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 Sujet du message : Blanche de Castille
Message Publié : 07 Mars 2020 23:32 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Je propose ici un résumé du livre de Georges Minois sur Blanche de Castille, fait non pas moi par un ami à qui j'ai prété l'ouvage : Didier Lafargue (je ne pense pas qu'il ait un compte sur ce forum mais je vais lui en parler). J'ai son accord pour poster son travail



BLANCHE DE CASTILLE de Georges MINOIS


Blanche de Castille est née vers 1187 en Espagne. Elle est la fille du roi de Castille Alphonse VIII et d’Aliénor d’Angleterre, elle-même fille de la célèbre Aliénor d’Aquitaine. Elle passe son enfance à Burgos, au sein d’une cour très raffinée où règnent poètes et troubadours. La grande affaire de l’époque est la lutte entre le roi de France Philippe Auguste et l’empire Plantagenêt représenté dès 1199 par le roi d’Angleterre Jean sans terre. Philippe Auguste tente d’utiliser contre Jean le neveu de celui-ci, Arthur de Bretagne. Mais après une guerre infructueuse pour le roi de France, un rapprochement se fait entre les deux monarques et pour le sceller, il est décidé qu’un mariage sera conclu entre Louis, le future Louis VIII, fils de Philippe Auguste, et l’une des nièces de Jean, Blanche de Castille ou sa sœur. Cet acte correspond au souci des Capétiens de protéger les abords du royaume au sud. Pour faire le choix, Aliénor d’Aquitaine, alors âgée de 80 ans, fait le voyage à Burgos. Finalement entre l’aînée Uraqua et la cadette, Blanche, elle choisit cette dernière, dont elle juge la personnalité supérieure, et l’emmène en France.

Blanche est d’abord présentée à son oncle Jean sans terre, en Normandie, puis expédiée à Paris rejoindre son futur époux avec qui elle se marie. On est en 1200 et elle et lui n’ont que douze ans. C’est un changement désagréable pour la jeune Blanche pour qui la très austère cour de Paris est très différente de celle de Burgos. Elle n’est rien alors, il n’y a pas de femme dans la famille capétienne avec qui elle peut s’entendre et le milieu d’ensemble, fait de clercs sévères, est assez macho. De plus, une crise sévit quand elle arrive : le pape a jeté l’interdit sur le royaume car Philippe Auguste a répudié sa 2e épouse alors qu’il n’aurait pas dû. Aussi, toutes les cérémonies religieuses sont suspendues et Blanche apprécie peu l’ambiance. Qui plus est, son beau-père est un véritable sauvage. Il est coléreux, violent et renvoie tous les troubadours de la cour, des « démons » pour lui. Blanche est donc triste, mais heureusement pour elle son jeune époux Louis est gentil.

I. Les débuts de Blanche de Castille à la cour de Philippe Auguste.

Elle découvre la ville de Paris en proie à un conflit de pouvoirs entre le pouvoir royal et l’archevêché. Les étudiants de l’université sont très violents et obtiennent gain de cause contre les agents du roi. Elle assiste à la croissance des villes, très forte au XIIIème siècle. Par contre, elle se désintéresse du monde paysan, pourtant 90% de la population. Elle fait aussi très vite l’apprentissage de la politique, notamment quand, alors qu’elle n’est qu’une adolescente, son beau-père Philippe l’envoie mener une négociation avec Jean sans terre dont elle est la nièce. Elle donne des enfants à Louis dès l’âge de 17 ans, mais les premiers meurent en bas âge, notamment Philippe qui rendra l’âme à 9 ans. Elle finit par enfanter le bon, Louis, futur Saint Louis, en 1214. Elle est témoin de la politique matrimoniale de Philippe Auguste qui marie ses petits-enfants à droite et à gauche, parmi ses vassaux. Pour lui, ce ne sont que des pions destinés à favoriser des alliances. Elle-même n’a été qu’un pion quand on l’a marié à Louis. Elle saura s’en souvenir plus tard.

