article original paru dans Science Avance : Medieval women’s early involvement in manuscript production suggested by lapis lazuli identification in dental calculus

Désolé, mes connaissances en anglais, surtout scientifique, sont trop lacunaires pour lire, comprendre ou traduire cet article. Mais, de la dernière ligne du résumé :
Citer :
During the European Middle Ages, the opening of long-distance Asian trade routes introduced exotic goods, including ultramarine, a brilliant blue pigment produced from lapis lazuli stone mined only in Afghanistan. Rare and as expensive as gold, this pigment transformed the European color palette, but little is known about its early trade or use. Here, we report the discovery of lapis lazuli pigment preserved in the dental calculus of a religious woman in Germany radiocarbon-dated to the 11th or early 12th century. The early use of this pigment by a religious woman challenges widespread assumptions about its limited availability in medieval Europe and the gendered production of illuminated texts.


Donc, de cette dernière phrase, si je comprend bien, ce sont bien les auteurs de l'article original qui mettent en cause la production "genrée" des textes illuminés.


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Message Publié : 12 Mars 2019 16:43 
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La traduction automatique a fait d'énormes progrès, et l'article est fort intéressant et fort compréhensible.

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Message Publié : 12 Mars 2019 16:50 
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Jean-Marc Labat a écrit :
La traduction automatique a fait d'énormes progrès, et l'article est fort intéressant et fort compréhensible.


Merci

Participation précoce des femmes médiévales à la production de manuscrits suggérée par l'identification du lapis-lazuli dans le calcul dentaire


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Message Publié : 12 Mars 2019 16:59 
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Citer :
Comment une femme d'âge moyen menant une vie de travail physique apparemment peu actif et enterrée dans un cimetière associé à une communauté religieuse féminine en est-elle arrivée à avoir un pigment minéral aussi rare et coûteux dans son tartre dentaire, mais nous proposons quatre scénarios possibles : (i) B78 était un scribe ou un peintre de livres engagé dans la production de manuscrits enluminés, (ii) B78 était employée à la préparation de matériel artistique pour elle-même ou pour d'autres scribes, (iii) B78 consommait du lapis-lazuli dans le contexte de la médecine lapidaire ou (iv) B78 a effectué une oscillation de dévotion émotionnelle de livres enluminés produits par d’autres.


Et voilà la réponse :
Citer :
Scénario 1: Production de livres

Le scénario le plus parcimonieux est que la personne B78 était une femme engagée dans la production de manuscrits de grande qualité. La commande d'une femme talentueuse chargée de la production de livres de liturgie de luxe en utilisant des matériaux coûteux a déjà été réalisée en Allemagne. Par exemple, une paire de lettres datées entre 1140 et 1168 de notre ère - presque à l’époque de l’enterrement de B78 - détaillent un échange entre Sindold, le gardien et correcteur de livres (armarius) du monastère des hommes de Reinhardsbrunn et le monastère féminin de Lippoldsberg où vivaient ses sœurs, situé à seulement 70 km à l’est de Dalheim (voir Matériel supplémentaire). Dans sa lettre, Sindold commande la production «habile» d'un matutinal de luxe illuminé (livre liturgique) que sa sœur «N» produira en utilisant du parchemin, du cuir, des pigments et de la soie fournis à cet effet ( 24 ). Le fait que l’armarius Reinhardsbrunn sous-traite la production d’un livre aussi important et précieux pour un monastère de femmes témoigne de la réputation des femmes qui fabriquent des livres dès le XIIe siècle. Bien que Sindold ne précise pas les spécificités des pigments envoyés, à en juger par la quantité de parchemin (l'équivalent de 384 pages) et l'inclusion de soie, on peut supposer que les pigments étaient au moins de la même qualité et du même coût. Parmi les livres allemands survivants qui ont été testés et dont on sait qu'ils contiennent un pigment de lapis-lazuli, le plus ancien supposé présumé attribué à une femme scribe est un exemplaire du Liber Scivias (bibliothèque de l'Université de Heidelberg, Codex Salemitani X, 16) de Hildegard of Bingen of the monastère de femmes à Rupertsberg et produit vers l'an 1200 ( 15 ); toutefois, les peintures non signées étaient colorées par au moins deux individus anonymes ( 15 ).