Blanche de Castille exerce une certaine influence à la cour, mais de façon intermittente. Un évènement, très favorable pour elle, se produit en 1212 : son père le roi de Castille Alphonse VIII est victorieux des musulmans à Las Navas de Tolosa. Dès lors, Blanche est la fille du plus grand héros de la chrétienté ce qui accroit son prestige à la cour. Beaucoup de gens se tournent vers elle, dont le pape.
Elle et son mari doivent cependant compter avec Philippe Auguste. Ce dernier a refusé de faire sacrer roi son fils de son vivant, une première dans l’histoire des Capétiens. Certes, le pouvoir de la dynastie est à présent bien enraciné ce qui justifie cette décision. Mais c’est aussi parce que Philippe Auguste se méfie de son fils. Le roi Henri II Plantagenêt a fait sacrer son fils aîné Henri le jeune et celui-ci en a profité pour se révolter ! Par ailleurs, le pays est à l’époque traversé par tout un courant religieux, eschatologique, plus ou moins hérétique, considérant Louis comme le futur roi destiné à régner sur tous les rois du monde ! Louis et Blanche sont assez séduits par cette ambiance. Aussi Philippe Auguste, pieux et orthodoxe, ne peut-il que tenir à distance son successeur, même si celui-ci ne pense pas du tout à prendre sa place. De fait, Louis et Blanche ont autour d’eux une « cour des jeunes » opposée à la « cour des vieux » du roi.

En 1214, Philippe Auguste est victorieux à Bouvines sur les alliés du roi d’Angleterre Jean sans terre. Peu après, celui-ci est contraint de signer la grande charte à ses barons. Il place alors son royaume sous la suzeraineté du saint siège afin que le pape condamne la charte. En réaction, une partie des barons de Jean fait appel à Philippe Auguste. Celui-ci reste neutre, mais son fils Louis prend contact avec eux, lève une armée et débarque en Angleterre pour en devenir le nouveau roi. Le prétexte est le soutien accordé aux droits de sa femme au trône d’Angleterre puisque Blanche est la petite-fille d’Aliénor et d’Henri II. Blanche est chargée de lever des troupes sur le continent pour aider son mari.

Las, le roi Jean meurt et lui succède un enfant, son fils Henri III. Les partisans de Louis ne voient plus d’intérêt à soutenir celui-ci et l’abandonnent, en 1217. C’est un désastre pour Louis qui doit revenir en France. Philippe Auguste est furieux et pendant quelques années, le prince héritier et sa femme n’auront plus d’influence à la cour.

Blanche de Castille en profite pour enfanter, se consacrer à l’éducation de ses enfants, dont le futur Louis IX. Avec eux, elle est sévère sans être excessive.

En 1223, sa sœur Bérangère, régente de Castille au nom de son jeune fils le futur saint Ferdinand III, doit faire face à une révolte de ses barons car elle est très autoritaire. Ceux-ci s’adressent à Blanche pour proposer la couronne de Castille à l’un de ses jeunes fils. Elle ne répond pas ; l’aventure anglaise lui a suffi. Ainsi opte-t-elle pour la solidarité avec sa sœur, dans une situation similaire à la sienne, face aux entreprises des grands nobles.

II. Blanche de Castille, reine de France (1223-1226).

Finalement, en 1223 Philippe Auguste meurt. Louis devient roi sous le nom de Louis VIII et Blanche de Castille est reine de France. L’un et l’autre sont ravis car depuis 22 ans ils attendaient ce moment. Il semble que le nouveau roi soit effacé et influençable, il n’est pas facile de succéder à une légende vivante. Aussi, Blanche exerce une grande influence sur le gouvernement du royaume.
Les barons espèrent qu’ils vont récupérer leur pouvoir avec le nouveau roi, mais il n’en est rien. Louis VIII doit compter avec son vassal le duc de Bretagne Pierre Mauclerc. Membre de la famille capétienne, il a d’abord été fidèle à Louis. Mais à présent, il change de comportement. De la Bretagne, il a fait une province puissante en imposant à ses nobles ses pouvoirs de duc, et Blanche de Castille s’en rendra compte plus tard. Son surnom Mauclerc vient de « mauvais clerc » car il a dû aussi lutter contre ses évêques. Il lui faut louvoyer entre la France et l’Angleterre et c’est très délicat. Il devient menaçant lorsqu’il tente de se marier avec la comtesse Jeanne de Flandres. Pour Louis VIII et sa femme, il n’est pas question que ces deux provinces soient unies sous la même autorité. Aussi, Louis impose un dur traité à la comtesse Jeanne.

Mais la grande affaire de son règne est la liquidation de l’ancien empire Plantagenêt de Jean sans terre. Il s’empare surtout du Poitou, forçant les seigneurs de la province à reconnaître son autorité. Par contre, il ne peut s’emparer de toute la Gascogne et échoue devant Bordeaux.

Louis VIII fait aussi son testament. Dans celui-ci, il fait un premier partage du domaine royal, devenu immense à la mort de son père, en donnant des territoires à ses fils cadets. On l’a critiqué pour cela, mais en fait c’est un faux partage. Ces apanages accordés à ses fils permettront d’intégrer plus facilement les populations concernées.

Il tente enfin d’en finir avec la croisade des Albigeois, concentre une armée à Bourges et envahit le Midi. Cette expédition lui sera fatale. Il prend Avignon, force d’autres villes à se soumettre. Mais, frappé par la dysenterie, il doit s’en retourner vers Paris et meurt en route en novembre 1226, après trois ans de règne.

La plupart des barons qui sont avec lui tente de donner la régence à son demi-frère Philippe Hurepel car, celui-ci étant mou et indolent, ils pensent qu’ils seront à nouveau libres. En fait, un petit groupe de trois archevêques invente un document affirmant que Louis a donné la régence à son épouse. Ils représentent l’entourage direct du roi, les chefs de l’administration issu de la petite noblesse, témoins de l’énergie montrée par la reine sous les règnes précédents et pensant qu’elle pourra affermir le pouvoir royal.
Justement, bien qu’effondrée quand elle apprend la nouvelle de la mort de son mari, elle se ressaisit vite et décide de faire sacrer le jeune Louis IX tout de suite. Pour la deuxième fois, un roi capétien n’est sacré roi qu’après la mort de son père. Mais si louis VIII avait alors 36 ans, son fils n’a que 12 ans et il faut agir vite pour éviter d’éventuelles contestations. Trois semaines après la mort de Louis VIII, le futur Saint Louis est sacré roi à Reims, un triste sacre car on y remarque de grands absents, l’archevêque de Reims qui vient de mourir, le duc de Bretagne, le roi Jean. Le nouveau roi n’est pas acclamé par ses sujets.

Il n’y avait eu que trois régences avant Blanche, celle du comte de Flandres Baudouin V, à la mort d’Henri 1er en 1061, celle de Suger quand Louis VII est parti en croisade en 1147, celle d’Adèle de Champagne, mère de Philippe Auguste, quand celui-ci a fait de même en 1190. Pour la première fois, la régente est une femme. Blanche de Castille a alors 38 ans. Elle va exercer tout le pouvoir et donner enfin toute sa mesure. Pendant 10 ans, elle va lutter contre les barons, faire face à toutes les menaces contre le pouvoir royal, léguer à son fils un pouvoir fort et un prestige sans égal dans toute la chrétienté.

III. La régente.

Elle va devoir déployer toute son énergie pour s’imposer car elle est en situation de faiblesse :

:arrow: C’est une femme.
:arrow: C’est une étrangère.

Les grands nobles, qui ont dû courber l’échine sous Philippe Auguste et Louis VIII, vont en profiter pour relever la tête et remettre en cause les progrès du pouvoir royal.
Cependant, elle n’est pas complètement isolée. Elle peut compter sur les chefs de l’administration, de moyenne noblesse, expérimentés. Elle peut aussi s’appuyer sur les évêques, à condition de veiller à ce que leurs droits n’empiètent pas sur la juridiction royale. Parmi les grands barons, elle doit craindre trois ennemis potentiels :

:arrow: Philippe Hurepel, le demi-frère de Louis VIII.
:arrow: Pierre Mauclerc, duc de Bretagne.
:arrow: Thibaud IV de Champagne.