En Allemagne, les communautés monastiques de femmes, surtout au cours des périodes précédentes, étaient en grande partie composées de femmes nobles ou aristocratiques. Beaucoup étaient très instruits et la lecture de dévotion était encouragée comme une expression de piété. Ces femmes auraient mené une vie largement exempte de travaux forcés, ce qui concorde avec l'absence de stress squelettique au travail observé pour B78. Cependant, les travaux au sein du monastère étaient encouragés et les activités liées à la production de livres étaient considérées comme des activités louables. En ajoutant des détails à leurs enluminures, il est plausible de supposer que des artistes auraient occasionnellement léché leurs pinceaux pour faire la part belle aux choses, une pratique à laquelle les manuels d’artistes font explicitement référence ( 4 ). Ce faisant, des pigments, tels que le lapis-lazuli, pourraient avoir été introduits dans la cavité buccale, où ils auraient pu être piégés dans du tartre dentaire. L'activité répétée d'insérer la pointe du pinceau dans la bouche pourrait expliquer le schéma de distribution des particules bleues in situ observé sur plusieurs fragments de tartre.


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Message Publié : 12 Mars 2019 17:11 
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Plutarque
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Morale: attention au tartre %1
En me replongeant dans l'ouvrage de G.Duby et M.Perrot je suis tombé sur les scriptorium familiaux avec une femme (carmélite) en charge d'une bible complète ou encore de la fameuse Christine de Pisan.

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Patrick Boucheron.


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Message Publié : 12 Mars 2019 21:29 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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L'article de la revue Science Advances est présenté ainsi :
Citer :
Au cours du Moyen-âge, l'ouverture de routes commerciales vers l'Asie a introduit en Europe des produits exotiques comme le bleu outremer, un pigment brillant tiré du lapis lazuli qui était extrait exclusivement en Afghanistan. Aussi rare et cher que l'or, ce pigment a transformé la palette des couleurs disponibles en Europe mais on en sait peu sur son commerce et son usage dans les premiers temps. Est rapportée ci-après la découverte de pigment de lapis-lazuli dans le tartre dentaire d'une religieuse allemande qui, d'après une datation au carbone 14, a vécu au onzième siècle ou au début du douzième. Un usage aussi tôt de ce pigment par une femme contredit les hypothèses généralement admises sur sa diffusion dans l'Europe médiévale et sur la distribution entre hommes et femmes de la production d'enluminures.
En lisant tout l'article on apprend qu'on ne sait en fait presque rien de l'emploi du bleu outremer aux onzième et douzième siècle. Comme il était rare et très cher, on peut penser qu'il n'était employé que dans les ateliers les plus prestigieux et par des hommes plutôt que par des femmes. C'est tout. La découverte de traces de bleu outremer sur les dents d'une femme ayant vécu au cours de la période 1000 – 1150 met en évidence pour la première fois l'usage de ce pigment par une femme en Allemagne à cette époque dans un petit monastère de femmes qui n'avait rien de particulier. Plus largement, cela atteste de l'existence d'échanges commerciaux à très longue distance dans le nord de l'Allemagne dès le onzième siècle.

Dans Science et Avenir cela devient :
Citer :
Des traces de lapis-lazuli incrustées dans la plaque dentaire d'une femme ayant vécu à l’époque médiévale suggèrent qu'il pourrait s’agir de la première copiste et peintre de manuscrits enluminés jamais rencontrée. Une découverte qui remet en question la conviction que seuls des hommes remplissaient ce rôle.
Ce n'est pas sérieux.

Le squelette analysé n'est certainement pas celui de la première copiste et peintre de manuscrits enluminés jamais rencontrée. Une certaine Guda est bien connue pour avoir laissé sa signature au douzième siècle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guda.

Autoportrait de l'artiste avec la légende suivante : Guda, peccatrix mulier, scripsit et pinxit hunc librum Image


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