Le premier, Philippe Hurepel, est faible de caractère et vaniteux. Blanche se l’amadoue en lui donnant quelques pensions.
Pierre Mauclerc est probablement le plus dangereux. Il jouit de l’amitié du roi d’Angleterre Henri III qui lui a rendu son comté de Richmond, outre-manche.

Thibaud IV est ambigu. Il a été élevé à la cour de Philippe Auguste où elle était présente et elle le connaît bien. Il est plus ou moins amoureux d’elle et, jeune, lui a écrit des vers.

Dès son accession au pouvoir, les barons se manifestent. Ils lui reprochent d’accorder trop de faveur aux religieux qui l’entourent, notamment au légat cardinal Romain Frangipani, avec qui ils la soupçonnent même de coucher (Anne d’Autriche et Mazarin) ! Ils lui imposent de libérer les deux vaincus de Bouvine, Renaud de Boulogne et Ferrand de Flandre. Pour le premier, il n’en est pas question. Le deuxième, elle accepte car elle ne fait qu’appliquer un traité antérieur, mais en prenant ses précautions.
Finalement, les barons se révoltent. Pierre Mauclerc, Thibaud IV, le comte Hugues de Lusignan, le comte de Bar, Philippe Hurepel, forment une fronde et entrent en dissidence. Blanche de Castille rassemble une armée à Chinon et marche contre eux, en emmenant avec elle le jeune Louis IX. Le combat n’aura pas lieu car les révoltés sont divisés. Thibaud IV, peu motivé, parce qu’il est peut-être amoureux de la régente, quitte la coalition. Celle-ci dès lors affaiblie, Blanche peut négocier avec les autres. En usant de la persuasion et de la séduction, elle parvient à venir à bout de la fronde en concluant avec ses membres le traité de Vendôme, ceci sans avoir livré bataille !

Quelques barons tentent ensuite d’enlever le jeune roi à Corbeil pour l’ôter à l’influence de sa mère. Louis se réfugie à Montlhéry et appelle à l’aide Blanche. Celle-ci vient immédiatement à son secours avec les milices parisiennes et le roi est accueilli en triomphe dans la capitale.
Ainsi, Blanche de Castille a fait intelligemment alliance avec les villes contre la grande noblesse. Elle sait se concilier la faveur du peuple.
Peu après, elle s’occupe du problème du Midi toulousain, laissé en suspens après la mort de son mari. Après quelques succès sur le comte de Toulouse Raymond VII, elle oblige celui-ci à venir s’humilier à Paris et à conclure avec le pouvoir royal le traité de Meaux de 1229. Le nord de l’Albigeois est annexé au domaine royal. Raymond VII récupère la plus grande partie de son territoire mais doit marier sa fille avec l’un des fils de Blanche. Ce traité donne accès aux Capétiens à la Méditerranée. Ils acquièrent le port de St Gilles dont ils feront Aigues morte.

En 1229, Blanche de Castille doit faire face à une grève de l’Université de Paris. Les maîtres sont en butte à l’autorité des évêques, des bourgeois, des sergents royaux, et sont soutenus par les étudiants très violents. Déjà dans sa jeunesse, Blanche avait été témoin de cette violence étudiante. Aussi, elle est intransigeante avec celle-ci et on l’appelle « la putain du légat ». Un compromis finit par être trouvé mais contre les avis de Blanche.
Les barons se révoltent une nouvelle fois en 1230, sous la direction de Pierre Mauclerc, allié au roi Henri III. Profitant de la lenteur à agir de ce dernier, Blanche de Castille pénètre en Bretagne avec une petite armée pour mettre à la raison Pierre Mauclerc. Celui-ci doit renoncer à son alliance avec l’Angleterre et donner sa fille en mariage à un fils de Blanche. La reine va ensuite aider Thibaud de Champagne qui a maille à partir avec ses barons. Elle réussit à venir à bout de la révolte notamment en accordant des indemnités à droite et à gauche, ce qui lèse le trésor royal mais évite les batailles.

IV. La « co-royauté » entre Blanche de Castille et Louis IX.

En 1234 Louis IX a 20 ans et il est temps de le marier. Sa mère le marie à Marguerite de Provence, âgée de 13 ans, fille du comte de Provence Raymond Bérenger V, ce qui renforce la présence des Capétiens dans le sud, dans la région de Marseille. Blanche de Castille et sa belle-fille ne s’entendront pas car l’une et l’autre sont autoritaires. Le pouvoir royal subit un revers diplomatique quand la sœur de Marguerite, Aliénor, se marie avec le fils du roi Henri III ce qui étend l’influence de l’Angleterre sur la Savoie, non loin de la Provence. Se crée un équilibre entre les deux pays dans la région.

Louis IX devient de plus en plus indépendant et tend à vouloir se libérer de l’influence de sa mère. En fait, jusqu’en 1244, va s’établir une manière de « co-royauté » entre Blanche et Louis et l’influence de la première va rester prépondérante.
Les années 1230 voient éclater une nouvelle révolte des barons. Pierre Mauclerc, duc de Bretagne allié d’Henri III, s’allie avec Thibaud de Champagne, lequel a épousé sa fille pour mieux s’affranchir du pouvoir royal. Le comte de Lusignan, d’autres féodaux, se joignent à eux (Philippe Hurepel est mort). Blanche réagit immédiatement en envahissant la Bretagne, en obligeant Pierre à se soumettre (il a attendu en vain l’aide du roi d’Angleterre). Le duc de Bretagne doit abdiquer en faveur de son fils Jean le roux qui sera toujours fidèle aux Capétiens. Pendant ce temps, Louis ravage la Champagne, ce qui contraint Thibaud à venir pleurer auprès de Blanche pour qu’il s’arrête. Finalement, Pierre Mauclerc et Thibaud IV partent en croisade et la révolte est matée. C’est une croisade préventive, car Jérusalem appartient aux chrétiens depuis le traité conclu par l’empereur Frédéric II avec le sultan. Mais la ville sainte doit être rétrocédé en 1239 et il faut l’empêcher. La régente se soucie comme d’une guigne de cette croisade, mais elle est ravie car la plupart des barons y participe et cela fait autant de trublions en moins dans le royaume ; qui sait même, certains n’en reviendront pas…
En 1237, Blanche de Castille a définitivement triomphé des barons.

Elle va en profiter pour jouer les marieuses. Elle marie ses fils à droite et à gauche, comme autrefois Philippe Auguste, pour renforcer la présence du roi dans le royaume, aussi renforcer la position internationale de la France. Elle marie dans les fiefs français, aussi en Espagne, avec ses nièces de Castille.

Elle s’occupe aussi du comté de Toulouse qu’elle considère comme sa « chasse gardée ». Elle y a ses propres espions qui la renseignent sur tout ce qui s’y passe. Elle considère son comte, Raymond VII, comme son protégé. Elle favorise la chasse aux hérétiques mais est indulgente avec le comte quand celui-ci s’abstient de partir en croisade. En effet, s’il est absent, le comté sera livré à l’anarchie ce qui est préjudiciable au royaume puisqu’il doit plus tard revenir à la fille de Raymond VII mariée au fils de Blanche Alphonse de Poitiers. Sur ce point, elle est plus pragmatique que Louis IX qui ménage beaucoup moins le comte de Toulouse.
En 1242, elle doit faire face à une révolte du Poitou. En effet, Isabelle d’Angoulême, mariée au comte Hugues de Lusignan, veuve de Jean sans terre et mère d’Henri III, se sent très humiliée d’être la vassale d’un vassal, en l’occurrence Alphonse de Poitiers, frère et vassal de Louis IX. Aussi, elle et son mari entre-t-ils en rébellion contre le pouvoir royal en espérant l’appui du roi d’Angleterre. Ils sont finalement vaincus et amenés à résipiscence devant Blanche et son fils.

Blanche est aussi sollicité par le pape, en 1243, qui veut entreprendre une croisade contre l’empereur Frédéric II avec qui il est en conflit. Mais elle et son fils choisissent de rester neutre et ne veulent en aucun cas se mettre à dos l’empereur.
Blanche de Castille s’entend très mal avec sa belle-fille marguerite de Provence. Outre les rapports belle-mère-belle-fille, la reine mère voit surtout en elle un agent de l’Angleterre puisque sa sœur est l’épouse d’Henri III.

V. Blanche de Castille pendant la croisade de Louis.

Jusqu’en 1244, elle gouverne le royaume en bonne entente avec son fils. Les choses changent ensuite, car Louis IX veut faire la croisade pour récupérer Jérusalem. Blanche de Castille y est opposée car elle estime que c’est une aventure dangereuse et que le roi serait bien plus utile dans son royaume. Mais son fils ne veut rien savoir. Il est possible qu’il en ait marre de cette mère étouffante et qu’il ne veut partir en croisade que pour prendre le large, couper le cordon. Dès 1245, il prépare méticuleusement son entreprise, sur les plans politique, économique, religieux, psychologique. Finalement, il part avec ses barons. Le seul point positif pour Blanche est qu’il emmène avec lui son épouse Marguerite qu’elle ne peut souffrir. Cela permettra au roi de continuer à procréer. Celui-ci fait confiance à sa mère et lui laisse toutes les clés du royaume ; après tout, elle a fait ses preuves depuis longtemps. La seule chose qu’elle ne pourra faire est tout ce qui touche aux ordonnances de réformation, pour cela il faut le roi. En 1248, Louis IX quitte son royaume. Lui et sa mère ne se reverront plus.

Au début, elle est aidée pour gouverner par son fils Alphonse de Poitiers. Elle surveille Henri III dont elle craint qu’il profite de l’absence du roi pour tenter quelque chose. En fait, il ne fait que gesticuler (il n’est pas Philippe Auguste) et Blanche demande au pape de l’excommunier s’il s’attaque au royaume.

Le principal problème auquel elle aura à s’occuper pendant l’absence du roi est celui du Midi toulousain. Son protégé Raymond VII finit en effet par mourir. Par conséquent son fief est remis à sa fille Jeanne et à son mari Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX. Malheureusement, celui-ci vient juste de partir en croisade rejoindre son frère. C’est donc un de ses conseillers, Philippe, qui se charge d’organiser cette passation des pouvoirs.

Las, la croisade tourne mal ! En 1250, Louis IX est en effet vaincue à la bataille de La Mansourah, en Egypte et est fait prisonnier, un désastre pour le royaume. Heureusement, sa femme Marguerite de Provence, restée à Damiette où elle vient d’accoucher, réunit en un temps record l’argent de la rançon et le fait libérer. Mais Blanche est abattue. Elle n’avait que trop raison quand elle s’opposait à ce projet et maintenant il lui faut lever une nouvelle armée à envoyer à son fils car celui-ci ne se presse pas de rentrer.
C’est dans ce contexte qu’éclate, en 1251, la révolte des pastoureaux. Il s’agit d’un mouvement populaire mystique, d’une révolte des pauvres auxquels se joignent rapidement des gens sans aveux contre la misère du temps et les pouvoirs en place. Ils sont commandés par un certain Jacques, un illuminé appelé le « maître de Hongrie ». L’échec de la croisade, source d’énervement des esprits, explique le mouvement. A partir du nord, celui-ci se répand dans tout le royaume et partout, sous prétexte de religion, on pille, on vole, on viole. Blanche a alors 63 ans, est affaiblie par des années de gouvernement et a du mal à prendre la mesure de ces troubles. Aussi, reçoit-elle très bien le maître de Hongrie quand il arrive dans la région parisienne avec ses troupes. Très encline à favoriser les mouvements religieux, elle lui est d’abord favorable, surtout quand il lui propose de recruter un grand nombre d’hommes pour aller aider son fils en Orient. Mais vite, elle réalise la nature réelle du mouvement, tout violence et pillage, et le laisse-t-elle tomber. Les révoltés finiront par se faire massacrer. Pour Blanche, c’est une « erreur de vieillesse ».
Finalement, Blanche de Castille meurt en novembre 1252. Quand ils l’apprennent, la plupart des Français sont attristés car elle avait bien tenu en main le royaume pendant dix ans. Louis IX apprend la nouvelle six mois plus tard, le temps que celle-ci arrive en Orient. Il est effondré, lui et tout son entourage, excepté Marguerite de Provence bien sûr. Malgré tout, il continue à s’attarder en Orient. Il serait temps qu’il revienne pourtant, car il y a une vacance du pouvoir qui risque d’être très préjudiciable au royaume. Ses deux frères, Alphonse de Poitiers et Charles, devraient en principe s’en occuper mais ils sont très pris par le gouvernement de leur apanage. Alors, un conseil prend les principales décisions mais cela reste aléatoire. Or, de graves dangers existent, notamment celui d’Henri III qui risque de profiter de la situation en attaquant le royaume. Finalement, Louis IX finit par rentrer en juillet 1254.

A partir de là, le futur Saint Louis va s’enfoncer dans la bigoterie, aussi le fanatisme religieux, lequel le conduira à aller mourir à Tunis. En comparaison, sa mère Blanche de Castille était simplement dévote, non bigote.


Didier Lafargue

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 9:17 
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Merci pour ce travail.

J'ai noté un épisode intéressant en particulier : le jeune dauphin protégé des nobles par les milices parisiennes.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 10:15 
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Grégoire de Tours
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A partir de là, le futur Saint Louis va s’enfoncer dans la bigoterie, aussi le fanatisme religieux, lequel le conduira à aller mourir à Tunis. En comparaison, sa mère Blanche de Castille était simplement dévote, non bigote.
Intéressant mais je me demande si l'épilogue n'est pas un peu trop tranché.

Bigoterie peut être mais dans le contexte de l'époque ce n'était pas forcément un défaut. L’acquisition de reliques prestigieuses n'a elle pas contribué à la renommée de la monarchie capétienne?

J'avais l'image d'un roi effectivement implacable contre le blasphème et à l'attitude pas toujours tendre envers les juifs mais là encore l'époque joue ... et puis c'est aussi sa mère qui lui a donné une éducation extrêmement dévote, ce n'est pas toujours facile de contrôler à 100% les résultats d'une éducation sévère sur un jeune garçon. 0)

Après ses mésaventures en Egypte et après avoir vu de ses propres yeux l'orient le roi ne s'est il pas un peu assagi? Sa politique concernant le judaïsme semble plus ambivalente qu'il n'y paraît...

Je ne suis pas très connaisseur je cherche surtout à mieux m'informer. :wink:


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 11:10 
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La coclusion m'a choqué aussi, la bigoterie ne correspond pas à la dévotion du roi.

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 13:20 
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Marc Bloch
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Je me demande si il n y a pas un problème de vocabulaire.

Bigot relève du registre polémique voire injurieux mais n a pas de sens scientifique.


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 16:32 
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Jean Froissart
Jean Froissart

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.
Le rapport à la religion n'a rien de "scientifique".

Il n'est pas contestable que -même pour cette époque- Louis IX ait eu un rapport à la religion qui peut interpeller tout comme des actes inhérents à ce rapport pour le moins assez unique. Il suffit de faire le tour des souverains du moment et même chez les plus "religieux", le rapport à la religion reste dans des borne "du moment", un juste équilibre.
Je ne parle pas des reliques, c'était dans l'air du temps mais de décisions prises dans des moments un peu exaltés -lorsque ce n'était pas des envies de se retirer du monde et autres- alternant avec des arrêts pris dont on peut s'interroger sur les -véritables (?)- raisons qui ont initié ces actes.
Il y a -pour l'époque- une alternance de sagesse et d'impulsivité assez étrange chez cet homme, conscient de ses devoirs et droits de souverain.
On retrouve un peu le même parcours -en moins paroxystique sur certains sujets et plus insensé sur d'autres- chez Louis VII.
.

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"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 17:42 
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Ce n'est pas un cas isolé. Je cherche vainement le nom de ce roi qui ne consomma pas son mariage par souci de religion, mais je n'arrive pas à le retrouver, Bohême peut être.

_________________
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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 18:17 
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Marc Bloch
Marc Bloch

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Que dit Littré?



.− Adj., péj. Dont la dévotion étroite se fourvoie dans des manifestations formelles et/ou superstitieuses. Un moine bigot, une éducation bigote :
1. ... on me feroit connoître comme un chrétien bigot, un esprit superstitieux, un ennemi de la raison et des lumières. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,préf., 1797, p. XXXI.
2. Elle n'était point du tout pieuse alors et se gaussait des curés, voire d'autre chose, avec une liberté extrême. À la Restauration, elle devint dévote (...). C'était en somme, une excellente femme, sans préjugés au temps où je l'ai connue, et je ne pense pas qu'elle soit jamais devenue bigote et intolérante. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 311.



Cere définition ne s applique absolument pas à Louis IX. En particulier si on suit la biographie de Le Goff.


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 08 Mars 2020 20:02 
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Jean Froissart
Jean Froissart

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Jean-Marc Labat a écrit :
Ce n'est pas un cas isolé. Je cherche vainement le nom de ce roi qui ne consomma pas son mariage par souci de religion, mais je n'arrive pas à le retrouver, Bohême peut être.

Ceci me dit quelque chose, je vais rechercher.
Notez qu'au XIXème, il fallut un petit mot de Pie VII à Marie-Ferdinande de Saxe afin qu'elle accepte de consommer son union avec Ferdinand VII d'Espagne. Cette union de chair lui semblait un état de péché. ;)

Citer :
1. ... on me feroit connoître comme un chrétien bigot, un esprit superstitieux, un ennemi de la raison et des lumières

Alors disons que Louis IX fit des choses déraisonnables (ennemies de la raison) initiées par son approche un tantinet étonnante de la religion.
Mais là encore raison et religion...
A contrario, superstition et religion font parfois très bon ménage.
.

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 14:14 
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Marc Bloch
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Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Le XIIIe siècle fut celui de Saint Thomas d Aquin, du rayonnement international de l'université de Paris, et saint Louis était très proche des Dominicains et Franciscains qui étaient les plus grands intellectuels d l'époque, et en particulier d'actifs commentateurs d'Aristote : nul fanatisme ici !

Quant à aller donner à manger aux lépreux, c'est plus une forme extrême de charité que du fanatisme.


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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 15:29 
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Là, ce n'est plus une discussion argumentée, mais c'est opinion contre opinion... Si aucun des 2 n'a mieux à nous proposer, merci de vous abstenir !

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 17:00 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
Le voeu de la 7ème croisade fut pris suite à une fièvre. Le voeu de Louis IX fut en remerciement d'une guérison. L'entourage fut tellement étonné qu'il lui fut demandé d'attendre et de renouveler car manifestement il apparaissait que cette décision était celle d'un homme pas tout à fait remis.
Ce qui est exprimé par Le Goff...

Pour la dernière croisade, même Joinville est resté très dubitatif quand à cette décision et on ne peut accuser Joinville de manque d'objectivité face à son souverain.
Là encore, il suffit de lire Le Goff...
A défaut de Le Goff voir Wiki.
.

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 17:45 
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Encore un petit effort, car tout le monde ne va pas lire l’œuvre complète de Le Goff pour trouver ces indices....

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 18:37 
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Le Saint Louis de Le Goff est un gros bouquin, mais passionnant.

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 Sujet du message : Re: Blanche de Castille
Message Publié : 09 Mars 2020 18:48 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Jean-Marc Labat a écrit :
Le Saint Louis de Le Goff est un gros bouquin, mais passionnant.


Merci

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